Il y 10 ans disparaissait le para-commando « Bylou » (31 mai 2014). Il avait écrit les paroles de la Valse du bataillon de choc.
Le Bataillon parachutiste de choc est créé en 1943 à Staouéli en Algérie pour être l’équivalent du SAS britannique et de l’unité parachutiste de Skorzeny. « Né des services spéciaux, destiné aux services spéciaux, le bataillon de choc n’a que rarement été utilisé selon sa vocation », écrivait Raymond Muelle qui a figuré dans ses effectifs.
Entraînés au saut en parachute, les hommes sont débarqués d’un sous-marin pour leur première opération, la libération de la Corse à la fin de l’été 1943. L’unité est commandée à sa création par le chef de bataillon Gambiez. Formée en Algérie et entraînée par les Américains, elle est suspectée de « giraudisme » par les gaullistes de Londres. Pour dépasser ces querelles de chapelle et ces considérations politiques, les commandos composent de nouveaux chants plus adaptés à leur état d’esprit que ceux du répertoire en service.
Il se souvient (témoignage de 2013 – TIM n°247) : « Nous étions 40 assis dans le poste arrière (du sous-marin Casabianca), avec peut-être un mètre carré par homme. Cela a duré 33 heures. Quand nous sommes arrivés dans la nuit, les Allemands avaient déjà quitté Ajaccio. Nous nous sommes allongés sur un tas de sable et avons dormi. Le matin, nous avons été réveillés tôt par un brouhaha. Une foule de 500 ou 600 habitants venait vers nous avec du café en nous remerciant et en nous applaudissant. Après, nous sommes partis à la poursuite de l’ennemi. (…) Je n’ai pas fait toute la campagne car j’ai sauté sur une mine avec ma moto. Après 40 jours, je me suis évadé de l’hôpital pour rejoindre le bataillon avant le débarquement sur l’île d’Elbe. J’y ai pris une rafale de mitrailleuse dans les jambes qui m’a massacré les os et m’a laissé sur des béquilles pendant des années. Je crois que je suis le seul caporal de l’armée française à être commandeur de la Légion d’honneur. »
Gabriel Redon, dit Bylou, écrit avec Vaucaire les paroles de la Valse du bataillon de choc sur une musique de Norbert Glanzberg. Leur chanson n’est pas sans rappeler la Valse bleu horizon des poilus de la Grande Guerre, pour la musique, car leurs paroles font plutôt dans l’humour, alors que celle des poilus faisait dans le sentimental. La valse des commandos est connue, mais a été rarement enregistrée et pratiquement pas chantée en dehors des amicales d’anciens. Son ton ironique et l’air de valse qui font l’originalité de cette chanson ont empêché sa diffusion dans le répertoire militaire, les soldats préférant la Marche du bataillon de choc (En pointe toujours) composée à la même époque pour la même unité.
Thierry BOUZARD
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Ci-dessous : Valse du bataillon de choc
Les chasseurs du Bataillon de choc,
Sont des p’tits gars un peu loufoques.
Quand on est parachutiste,
On devient je m’enfoutiste.
Il y a aussi les p’tits bateaux,
Qui nous ont donné le goût d’l’eau.
Mais pour ça n’allez pas croire,
Que l’on n’aime pas le pinard.
Bataillon, tu es mes amours,
J’ai juré de t’aimer toujours,
Et depuis qu’on attend le premier saut,
On devient d’plus en plus dingo.
Ça n’est pas encore cette semaine,
Ça sera pour la s’maine prochaine,
Mais pour nous enlever le goût du pépin,
On nous ballade en sous-marin.
Le close-combat, les explosifs,
Ça n’est pas très récréatif,
Mais si le boche fait l’mariole,
Il n’aura pas l’beau rôle.
On nous apprend, c’est épatant,
L’éjection de l’œil en deux temps,
Mais ce qui nous plaît pas,
C’est les pluches après les repas.
Bataillon, tu es mes amours,
J’ai juré de t’aimer toujours,
Mais les propriétaires de poulaillers,
Voudraient nous voir décaniller,
Car en attendant le départ,
Afin d’être prêts pour la bagarre,
A défaut de ch’mises noires ou de fridolins
On s’entraîne sur les lapins.
Il nous arrive de temps en temps,
Quelques petits désagréments.
Y’a l’histoire du Général
Qui a fait du scandale.
Mais à part ça, pour le boulot
Y’a pas à dire on est réglo
Et quand viendra le grand jour
On dira en pointe toujours
Bataillon tu es mes amours
J’te quit’rai quand même un beau jour
Mais j’espère qu’entre temps dans la bagarre
Tu seras couvert de gloire
Quand on parlera d’tes soldats
On dira qu’c’étaient des p’tits gars
Qui n’ont pas hésité à donner leur vie
Pour le salut de la patrie.