À Bir Hakeim, les Français libres retiennent pendant deux semaines les Italiens et les Allemands. La moitié d’entre eux appartiennent à la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, déja victorieuse à Narvik.
20 mai 1942, désert de Libye. Cette fois-ci, Rommel est décidé. Il ira jusqu’à Alexandrie. Il a complété ses effectifs, il a reçu de nouveaux blindés. Il y a maintenant trois mois qu’il s’est arrêté devant la ligne de défense de Gazala, série de points d’appui reliés entre eux par des champs de mines hâtivement établis par les Britanniques à la fin de l’hiver. Pour le commandant de l’Afrikakorps, cette halte a permis de reposer ses hommes et de les préparer au bond décisif. Il est optimiste. Les Italiens aussi. À Rome, le Duce a choisi le cheval blanc avec lequel il se propose d’entrer au Caire, à la tête de ses troupes, ceint de l’« épée des Croyants ». Lorsqu’au mois de décembre 1941 Rommel a été obligé d’évacuer Benghazi, sur la côte ouest de la Cyrénaïque, ses soldats ont inscrit sur les murs de la ville : « A bientôt, dans trois mois ! » Ils y sont revenus 35 jours après.
Rommel l’a voulu ainsi. Son ambition, bien au-delà de l’Égypte, c’est la Palestine et, pourquoi pas ? la mer Noire et le Caucase, où il pourra tendre la main aux troupes allemandes de Russie. Pour les Britanniques, plus réalistes, l’enjeu est capital : les troupes italo-allemandes ne doivent pas entrer en Égypte, c’en serait fait de leur suprématie en Méditerranée, et cela scellerait probablement le sort de la guerre.
Pour des raisons impératives de ravitaillement, pas plus les Britanniques que les troupes de l’Axe ne peuvent s’éloigner de la côte que suit l’unique route menant de Tunis au Caire. Les chars, en revanche, ont le désert pour terrain de manœuvre. Seule limite à leurs évolutions, le « point de non-retour ». Il faut toujours conserver assez d’essence pour rentrer ou poursuivre.
En vue de son offensive, Rommel a, comme à son habitude, choisi de contourner la ligne de défense de Gazala par le sud — le désert —, tandis qu’une petite partie de ses troupes « fera du volume » dans nord pour monopoliser l’attention des Britanniques. Or, la pointe sud du dispositif est tenue, depuis le mois de janvier 1942, par des nouveaux venus sur le théâtre des opérations d’Afrique : les Français de la 1re brigade libre, aux ordres du général Kœnig. Leur point d’appui se nomme Bir Hakeim. Lorsque les premiers chars de Rommel se sont mis en route, ce 20 mai, Kœnig a reçu dans son PC le message suivant : « Offensive allemande imminente. Multipliez patrouilles et aménagez champs de mines. »
Dans les unités françaises stationnées à Bir Hakeim, ce fut un soupir de soulagement : enfin « ils » attaquent ! Bientôt viendra le moment, que tous attendent, de participer à nouveau, les armes à la main, à cette guerre trop tôt interrompue.
Le grand rallye
Pour les légionnaires de la 13e demi-brigade de la Légion qui composent la moitié de l’effectif de la garnison, seule troupe entièrement européenne, cette attaque constitue une justification du choix qu’ils ont fait 18 mois plus tôt, à Londres, au retour de l’expédition victorieuse de Norvège, en se rangeant spontanément derrière leurs capitaines sous la bannière des « dissidents » qui, refusant la défaite, avaient suivi un général inconnu nommé de Gaulle.
De son passage dans les pays nordiques, la demi-brigade n’a conservé que son béret de laine kaki. Pour le reste, elle s’est adaptée à la mode anglaise : short et chemisette, brodequins et guêtres courtes. Sans oublier le képi blanc, porté aussi bien au combat qu’à la parade.
Depuis Narvik, au mois de mai 1940 — deux ans déjà ! ― la 13e demi-brigade n’a pas perdu de temps. Son épopée ressemble à un rallye. En juin 1940, elle est à Plancoët pour y organiser un « réduit breton » que personne ne songe à défendre. Le 23 juin, elle réussit de justesse à s’embarquer pour l’Angleterre, où elle apprend l’appel lancé par le général de Gaulle. Elle y répond en partie : tandis que son 1er bataillon regagne le Maroc, le 2e, aux ordres de son chef, Magrin-Vernerey, choisit la « dissidence » et le combat. Ses officiers s’appellent Koenig, Amilakvari, Brunet de Sairigné, Arnault, Morel. D’autres rejoindront spontanément depuis la France ou l’Afrique : Messmer, Dewey, Simon, devenu général et grand chancelier de l’ordre de la Libération.
