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12 septembre -490 (date approximative) : bataille de Marathon (guerres médiques).
La bataille de Marathon est un épisode de la première guerre médique en -490, ayant opposé un débarquement perse aux hoplites athéniens et platéens qui remportèrent la victoire. Elle se déroule sur la plage de Marathon, sur la côte est de l’Attique, à proximité d’Athènes.
À la suite de la révolte de l’Ionie, Darius décide de châtier les cités grecques qui avaient apporté leur aide à ses sujets rebelles. Après avoir pris Naxos et Érétrie, l’expédition perse, sur les conseils d’Hippias qui espère reprendre le pouvoir à Athènes, débarque sur la plage de Marathon. Après cinq jours de face-à-face, la phalange athénienne et platéenne écrase l’infanterie perse qui prend la fuite et rembarque au prix de lourdes pertes. L’armée grecque se replie alors rapidement sur Athènes pour empêcher le débarquement de l’autre partie du corps expéditionnaire perse à Phalère.
Cette victoire met fin à la première guerre médique. Une nouvelle attaque a lieu dix ans plus tard sous la direction de Xerxès. La bataille de Marathon joue un rôle politique important avec l’affirmation de la puissance athénienne (le modèle démocratique athénien s’affirme dix ans plus tard après Salamine) et le début de grandes carrières pour les chefs militaires athéniens tels Miltiade ou Aristide.
Marathon reste une des batailles les plus connues de l’Antiquité, notamment grâce aux commémorations qu’elle a suscitées, telles que la course du marathon inventée à l’occasion des Jeux olympiques de 1896 à Athènes.
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Hérodote donne une date dans le calendrier luni-solaire dont chaque cité grecque utilisait une variante. Des calculs astronomiques permettent d’obtenir une date dans le calendrier julien proleptique. En 1855, August Böckh a déterminé la date du 12 septembre en -490, et c’est la date communément admise. Le 12 étant le jour du débarquement des troupes, l’affrontement en lui-même aurait donc eu lieu le 17 septembre. Selon un autre calcul, il est possible que le calendrier spartiate ait eu un mois d’avance sur le calendrier athénien, auquel cas il faudrait retenir la date du 12 août. Cependant, les Grecs ont choisi de faire commencer les célébrations du 2 500e anniversaire de la bataille dès le 1er août pour culminer en septembre.
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L’armée athénienne, sous le commandement de Miltiade le Jeune, le général athénien le plus expérimenté contre les Perses, est envoyée bloquer les sorties de la plaine de Marathon pour empêcher l’armée perse de s’avancer dans les terres. En parallèle, Phidippidès, un coureur messager, est envoyé demander des renforts à Sparte. Mais, la cité laconienne célèbre alors les Karneia qui impliquent une trêve militaire jusqu’à la pleine lune suivante. Les forces spartiates ne peuvent partir qu’après un délai de dix jours. Les Athéniens qui viennent de recevoir le renfort d’un petit contingent de Platées sont donc quasiment seuls.
Les deux armées se font face pendant cinq jours. L’attente joue en faveur d’Athènes car chaque jour qui passe rapproche l’arrivée des renforts spartiates.
Hérodote ne quantifie pas les forces grecques. Cornélius Népos, Pausanias et Plutarque donnent tous 9 000 Athéniens et 1 000 Platéens. Justin compte 10 000 Athéniens et 1 000 Platéens. Ces nombres, équivalents à ceux donnés pour la bataille de Platées, semblent donc probables. Ils sont généralement acceptés par les historiens contemporains. L’armement des Grecs est celui d’une infanterie lourde : les hoplites athéniens et leurs alliés platéens sont protégés par un casque, un bouclier, une cuirasse, des jambières et des brassards en airain. S’y ajoutent une épée, une longue lance et un bouclier de peau et de lames de métal. Enfin les hoplites combattent en rangs serrés (selon la formation de la phalange), leurs boucliers formant devant eux une muraille. Des esclaves athéniens furent libérés peu avant la bataille pour servir d’infanterie légère, de frondeurs et de lanceurs de javelots. Leur nombre et leur rôle durant la bataille n’est pas connu car les faits et gestes d’esclaves n’étaient pas jugés dignes d’être rapportés par les auteurs anciens.
