Les révélations du Washington Post sur le budget noir du renseignement US ont un double intérêt. D’une part ce que le journal confirme, de l’autre ce qu’il retient. La « position dominante » de la CIA est soulignée, en précisant que la croissance vertigineuse de ses dépenses a servi à « financer des prisons secrètes, un programme d’interrogation controversé, le déploiement de drones tueurs » etc. Le constat est sec : « l’agence s’est transformée d’un service d’espionnage qui peine à sortir de la guerre froide, en une force paramilitaire ». Avec un budget de 2,6 milliards de dollars dédié aux seules opérations secrètes. Les documents confirment également la sur-technologisation du renseignement américain : « la dépendance par rapport aux systèmes de surveillance high-tech s’est encore accentuée pour combler les lacunes du renseignement humain ».
Le journal admet avoir retenu des informations sur des « détails sensibles » ; et, sans surprise, parmi les cibles à surveiller, on n’y trouve aucune mention des alliés européens. Pour rappel, en 2009, le directeur du renseignement national US avait reconnu que ses services ont également pour mission de « comprendre la dynamique des problèmes de sécurité européenne y compris les actions de nos alliés et amis, de façon à bâtir une politique qui soutiendra les objectifs américains ». Par le biais, entre autres, de taupes : autrement dit, des « membres de gouvernement et d’influents leaders privés qui partagent les ambitions américaines pour l’avenir et qui veulent travailler ensemble pour le bien commun »*, alors que leurs pays, « amis traditionnels des Etats-Unis », « sont en désaccord avec certaines politiques américaines concernant des sujets et des pays spécifiques ».
* Note TB : Comme par exemple le programme « Young Leader » de la French American Foundation ?… (auquel à participer François Hollande ainsi que plusieurs autres membres de son gouvernement sur différentes années).
Hajnalka VINCZE