Entre 193 et 324, l’Empire, l’empereur et l’armée romaine ont traversé une période difficile couramment qualifiée de « crise du IIIe siècle ». Mais si cette dernière a fait l’objet de nombreux débats et controverses, le phénomène de la révolte militaire, pourtant omniprésent, est resté inexploré.
Or pendant cette période, l’empire romain n’a vraisemblablement jamais autant connu de révoltes militaires, ce qui signifie que jamais, sans doute, la construction politique impériale, reposant en grande partie sur un « pacte » implicite entre le prince et son armée, n’avait été à ce point contestée. Après avoir travaillé à la définition même de la notion de révolte et à la quantification réelle du phénomène, on s’attachera à l’étude des catalyseurs qui en ont favorisé l’apparition et des mécanismes qui sous-tendaient des enchaînements de faits pouvant rassembler d’importants effectifs et embraser des étendues géographiques considérables.
On s’efforcera ensuite d’esquisser une « géopolitique » de la révolte militaire pour tenter de mieux identifier les rebelles, les meneurs, les mots d’ordre ou les programmes politiques volontiers dénigrés ou caricaturés par les auteurs anciens. Il s’agira enfin de voir comment le phénomène de la révolte a conduit le pouvoir impérial à réformer l’armée et à se réformer lui-même.
Christian PANAGET