Les troupes athéniennes sont dirigées par dix stratèges (un pour chaque tribu) sous l’autorité militaire et religieuse d’un polémarque, Callimaque. Chaque stratège commande l’armée pendant une journée, à tour de rôle. Cependant, il semblerait qu’à chaque fois, les stratèges aient confié le commandement à un seul d’entre eux, Miltiade. Il connaît la faiblesse de l’armée perse pour avoir combattu avec elle lors de la campagne de Darius contre les Scythes.
L’armée perse est commandée par les généraux Artapherne, un neveu de Darius, à la tête de l’armée de terre, et Datis, amiral de la flotte. Selon Hérodote, la flotte perse est composée de 600 trières, mais il se contente de dire que l’infanterie est nombreuse. Simonide de Céos évalue le corps expéditionnaire perse à 200 000 hommes. Pour Cornélius Népos, les Perses ont 200 000 fantassins dont 100 000 ont été envoyés avec la flotte attaquer Athènes en contournant le cap Sounion et 10 000 cavaliers. Plutarque, Pausanias et la Souda estiment tous la force perse à 300 000 hommes. Platon et Lysias vont jusqu’à 500 000 hommes tandis que Justin monte à 600 000 soldats perses. Les historiens modernes proposent une fourchette entre 20 000 et 100 000 hommes avec plus ou moins un consensus pour 25 000 fantassins et 1 000 cavaliers. Pour l’historien de la Perse Pierre Briant, leurs effectifs sont impossibles à quantifier mais l’armée de Datis était de toute façon « de faible ampleur ». Cette armée est composée de soldats d’origines différentes, ne parlant pas les mêmes langues et n’ayant pas l’habitude de combattre ensemble. De plus l’armement perse, avec des boucliers en osier et des piques courtes, rend les fantassins perses vulnérables dans les combats au corps à corps.
Les stratégies des armées grecque et perse ne sont pas connues avec certitude, les écrits des auteurs anciens étant parfois contradictoires, et plusieurs hypothèses sont possibles. Les mécanismes du déclenchement de la bataille découlant de ces différentes possibilités, ceux-ci ne sont également que des conjectures.
Les Athéniens n’ont pas attendu derrière les remparts de la cité, mais se sont rendus à la rencontre de l’ennemi. Ils sont rejoints sur place par leurs alliés platéens. Ils sont en position défavorable à Marathon : ils ont dû mobiliser tous les hoplites disponibles, et sont, malgré tout, en infériorité numérique (au moins à un contre deux).
De plus, ils ont dû dégarnir la défense de la cité. S’ils sont pris à revers, ils en sont coupés, tandis que toute attaque contre celle-ci ne rencontrerait aucune résistance. Toute défaite à Marathon signifierait aussi l’anéantissement total de l’armée athénienne. Les Athéniens doivent donc bloquer les Perses sur la plage de Marathon, en les empêchant d’en sortir et éviter d’être débordés sur les flancs. Ils ont réalisé le premier objectif. Ils n’ont donc pas besoin de déclencher la bataille trop tôt. Par ailleurs, les hoplites étant vulnérables face à la cavalerie, dont disposent les Perses, toute attaque est risquée. Le camp grec est protégé sur les flancs par un petit bois ou par un abattis de pieux (selon les traductions), réalisant ainsi le second objectif. Cette hypothèse semble donc contredire la version d’Hérodote, selon laquelle Miltiade aurait souhaité attaquer le plus tôt possible.
