Pierre DUCREY, professeur honoraire de l’Université de Lausanne, vous invite au théâtre ; un théâtre de guerre (religieux, politique, sociologique, technique, stratégique, économique…) qui a façonné notre civilisation. L’archéologue-historien suisse lève le rideau sur plusieurs scènes qui sont autant de chapitres passionnants. L’ouvrage synthétise tout ce que vous souhaitez savoir sur « la guerre et les armées dans la Grèce ancienne ».
Le lecteur est projeté dans un univers où la guerre a façonné la société grecque où, par exemple, « la place et le rôle des femmes [qu’elles soient divines ou mortelles] peuvent s’avérer déterminants », que leur rôle « dans l’ensemble de la guerre antique (…) fût beaucoup plus important qu’on ne l’a dit jusqu’ici », notamment durant la Guerre du Péloponnèse et qu’elles « ont pu prendre une part active dans les affrontements proprement dits ».
Un exemple remarquable est l’action de résistance de Telesilla, poétesse issue de la noblesse, qui sauva sa ville natale Argos, aidée par d’autres argiennes, contre les attaquants Spartiates alors que de nombreux Argiens étaient tombés au combat contre eux.
Fêtes, sacrifices, cultes, rites guerriers émergent à notre connaissance à partir des sources d’écrivains comme Hérodote, Thucydide et Xénophon. Comme toute activité de l’Antiquité, la guerre se déroule « sous le regard des dieux » Zeus, Arès, Athéna Promachos qui protège les soldats, pour ne citer qu’eux. Nous apprenons que le péan, ce chant religieux qui accompagne chaque cérémonie, aidait également les Doriens « à marcher au pas et à garder les rangs », complété par le son de la trompette et le cri de guerre avant le moment fatidique de l’assaut. La céleustique est donc très ancienne.
L’auteur aborde différents aspects comme la conduite de la guerre (avec la protection des combattants et le combat des hoplites), les fortifications (leur rôle, fonction et efficacité), les peurs inhérentes aux esclaves et à l’esclavage, l’armement comme la technique de fabrication des projectiles et l’utilisation de la fronde, la géographie, le mercenariat qui prend de l’essor vers le IVè siècle quand « les citoyens répugnent à accomplir leur devoir de soldat et se font remplacer ».
Pas de guerre sans victoire et défaite, sans vainqueurs et…vaincus. L’auteur met en lumière les usages religieux et juridiques qui restreignent le droit des vainqueurs et régissent le sort des vaincus. Les Grecs « voyaient une différence entre ennemis ‘justes’ et ‘injustes’ ». La sévérité de traitement des vaincus surtout s’ils sont « Barbares », c’est-à-dire non-Grecs, donc « esclaves par nature » peut paraître cruelle aujourd’hui mais elle était la norme à cette époque et les conflits modernes nous montrent que cette considération n’a pas disparu, loin s’en faut.
Ces quelques lignes ne sont qu’un mince aperçu de la richesse contenue dans cet ouvrage érudit et d’une lecteur très aisée.
Polemica est un maître-ouvrage à lire et à relire pour s’imprégner de cette identité guerrière qui est un des fondements de notre civilisation.
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Sur l’auteur : Pierre Ducrey est professeur honoraire de l’Université de Lausanne, membre associé étranger de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France, ancien membre étranger de l’École française d’Athènes, ancien directeur de l’École suisse d’archéologie en Grèce, est l’auteur de deux ouvrages et de nombreux articles sur la sociologie de la guerre en Grèce ancienne.