L’ouvrage que je publie ce 19 septembre, qui est aussi diffusé en anglais et en arabe, « Le blocus du Qatar : une offensive manquée, guerre de l’information, jeux d’influence, affrontement économique » analyse la situation complexe et explosive du Moyen-Orient à travers l’affrontement entre le Qatar et ses voisins du Golfe.
Sa rédaction répondait initialement à une question que, sans doute, beaucoup de Français se sont posé à un moment ou à un autre depuis plusieurs années : le Qatar et l’Arabie saoudite financent-ils le terrorisme islamiste qui sévit en France… depuis les années quatre-vingt-dix ? Quelle est la réalité de cette menace au demeurant wahhabite, sinon djihadiste, avec un « avant, « pendant » et « après » daech, al-qaïda, les attentats, la subversion aussi par le prosélytisme salafiste ou celui des frères musulmans en France ou au Moyen-Orient ?
L’opportunité donnée par ce conflit en mai 2017 entre États notamment wahhabites, le Qatar et l’Arabie saoudite, m’a incité à rédiger cette ouvrage pour tenter de répondre à cette question. Cependant le constat a été fait rapidement que cette analyse ne représentait qu’une partie de la complexité du Moyen-Orient et que ce conflit ne pouvait pas être dissocié des autres causes de tension régionales ou internes.
L’affrontement entre les pétromonarchies du Golfe reste peu évoqué en France. La communauté internationale a fait preuve aussi d’une grande prudence. Il est pourtant un cas d’étude géopolitique particulièrement intéressant, relativement circonscrit géographiquement. Il a notoirement débuté avec une cyberattaque et une attaque informationnelle le 23 mai 2017 sur l’agence de presse qatarie, 48 heures après la visite de Donald Trump à Riyad. A ce jour, ce conflit n’est pas résolu même si, à mon avis, le Qatar a pris l’avantage. Néanmoins, le Moyen-Orient est et reste une zone potentielle de guerre dont l’impact ne se limite pas uniquement à cette région.
Cependant, il est possible de mettre en exergue une stratégie hybride associant des modes d’action informationnels, économiques, financiers (désinformation, contrôle des médias nationaux, actions d’influence en pays étranger, contrôle des émissions satellites commerciales comme Arabsat pour attaquer le modèle économique de BeIN sports, entreprise qatarie, et ses retransmissions de la coupe du monde de football 2018 dans le Moyen-Orient, blocus économique …). Une approche de ces guerres d’influence qui ne limitent pas à la communication, a été abordée dans l’émission « Géopolitique : le débat, Les guerres d’influence, quel impact sur la géopolitique mondiale ? » ce dimanche 16 septembre 2018 sur RFI dans laquelle je suis intervenu avec Antoine Glaser et François-Bernard Huyghes
Cette stratégie du Quartet (Arabie saoudite, EAU, Bahreïn et Égypte) mise en œuvre pour mettre à genou le Qatar fait donc appel à la fois à des moyens classiques et sophistiqués. Elle conduit à une nécessaire réflexion dans le long terme sur la manipulation de l’information (Cf. Mon billet du 16 septembre 2018) et sur les stratégies actuelles et futures d’États qui, pour éviter des guerres coûteuses, s’attachent à construire un environnement informationnel et économique favorable à leur stratégie de puissance. Les exemples récents des « cyber-ingérences » russes, chinoises le prouvent mais n’écartent pas la nécessité de recourir en cas de besoin à des forces militaires en appui cette fois d’une stratégie d’influence et économique pour la rendre crédible, que ce soit par l’intervention ou la menace de cette intervention.
À travers ce cas concret de l’agression conduite contre le Qatar, cet ouvrage analyse les stratégies d’influence des différents acteurs à travers la complexité géopolitique du Moyen-Orient :
- place singulière de cette région engagée en permanence dans des conflits multiformes, directs et indirects,
- poids des hydrocarbures – gaz et pétrole – dans les relations internationales avec l’intrusion nouvelle des Etats-Unis comme exportateur mondial mais aussi impact de la politique étrangère de D. Trump,
- tensions entre les États arabes et l’Iran, entre sunnites et chiites, entre sunnites eux-mêmes takfiristes ou non takfiristes,
- apparition ou retour de puissances musulmanes ou pas (Turquie, Russie, Chine…),
- Israël et ses relations avec les États arabes de la région,
- question palestinienne,
- guerre au Yémen et rôle particulier des EAU en Afrique et dans l’océan indien,
- terrorisme et son financement supposé par le Qatar ou l’Arabie saoudite,
- et bien sûr position de la France.
Ces différentes thématiques peuvent être présentées sous la forme d’une conférence. Me contacter pour en discuter !