La stratégie des Perses reste elle aussi hypothétique. Selon E. Lévy, ils souhaitent vider la cité de ses défenseurs, les fixer à Marathon, en débarquant la moitié de leurs troupes et contourner les hoplites pour prendre Athènes par la mer, ses portes ouvertes par les hommes d’Hippias. C’est une des raisons pour lesquelles, bien qu’en supériorité numérique, les Perses n’auraient pas immédiatement attaqué. Une autre est qu’ils se méfient des hoplites, beaucoup plus puissants que leur infanterie légère. Une partie des troupes perses, y compris la cavalerie, pourrait donc avoir rembarqué, avec pour objectif Phalère, afin d’atteindre rapidement l’Acropole d’Athènes. Les troupes restantes auraient alors franchi le Charadra, le petit ruisseau qui traverse la plaine de Marathon avant de se perdre dans des marais littoraux, afin d’empêcher le retour des forces grecques vers la cité.
Avant la bataille, les armées sont séparées d’au moins huit stades, soit approximativement 1 500 mètres. Miltiade décide Callimaque le Polémarque à étendre la ligne des soldats grecs. Il dispose les troupes des deux tribus situées au centre du dispositif (les Léontides commandés par Thémistocle et les Antiochides commandés par Aristide) sur quatre rangs, tandis que les autres tribus sur les flancs restent sur huit rangs. En effet, la grande force des phalanges grecques est leur impact frontal, capable de disloquer les lignes de fantassins adverses ; en revanche, elles sont peu manœuvrantes, et très vulnérables sur les flancs : il est donc crucial pour les Grecs, qui sont en infériorité numérique, de ne pas se faire déborder en particulier par la cavalerie perse. Il est donc impératif, d’une part d’élargir le front, et d’autre part, que les phalanges latérales soient plus puissantes, pour faire reculer les ailes ennemies, et ainsi envelopper le centre perse, où se trouvent les meilleures troupes. Certains commentateurs ont même suggéré que le recul du centre grec était volontaire, pour faciliter cette manœuvre, mais Lazenby modère ces considérations, car ce serait supposer que les stratèges grecs antiques pensaient comme les stratèges contemporains, mais aussi que cela suppose un niveau d’entraînement, que n’avaient pas les hoplites.
Dans ces conditions, où chaque armée est sur la défensive, il est difficile de savoir ce qui déclenche la bataille. Dans toutes les hypothèses, un mouvement perse le cinquième jour, après le débarquement, aurait poussé les Grecs à passer à l’attaque.
D’après Hérodote, Miltiade veut attaquer les Perses le plus tôt possible. Cependant, alors que les autres stratèges lui donnent le commandement, chaque jour, il attend, malgré tout, le jour que le sort lui a désigné. Ce passage d’Hérodote pose problème : pourquoi attaquer avant l’arrivée des Spartiates ? Et pourquoi, dans ce cas, attendre ? Selon Lazenby, Hérodote pourrait avoir cru que Miltiade était impatient d’attaquer, et aurait imaginé le système du commandement tournant, dont on n’a pas de preuves réelles, pour justifier le délai entre l’arrivée des Athéniens, et le début de la bataille.
Hérodote est cependant très clair : ce sont les Grecs qui chargent l’armée perse. Il est probable qu’un changement dans l’équilibre des forces les ait poussés à passer à l’attaque. Ce changement peut avoir été le rembarquement de la cavalerie perse, qui fait disparaître leur principal désavantage, les phalanges grecques étant très vulnérables à une attaque de flanc par des unités de cavaleries, qui les obligerait à se disloquer, devenant ainsi vulnérables à une infanterie légère, moins coordonnée, mais très supérieure en nombre. Cette hypothèse s’appuie sur le fait qu’il n’y a aucune mention de cavalerie dans Hérodote, tandis que la Souda précise bien : « χωρίς ἰππεῖς » (« sans cavalerie »). Cette théorie est renforcée par l’hypothèse d’un rembarquement d’une partie de l’armée perse, dont la cavalerie part pour attaquer Athènes, tandis que le reste de l’infanterie fixe les hoplites à Marathon. Ce rembarquement est évoqué dans Hérodote, mais chronologiquement après la bataille. Si l’on considère qu’il aurait pu avoir lieu avant la bataille, alors, il pourrait l’avoir déclenchée.
