(plutôt que d’emprunter une carte aux autres, j’ai bricolé la mienne avec l’excellente appli https://www.map.army/)
Voici la situation en Donbass, où se concentre actuellement le gros de l’offensive Russe en Ukraine (ce qui ne veut pas dire qu’il ne se passe plus rien ailleurs, il y a eu quelques mouvements vers Kherzon).
Les Russes sont en train de ramener la 1re Armée Blindée (1re AB) depuis le nord. Elle est usée, elle a encaissé des pertes, mais conserve sans doute une peu de potentiel offensif. Elle doit renforcer les 6e et 20e Armées Combinées (une AC représente — en gros — une grosse division avec soutiens). Ce sont les “trois boiteux”.
En face, les Ukrainiens sont solidement installés dans le saillant de Sievierodonetsk (110 000 habitants) avec trois brigades, assez usées et fatiguées aussi. Les positions ukrainiennes en Donbass sont articulées sur des zones urbaines et industrielles pléthoriques, un réseau de routes assez dense et des zones boisées : le rêve de tout défenseur.
La percée russe à Izyum sur la rivière Donets est capitale. Mais pour l’heure, inexploitée. Les Russes s’y régénèrent, installent des ponts, et se préparent à attaquer. Plus probablement sur Sloviansk (100 000 habs, flèche en ligne pleine), moins probablement vers l’ouest (flèche en pointillés).
Le saillant est lui même sous la pression russe, depuis Roubijne au nord, et sur Popasna au sud. Les Russes attaquent le long des axes de communication, c’est assez net, cela en dit long sur le caractère boueux des sols. Du coup, c’est plus difficile.
Si Sloviansk tombe, Kramatorsk sera menacée, par où passent renforts et ravitaillements vers Sievierodonetsk (les lignes logistiques sont en pointillés, bleu pour les Ukrainiens, Rouge pour les Russes).
De l’autre côté, les séparatistes poussent, depuis Donetsk. Ils pourraient aider à prendre Kramatorsk à revers ou déboucher sur les arrières ukrainiens, mais à ce stade c’est quand même peu probable. Rien que Kostiantynivka constitue déjà un gros obstacle de plus de 70 000 habitants (même “vide de civils”, l’importance défensive d’une zone urbaine peut s’évaluer en nombre d’habitants, ce qui donne une idée des emprises bâties).
Tenir Sievierodonetsk permet d’augmenter les pertes russes. Si le saillant tombe, le territoire de la “république de Lugansk” sera conquis. Replier les trois brigades ukrainiennes devient plus difficile à chaque jour qui passe, sous le feu de l’artillerie et de l’aviation russe qui peuvent frapper ici avec une relative impunité. Mais attendre c’est accepter l’anéantissement…
A ce stade donc, la percée d’Izyum a toujours le potentiel de menacer la totalité des six brigades ukrainiennes de la région. Mais la perte de trois d’entre elles et du saillant le plus avancé serait déjà un coup dur pour Kyiv. Et samedi dimanche, on annonce deux jours de temps plutôt correct…
Ukraine 07 avril – Bataille en Donbass : trois boiteux font-ils un boxeur poids lourd ?
ARTICLES CONNEXES