En septembre, la 13e est devant Dakar. Elle y essuie le feu des canons de la flotte, fidèle à Vichy. Quelques semaines plus tard, elle participe au ralliement du Gabon et du Cameroun, avant de contourner l’Afrique par le sud et de reprendre le combat, en mars 1941, contre les Italiens d’Érythrée.
C’est là que les légionnaires de Magrin-Vernerey (devenu Monclar) étonnent les Anglais. Ils bousculent les troupes de l’amiral Bonetti à Keren, le 28 mars ; ils les contraignent à la reddition le 7 avril, à Massaoua. Bilan : 14 000 prisonniers. En juin, après avoir évité de justesse un affrontement fratricide avec leurs camarades du 6e étranger de l’armée Dentz, basée en Syrie et demeurée fidèle à Pétain, les légionnaires de la 13e demi-brigade ont été affectés à la VIIIe armée britannique. Depuis l’été dernier, ils s’instruisent, s’équipent, se préparent à la guerre du désert.
Seuls deux des trois bataillons qui constituent la 13e sont présents à Bir Hakeim : le 2e (capitaine Babonneau) et le 3e (capitaine Puchois). Le 1er (commandant de Bollardière) n’en finit pas de percevoir ses matériels.
La fin d’une longue attente
Depuis le 20 mai, Rommel fonce vers Tobrouk. Tandis que son bras droit, le général Crüwell, « bat l’estrade » devant la ligne de Gazala, les blindés de la 21e et de la 15e Panzer filent plein sud, afin de contourner l’obstacle et de prendre les défenses britanniques à revers.
Sur la gauche de son dispositif, le chef de l’Afrikakorps a placé les deux divisions italiennes, la Trieste et l’Ariete, qui sont chargées de nettoyer au passage les résistances rencontrées. Les Français de Bir Hakeim sont en alerte. Ils attendent le choc pour le 22 mai. Mais rien ne se passe. Le 23 mai, nouvelle alerte. En vain, les Italiens s’étant ensablés.
Le 24 mai, les légionnaires s’inquiètent. Toute la nuit, ils ont entendu, vers le sud, les ronflements des moteurs des blindés et aperçu les lueurs des phares. Vont-ils être les oubliés de la bataille qui se prépare ? Le 25 mai, Kœnig envoie une reconnaissance légère autour du point d’appui, vers le sud, et également hors des limites minées, vers le nord. Au soir, le lieutenant de Lamaze, du 2e bataillon, rend compte :
— Rien à signaler.
Le lendemain, le silence est retombé. Bir Hakeim n’a jamais mieux mérité son nom de « désert dans le désert ». Pour sa part, Rommel remonte vers le nord. Apprenant que Bir Hakeim n’a même pas été attaqué, il ordonne :
— Nettoyez ce nid de guêpes pour demain !
La division blindée Ariete a été désignée pour cette opération qui, dans l’esprit du patron du l’Afrikakorps, n’est qu’une formalité. À la nuit, les Italiens s’ébranlent vers le nord. Leur avant-garde surprend la patrouille de reconnaissance du lieutenant de Lamaze et la met en fuite, croyant avoir remporté une grande victoire. En réalité, de Lamaze n’a fait qu’exécuter les ordres. Que pouvaient ses deux camions et ses trois Bren carriers, ces caissons sur chenilles armés d’un fusil-mitrailleur, contre les 47 des chars M13 ennemis ? Il est rentré, il a rendu compte. À 02 h 00 du matin, toute la garnison est en alerte. Les légionnaires sont parfaitement enterrés et, de loin, rien ne signale leur présence, hormis quelques réseaux de barbelés truffés de mines. À l’avant, les petits canons antichars, servis par les hommes de la CA du capitaine Simon. Le jour n’en finit pas de se lever, un soleil pâle, noyé de poussière. À l’horizon, seul le ferraillement des chenilles annonce l’ennemi proche :
― Alerte au sud !
Le lieutenant Bolifraud, de la 7e compagnie, a crié. Il a enfin aperçu les blindés de l’Ariete qui défilent, majestueux, à quelques kilomètres de là. Soudain, obéissant aux ordres, les chars effectuent un quart de tour à gauche et se déploient, en ordre de bataille, fonçant vers Bir Hakeim. Immédiatement, la ligne de défense se fige, chaque homme le doigt sur la détente. Un à un, canons et mitrailleuses se pointent sur l’objectif qui approche :
— Feu !