Une autre hypothèse est que les Perses ont fini par prendre une position offensive (sur le plan stratégique), obligeant alors les Athéniens à quitter leur position défensive pour une position offensive (sur le plan tactique), et passer à l’attaque. En effet, les archers perses sont une menace pour une troupe statique sur la défensive. L’avantage des hoplites est la mêlée, qui prive les archers de la possibilité de tirer. Mais, dans ce cas, pourquoi les Perses passent-ils à l’attaque, après avoir attendu plusieurs jours ? Deux hypothèses sont avancées : une rumeur aurait annoncé l’arrivée imminente de renforts grecs ; ou simplement, ils se sont lassés du statu quo, et ont attaqué, pour éviter de rester indéfiniment sur la plage.
Lorsque la ligne grecque est en place, Miltiade donne un simple ordre : « À l’attaque ». D’après Hérodote, les Grecs courent toute la distance qui les sépare des Perses en hurlant leur cri de guerre : « Ελελευ ! Ελελευ ! ». C’est cependant douteux ; l’armure complète, au moins 20 kg, est bien trop lourde. Cette course est donc une marche rapide, en rangs serrés, qui s’accélère en une charge sur les derniers 100 mètres afin d’arriver à pleine vitesse sur l’ennemi. Cette tactique présente l’avantage de subir moins longtemps les flèches des archers perses, dont la limite de portée est estimée à 200 mètres. Hérodote suggère que c’est la première fois qu’une armée grecque court vers son adversaire. C’est peut-être parce que c’est la première fois qu’elle affronte un ennemi avec une telle puissance archère. Selon Hérodote, cela surprend les Perses pour qui cette charge des Grecs confine à la folie, car ils n’ont ni cavalerie ni archers. Les Perses sont aussi habitués à ce que leurs adversaires grecs aient peur d’eux et s’enfuient plutôt qu’ils ne s’avancent.
Les Grecs traversent sans encombre les volées de flèches perses, protégés par leurs armures, et percutent la ligne ennemie. Les Perses sont surpris, ils s’attendaient à ce que leurs adversaires soient des cibles faciles et donc facilement arrêtés dans leur progression. Le choc de la phalange des hoplites est dévastateur : les hoplites étant tous en contact via leurs lances et leurs épaules, il faut considérer la masse totale de la phalange et son énergie cinétique, car elle arrive à pleine vitesse. L’énergie cumulée par la phalange est telle, que l’impact renverse les fantassins adverses. Dans les combats entre Grecs, les boucliers s’entrechoquent et les lances rencontrent les armures de bronze. Là, les Perses n’ont ni véritable armure, ni véritable bouclier. Ils n’ont pratiquement que leur peau à opposer au « blindage » grec et ils n’ont pas grand chose qui puisse pénétrer le mur de boucliers.
Les flancs grecs dispersent facilement les troupes qui leur sont opposées, car elles sont constituées de troupes éparses, levées dans l’empire, ou d’Ioniens peu motivés, et donc plus faibles que le centre. Elles se débandent et remontent dans la panique à bord des navires. Le centre résiste mieux, car il est composé de troupes d’élite (les Immortels entre autres), voire enfonce à son tour le centre grec, qui n’est qu’une ligne mince d’hoplites, jusqu’à ce que les flancs grecs réussissent à l’envelopper. En effet, les troupes grecques disposées sur les ailes renoncent à poursuivre les troupes perses en déroute et se rabattent sur le centre de l’armée perse, en une parfaite manœuvre de tenaille. Là, le centre perse cède, et se replie en désordre vers les navires, poursuivi par les Grecs. Les Grecs les massacrent jusque dans l’eau. Dans la confusion, les Athéniens perdent plus d’hommes qu’au moment du choc entre les deux armées. Des soldats perses fuient vers les marais, où ils se noient.
