Née le 3 juin 1906 dans le Missouri aux États-Unis, elle est d’origine afro-américaine et amérindienne. C’est dès l’adolescence qu’elle s’initie à la danse et rejoint le trio d’artistes de rue, le Jones Family Band. Mariée très jeune, elle gagne sa vie en dansant avant de quitter son second mari pour partir à New York tenter sa chance à Broadway en 1921, avant d’atterrir à Paris en 1925, dans un spectacle exotique de jazz présenté au Music-hall des Champs-Élysées d’octobre à novembre de cette année-là : la Revue Nègre.
Âgée de 18 ans à peine, Joséphine Baker figure en vedette de l’affiche réalisée par Paul Colin, artiste majeur de l’Art Déco. Sur scène, elle est accompagnée d’une troupe de 13 danseurs et 12 musiciens africains-américains (dont Sidney Bechet) venus de New York pour l’occasion. Ce spectacle entièrement exécuté par des artistes noirs voit le jour dans le Paris des Années Folles, alors que la capitale vibre au son de ces nouveaux rythmes venus d’Amérique, et que les avant-gardes s’enthousiasment pour « l’Art Nègre » (titre d’une exposition du musée des arts décoratifs la même année).
Recrutée à New York comme danseuse dans la version américaine de la Revue, Joséphine Baker ne se doute pas qu’elle y jouera un rôle capital. C’est le forfait de la vedette principale, qui a refusé d’accompagner le spectacle en France, qui la placera sur le devant de la scène, et le désir des promoteurs parisiens d’exploiter son expressivité explosive qui la conduira à interpréter le sulfureux tableau final qui déchaînera le scandale à Paris.
Le succès de la Revue Nègre lui permet alors de se lancer dans la chanson et le cinéma. Si ses films sont pour la plupart des œuvres mineures, plusieurs de ses chansons deviennent des succès internationaux, comme « J’ai deux amours ».
Devenue française après son mariage en 1937, sa carrière et sa vie prendront un autre tour durant l’Occupation. Approchée par un officier proche du Général de Gaulle, elle devient une espionne, passant messages et microfilms à travers l’Europe et le Bassin Méditerranéen, depuis la Maroc où elle s’installe à partir de 1941. Au lendemain de la guerre, elle recevra la médaille de la Résistance.
Femme engagée pour la liberté et contre le racisme, elle est aussi une mère attentionnée pour les 12 enfants venus du monde entier qu’elle adoptera après-guerre avec son mari Jo Bouillon. Elle meurt le 12/04/1975, alors que, à 68 ans, elle venait de faire son retour sur scène à Paris, à Bobino, devant le Tout-Paris.
Elle entre au Panthéon le 30/09/2021, jour anniversaire de sa naturalisation française.
IN MEMORIAM – Joséphine BAKER, résistante (décédée le 12 avril 1975)

M&O 287 de juin 2025