Les canons tonnent, les mitrailleuses crachent. Là-bas, au bout de la trajectoire, un char sursaute sous l’impact et explose. Le cri de victoire est couvert par les détonations, le claquement des départs, le fracas des arrivées. En quelques minutes, 32 chars sont ainsi mis hors de combat. Quelques-uns arrivent à franchir les défenses, crèvent le front de la 5e compagnie du capitaine Morel, qui ferme un étroit goulet entre la 6e (capitaine Wagner) et la 7e (capitaine Arnault). Un temps, Morel se trouve en fâcheuse posture, mais les petits antichars du capitaine Simon, arrivés dans la nuit, sont là.
En pointe, la pièce du légionnaire Damman. Elle ouvre le feu à bout portant, tandis que les Espagnols du caporal Ilia s’élancent à l’assaut, des cocktails Molotov à la main :
— Comme à Barcelone ! crient-ils.
Un à un, 5 des 10 chars sont neutralisés. 4 autres le sont dans les minutes qui suivent. Le dernier finit par échouer dans le trou du PC de la 5e, qu’il a écrasée sous son poids. À son bord, le chef de cette première vague d’assaut, le colonel italien Prestissimone, grièvement blessé. Il est 10 h 00 du matin.
Tenir, coûte que coûte
Pendant cinq jours encore, Bir Hakeim vit à l’écart de la bataille qui se livre loin dans le nord-est, et qui restera dans l’histoire comme « la bataille des mille chars ». Rommel accroche les Anglais à Knightsbridge et les met en déroute, coupant leurs lignes de communication. Tous les jours, les patrouilles de la Légion, de Lamaze le 29 mai, Messmer le 30, effectuent sans trêve des reconnaissances dans le V qui prolonge Bir Hakeim au nord. Ils n’accrochent que quelques éléments ennemis qui ont réussi à s’infiltrer dans le marais de mines. Rien d’inquiétant à cela, les légionnaires les mettent en fuite.
Et puis, soudainement, le 2 juin, le capitaine de Sairigné, le patron de la compagnie lourde du 2e bataillon, tombe sur un fort détachement allemand, des Mark III escortant des éléments d’infanterie. « L’investissement se précise », rend compte de Sairigné par radio. Il a raison. Tandis qu’il livrait sa bataille du « chaudron », Rommel a appris que les Italiens n’avaient pas réussi à nettoyer le nid de Bir Hakeim. Il ne peut se permettre de laisser derrière lui une pareille menace pour ses lignes de communication, aussi a-t-il décidé de faire sauter ce verrou.
Tant pour Koenig, averti par les Anglais, que pour les légionnaires, qui, eux, sont au contact, le moment est proche où les Allemands vont sérieusement s’occuper d’eux. Bizarrement, l’attaque commence par un intermède incongru. Devant la 7e compagnie, une Fiat décapotable se présente, avec deux parlementaires chargés d’offrir à la garnison une reddition « honorable ». Poliment, mais fermement, le capitaine Arnault les fait éconduire. 24 heures plus tard, un Anglais, capturé le 1er juin, est délégué auprès de Koenig pour lui remettre l’ultimatum suivant, rédigé de la main même de Rommel : « Aux troupes de Bir Hakeim. Toute résistance ultérieure conduirait à une effusion de sang inutile. Elle vous vaudrait le même sort que celui des deux brigades anglaises de Gott el-Oualeb, anéanties avant-hier. Nous suspendrons le combat dès que vous hisserez le drapeau blanc et que vous viendrez à nous sans armes. »
Koenig ne répond pas ; cette note lui dicte seulement un ordre du jour fulgurant : « Nous devons nous attendre désormais à une attaque sérieuse par tous les moyens combinés, aviation, chars, artillerie, infanterie. Elle sera puissante. Je renouvelle les ordres et ma certitude que chacun fera son devoir sans faiblir, coupé ou non des autres. Notre mission est de tenir, coûte que coûte, jusqu’à ce que la victoire soit définitive. Et bonne chance à tous ! »
Le siège est commencé. Il va durer une longue semaine. Deux heures après le refus de l’ultimatum, l’artillerie allemande, amenée à pied d’œuvre, commence son travail de destruction. Du 3 au 5 juin, seuls interviennent des 88. À partir du 5, des 155 prennent le relais, puis des 210. Les avions s’en mêlent et, pour la seule journée du 5 juin, la 5e compagnie enregistre quatre missions de bombardement en moins de deux heures : 11 h 50 (18 Stuka) ; 12 h 15, (5 Savea) ; 12 h 50 (12 Ju 88) ; 13 h 30 (12 Stuka)… En huit jours, 1 300 missions seront inscrites au crédit de la seule Luftwaffe.