Les Athéniens réussissent à capturer sept navires perses, tandis que les autres parviennent à s’enfuir. Hérodote raconte que Cynégire, frère d’Eschyle, aurait attrapé une trière perse et aurait essayé de la tirer sur la plage quand un membre d’équipage perse lui aurait coupé la main et l’aurait tué.
Après cette victoire, les Grecs doivent prévenir une seconde offensive perse, avec l’attaque des meilleurs éléments de l’armée, qui avaient rembarqué après la bataille selon Hérodote, avant celle-ci selon les historiens contemporains. Les Léontides et les Antiochides, les tribus placées au centre et qui ont le plus souffert, restent sur le champ de bataille, commandées par Aristide.
La flotte perse a besoin d’une dizaine d’heures pour doubler le cap Sounion et atteindre Phalère. Par une marche forcée de sept ou huit heures, avec une bataille dans les jambes, les hoplites grecs arrivent juste avant la flotte ennemie. Les Perses, voyant l’échec de la manœuvre, renoncent à débarquer. Ce succès marque la fin de la première guerre médique.
Quelques jours plus tard, les renforts spartiates (2 000 hoplites) arrivent et ne peuvent que constater la victoire des Athéniens et des Platéens, qui n’ont pas attendu les renforts péloponnésiens.
Hérodote estime que 6 400 corps perses ont été comptés sur le champ de bataille, et que le nombre de disparus dans les marais n’est pas connu. Sept navires ont de plus été capturés. Il donne un bilan de 192 morts athéniens et 11 Platéens.
Callimaque et le stratège Stésiléos font partie des morts grecs. Il semblerait que la tribu des Aiantides ait payé le plus lourd tribut. Datis est également tué, selon Ctésias, en fuite d’après Hérodote. Une telle différence n’a rien d’extraordinaire, même si le nombre des pertes perses est vraisemblablement exagéré : on constate fréquemment, dans les diverses batailles les opposant aux peuples d’Asie, que les Grecs de l’époque ont un tué pour vingt à trente morts dans les armées orientales.
Un honneur spécial est décerné aux morts de Marathon qui sont enterrés, là où ils sont tombés et non au cimetière du Céramique. Simonides compose le distique élégiaque, gravé sur la tombe.
Vers -485, Athènes fait ériger à Delphes un temple commémoratif, le Trésor des Athéniens, sur la pente qui mène au temple d’Apollon. Plus tard, des représentations de la bataille sont réalisées à Athènes : Pausanias mentionne une peinture de celle-ci sur un portique de l’agora, et il est possible que le relief représentant un combat entre Grecs et Perses sur le côté sud du temple d’Athéna Niké de l’Acropole présente cette bataille. Une inscription grecque, retrouvée dans les possessions d’Hérode Atticus commémorait la bataille, et indiquait la liste des soldats tombés au combat.
La bataille de Marathon devient un symbole pour les Grecs, et confère un grand prestige à Athènes. La propagande et les diplomates athéniens utilisent cette victoire, pour justifier leur hégémonie sur le monde grec. Selon Thucydide, les Athéniens se vantent d’avoir vaincu les Perses, sans l’aide d’aucune autre cité, en -490 pour mieux s’imposer aux Spartiates, considérés jusque-là comme la plus grande puissance du monde grec.
De façon générale, Marathon est une justification idéologique du pouvoir athénien, en particulier lors de la fondation de la ligue de Délos en -472, et de la transformation de cette alliance en un véritable empire, soumettant ses alliés à un tribut. Par conséquent, les autres événements de la première guerre médique, les victoires perses, la participation des autres Grecs et en particulier celle des Platéens, sont complètement éliminées de la mémoire athénienne.
