L’armée russe parachève l’isolement de Kiev sur le plan énergétique tout en tentant toujours de sécuriser des axes ferroviaires (1). C’est long, d’autant que les Russes souffrent d’un problème chronique de ravitaillement. L’armée russe, qui manquait déjà de camions, en aurait perdu de 400 à 500, dont de nombreuses citernes. on ignore ce qui a pu être “réquisitionné” en Ukraine.
L’avancée russe est donc lente, “elle rampe en avant”, mais pour l’heure elle est aussi inexorable : l’armée ukrainienne est incapable de saisir l’opportunité d’une pause logistique russe pour lancer une grande contre-offensive, étant elle-même épuisée et en pénuries. Les Ukrainiens ont tout de même montré des velléités de lancer des “coups d’épingles”, des contre-attaques limitées à l’est de Kyiv (2) et à l’ouest de Kharkiv (3). Si certains se demandent “pourquoi ils usent ainsi leurs forces”, on peut répondre que c’est plutôt intelligent : au prix de pertes sans doute limitées à quelques dizaines de blindés, ils retardent l’encerclement de leurs cités, ce qui laisse ouverts des axes de fuite pour les civils et prolonge l’alimentation de pôle urbain en énergie et en ravitaillement. Cela force aussi les forces russes locales à se déployer en défensive, ce qui freine les opérations offensives. Et cela contraint les états-majors russes à garder des réserves mobiles.
À ce stade, “gagner du temps” est la meilleure stratégie des Ukrainiens (en fait, la seule disponible). Mais l’armée russe peut prendre “plus au large” (4), ce qui finit par isoler de larges poches ukrainiennes. Problème (déjà rencontré par les Allemands en Russie en 1942) : plus la poche est grande, moins elle est étanche et plus les encerclés arrivent à fuir. Le “taux de troupes par km²” de l’armée russe en Ukraine est ainsi environ 15 à 20 fois plus faible que celui de l’armée allemande en France en 1940.
Les Russes, pour leur part, “bouchent les trous” (5), (6), mais liquider les poches est à la fois indispensable (pour restaurer les axes de ravitaillement) et très long. D’autant plus long que les effectifs manquent.
Les signaux du Kremlin sont inquiétants : la Russie préparerait une loi martiale et un recours à la conscription. Cela veut dire que les conscrits, vite et mal entrainés, seraient envoyés pour “tenir” le pays et l’occuper, réservant les troupes professionnelles pour les zones de combat. Un bourbier tragique en perspective. La société russe, sous la botte de Poutine, l’acceptera-t-elle ?
Ukraine 08 mars matin : Avancer en rampant, donner des coups d’épingle, boucher les trous (avec des conscrits ?)
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