À la poussière des explosions s’ajoute maintenant le sable soulevé par le vent, aggravant la soif des hommes. Pendant quatre jours, alors qu’ils stoppent les tentatives d’infiltration par le nord, les légionnaires ne reçoivent qu’un litre et demi d’eau par homme, dont ils doivent reverser la moitié aux cuisines. À partir du 8 juin, cette ration tombera à un quart de litre, puis sera inexistante le 10, l’eau étant uniquement réservée aux malades. Pourtant, le moral reste bon.
Le 5 juin, un nouveau parlementaire allemand se présente devant le PC du capitaine Wagner. Il est éconduit fermement. Sans doute troublé, il effectue alors une fausse manœuvre et sa voiture saute sur une mine
— Tu n’as plus qu’à rentrer à pied, se moque Damman, qui parle allemand.
Au lever du jour, les fantassins du 104e Panzerregiment progressent par petits groupes dans le marais de mines, appuyés par leurs canons de 88. Une fois de plus, la CAB du capitaine Simon est à l’ouvrage. Elle appuie les fantassins de la compagnie Messmer, qui parviennent, non sans mal, à contrer la progression ennemie. Il fait une chaleur de four, la soif est terrible. Les légionnaires supportent tout : leurs adversaires, en face, subissent les mêmes souffrances.
Dans la nuit, Koenig apprend que toute résistance britannique a cessé autour de Gott el-Oualeb. Bir Hakeim n’a donc plus de raison d’exister, il décide néanmoins de se maintenir encore : Rommel ne peut poursuivre son avance foudroyante sans tenter de le réduire. Cela lui fera perdre un temps précieux.
« Le 17 juin, a écrit Rommel, l’infanterie repartit à l’attaque. En vain. Malgré sa vigueur, cet assaut se brisa encore sous le feu concentré de la défense… »
Les Italiens et les Allemands vont persister trois jours encore dans leur offensive. L’investissement de la position a été presque totalement réalisé, et les attaques se succèdent à peu près sur l’ensemble des faces du point d’appui. Rommel est venu en personne, encourageant les fantassins de la division Trieste, rameutée en renfort des Panzergrenadiers. L’objectif du 8 juin est une colline que les Français appellent l’Observatoire et qui domine l’ensemble du haut de ses 186 m. Mais on se bat aussi ailleurs, à la pointe nord-est, qui est contiguë au V du marais de mines, à la corne sud-est où se trouvent les compagnies Arnault, Wagner, Morel. C’est dans cette ambiance que Kœnig rédige son ordre du jour resté fameux : « Nous remplissons notre mission depuis quatorze jours et quatorze nuits. Je demande que ni les cadres ni la troupe ne se laissent aller à la fatigue. Plus les jours passent et plus ce sera dur : ceci n’est pas pour faire peur à la 1re brigade française libre. Que chacun bande ses énergies… »
Azimut 213
À l’aube du 10 juin, des estafettes transmettent un ordre nouveau : « Bir Hakeim sera abandonné cette nuit, 10 juin. »
La déroute britannique est confirmée, et la mission des Français est donc caduque. L’important, maintenant, est de se replier pour faire face, un peu plus loin, un peu plus tard, à l’ennemi. Toute la journée, cependant, le combat s’intensifie pour ne stopper qu’à la nuit. Chaque chef de détachement connaît l’azimut qui le guidera vers le point de regroupement, prévu dans le sud, où les attendront les Anglais : 213, 30°.
Au crépuscule, les sapeurs ont reçu mission de déminer un large couloir dans les défenses du sud-ouest, de façon à permettre le déboulé de toutes les troupes qui doivent s’éjecter de vive force et bousculer l’ennemi qui investit la position. Mais le temps leur a manqué et, à l’heure H, ils n’ont pu ouvrir qu’un maigre corridor, à peine de quoi laisser passer un véhicule à la fois. Il faut donc compter davantage sur la chance que sur l’effet de surprise.