Ses futurs dirigeants, Aristide, Miltiade et Thémistocle, obtiennent leur « capital politique » à cette occasion. La génération des « combattants de Marathon » (les Marathonomaques) devient une référence, en particulier pour les milieux conservateurs et traditionalistes : en -426, un personnage des Nuées d’Aristophane, vantant le système éducatif qu’il défend, conclut « c’est grâce à ces vieilleries-là, que les guerriers de Marathon furent formés ».
La guerre et les armes ont un rôle politique et social dans la société grecque antique : la cavalerie est l’arme de l’aristocratie, les petits propriétaires constituent la base de la phalange, les plus pauvres qui n’ont pas les moyens de financer leur équipement servent dans la marine. Marathon est donc aussi la victoire d’un nouveau système politique, la démocratie et ses citoyens-soldats que sont les hoplites, puisque l’ancien tyran Hippias a dû repartir en exil avec les Perses et que jamais sa famille, les Pisistratides, ne put ensuite reprendre le pouvoir. La victoire consacre les nouvelles institutions, elle signifie que les dieux leur sont favorables.
L’idéologie a évolué lorsque près d’un siècle plus tard, les opposants à la démocratie comme Platon exaltent les hoplites de Marathon, symboles d’un régime modéré, pour mieux dénigrer la victoire de Salamine, obtenue lors de la seconde guerre médique par les hommes des trières, symboles de la démocratie ouverte à tous, et de l’impérialisme athénien coupable à leurs yeux d’avoir provoqué la guerre du Péloponnèse et la défaite de -404 contre Sparte. Ce clivage est cependant une relecture partisane postérieure, car tout au long du Ve siècle av. J.-C.. les hoplites sont tout autant que les marins des partisans de la démocratie et de l’hégémonie athénienne.
Pour les Perses, il s’agit surtout d’un débarquement manqué et un revers mineur dans une expédition qui a largement atteint ses objectifs, en soumettant la mer Égée au pouvoir de Darius 1er. La réaction du grand roi à cette défaite est d’emblée de préparer sa revanche et une nouvelle expédition.
Mais une révolte éclate alors en Égypte, dirigée par le satrape Aryandès, et occupe les derniers mois du règne de Darius. Celui-ci meurt en -486 et son fils Xerxès 1er lui succède.
12 septembre 1213 : bataille du Muret (croisade des Albigeois).
La bataille de Muret eut lieu le près de Muret, dans la plaine à 25 km au sud de Toulouse dans le cadre de la croisade des albigeois. C’est une bataille importante où se sont affrontés Raymond VI, comte de Toulouse, et ses alliés Raymond-Roger, comte de Foix ; Pierre le Catholique, roi d’Aragon, comte de Barcelone et seigneur de Montpellier; et Bernard IV de Comminges, et les troupes croisées commandées par Simon de Montfort.
Lassé de l’ingérence et des assauts du parti du pape et des croisés, et renforcé par le prestige de la victoire de Las Navas de Tolosa sur les Maures (1212), le roi d’Aragon ose finalement soutenir son allié toulousain, tolérant envers les cathares. Le roi et ses vassaux ou alliés attaquent la forteresse de Muret conquise en 1212 par Simon de Montfort. Celui-ci est en claire infériorité numérique, mais la place tient. Pierre II d’Aragon est tué dans la bataille, son fils est fait prisonnier par les croisés et les milices toulousaines sont massacrées. Simon de Montfort, en gagnant la bataille de Muret, va marquer le prélude de la domination française sur le Languedoc et la fin de l’expansion de la couronne d’Aragon au nord.