Pour les rescapés, la « sortie de vive force » restera dans leur souvenir comme un gigantesque embouteillage à l’intérieur du périmètre : chaque unité attendant son tour, les véhicules s’écoulant, un par un, à la vitesse d’un homme au pas. À cette allure, le jour se lèvera sans que la position ait été totalement évacuée. Koenig prend alors la seule décision qui s’impose
— Invoquons la chance, et droit devant !
C’est la ruée. Les camions foncent, beaucoup sautent sur des mines, leurs passagers attrapent en voltige les camions suivants.
— Mon général, dit le colonel Amilakvari, le patron de la 13, à Kœnig, c’est à moi de forcer le passage. » Il s’élance ; au bout de 150 m, son véhicule saute. D’autres tentent l’aventure. La première à réussir est Susan Travers, qui pilote la voiture du général : « J’ai fermé les yeux, écrira-t-elle, et j’ai invoqué la Providence… »
Tout ce qui roule, chenille, se déplace d’une manière ou l’autre, jaillit de la brèche. À bord de son Bren carrier, le lieutenant Dewey, du 2e bataillon, se trouve nez à nez avec un canon antichar :
— Fonce ! ordonne-t-il à son chauffeur.
Le canon tire. Dewey est tué, mais son Bren carrier écrase la pièce avec ses servants.
Des isolés ont décidé de tenter l’aventure à pied. Parmi eux, les capitaines Babonneau (2e bataillon) et Puchois (3e bataillon). Ils seront faits prisonniers. D’autres, comme le lieutenant de Lamaze ou le lieutenant Bolifraud, seront tués.
À sept heures du matin, la garnison de Bir Hakeim se retrouve au point de regroupement. Beaucoup d’hommes manquent, huit cents à peu près, dont cent soixante légionnaires. Certains sont restés à leurs postes et se battront jusqu’à midi, le 11 juin.
Le sacrifice de ces hommes n’a pas été vain. La résistance de Bir Hakeim a permis aux Britanniques de gagner du temps. Dans quelques jours, ils parviendront à se rétablir quelque 300 km à l’est, sur ligne défense qui entrera dans l’histoire : elle se nomme El-Alamein.
et , plus de 40 000 obus de gros calibre ont été tirés par l’ennemi (du calibre 105 au 220 mm) et une grande quantité de bombes est larguée. Les Français, eux, ont tiré quelque 42 000 obus de 75 mm.
Bir Hakeim, les combattants du désert
Ralph Monclar (1892-1964)
Félix Broche, mort au combat le 9 juin 1942
Orphelin de mère, son père ayant été mobilisé en 1914 et gravement gazé, Félix Broche passe son enfance à Remoulins, dans le Gard. Appelé sous les drapeaux en 1926, il est incorporé au 22e régiment d’infanterie coloniale à Aix en Provence. Il suit les cours d’élève officier de réserve à Saint-Maixent-l’École où se trouve l’École Militaire d’Infanterie puis sert comme sous-lieutenant au 10e régiment de tirailleurs sénégalais à Tunis.
Il retourne à Saint-Maixent pour préparer les cours d’élève officier d’active, promu lieutenant le 15 mai 1929, affecté en Tunisie au 10e RTS puis au 1er RMM à Madagascar pendant trois ans. À l’issue de ces trois ans, il revient à Tunis en 1934 puis est nommé capitaine en septembre 1938 et affecté au commandement du détachement d’infanterie coloniale de Papeete. Ainsi, il arrive à Tahiti en juillet 1939.
La guerre éclate en septembre. L’année suivante, il apprend l’armistice et, ne pouvant s’y résoudre, il rallie avec enthousiasme la France Libre en même temps que les EFO. À la suite du ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre, Broche est nommé commandant supérieur des troupes dans le Pacifique par le général de Gaulle le et rejoint Nouméa. C’est de là que part le le corps expéditionnaire qu’il commande à destination du Moyen-Orient, qui deviendra le Bataillon du Pacifique.
Son ordonnance sera le frère de Walter Grand, William Grand, qui avait reçu le fanion du bataillon des mains de la reine Pomare le jour du départ et dans les bras duquel il agonisera, mortellement touché par un éclat d’obus lors de la bataille de Bir Hakeim le 9 juin 1942. Il sera enterré au cimetière de Tobrouk où il repose toujours.
Son fils, François, né en 1939 à Tunis, est aujourd’hui historien et journaliste spécialisé dans la France Libre et la Seconde Guerre Mondiale.
Dimitri Amilakvari, mort au combat le 24 octobre 1942
Susan Travers (1909-2003)
Léon Bouvier (1923-2005)