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Les deux évêques, moins confiants que Simon de Montfort en la victoire, tentent d’entrer en pourparlers avec Pierre d’Aragon pour le convaincre de cesser de soutenir les barons languedociens et gascons. Le roi d’Aragon, croyant déceler dans cette démarche une faiblesse de Montfort, renonce à son plan initial, que lui aurait conseillé son beau-frère et vassal Raymond VI de Toulouse, consistant à attendre l’affaiblissement des assiégés dans Muret, et décide de livrer bataille le lendemain. Le comte de Toulouse s’y oppose, connaissant le talent stratégique de Simon de Montfort, mais Pierre II le traite de lâche. De son côté, Simon, voyant que les vivres ne lui permettent de tenir que quelques jours, décide également de livrer bataille le lendemain. D’après Bernard Gui, le futur saint Dominique monte alors avec le clergé et le peuple dans l’église de Muret, et fait prier à tous le rosaire. Au matin, Simon sort de la ville avec tous ses chevaliers qui se regroupent dans la plaine à proximité de la porte de Salles. Il répartit ses troupes en trois bataillons de 300 hommes, l’un commandé par Guillaume des Barres, le second par Bouchard de Marly et le troisième par lui-même. Les trois bataillons suivent la Louge vers le sud, évitant les milices toulousaines qui, à défaut de les intercepter, auraient pu donner l’alarme. Cette manœuvre donne au contraire l’impression d’une fuite. Traversant la rivière plus loin, ils continuent en direction du camp opposé, et rencontrent la cavalerie ennemie à proximité. Le comte de Toulouse, manifestant son opposition, ne prend pas part à la bataille et reste au camp avec ses 900 hommes.
L’armée alliée au comte de Toulouse est composée de deux bataillons, l’un dirigé par le comte de Foix et composé de 200 Aragonais et 400 Fuxéens, l’autre de 700 Aragonais dirigés par Pierre II. Le bataillon de Guillaume des Barres charge aussitôt celui du comte de Foix, qu’il enfonce sans peine et qui reflue sur la ligne de Pierre d’Aragon. C’est alors que la charge de Bouchard de Marly arrive sur le lieu et continue de désorganiser les deux bataillons adverses. La mêlée est violente et tumultueuse. Rapidement deux chevaliers, Alain de Roucy et Florent de Ville, décident de viser la tête de la coalition et tuent un héraut d’armes, qui portait les habits du roi : il était courant qu’un seigneur choisisse avant la bataille d’échanger ses habits avec un de ses chevaliers pour partager la position de ses hommes et ne pas être avantagé par rapport à eux. Cette coutume est très chevaleresque mais catastrophique sur le plan stratégique. Les chevaliers se seraient étonnés que le « tueur des Maures » ait été aussi faible. Les Aragonais crurent alors que leur roi était mort et commençaient à désespérer, c’est pourquoi Pierre II proclama haut et fort qu’il était bien vivant et en pleine forme, et que le tueur de Maures allait leur montrer comment il avait gagné à Las Navas de Tolosa. Mais cette bravade lui coûta cher, il se retrouva vite submergé par les croisés et fut tué peu après par un seigneur d’Artois, Alain de Renty. Pendant ce temps, Simon de Monfort et son bataillon effectuaient un mouvement tournant pour attaquer l’ennemi sur son flanc droit.
Raymond VI de Toulouse, constatant la catastrophe des opérations telle qu’il l’avait crainte, prit alors la fuite vers Toulouse avec ses 900 hommes, sans combattre. Les survivants des deux premières lignes fuirent alors en direction de la Garonne. Les milices toulousaines, qui n’avaient pas du tout pris part à la bataille et essayaient de s’emparer de la ville et du château ne cessèrent pas leurs assauts pour autant. Les croisés s’attaquèrent alors aux milices toulousaines qui ne s’y attendaient pas et les massacrèrent : la plupart seraient morts sous les coups des croisés ou noyés en essayant d’embarquer précipitamment vers Toulouse. Cet épisode est en tout cas le véritable drame et la grande catastrophe de la croisade des Albigeois : la majorité des hommes toulousains en âge de combattre y sont morts ; ce serait entre 15 000 et 20 000 morts qui seraient morts dans cette bataille. Les Toulousains n’en ont cependant pas tenu pour responsable Raymond VI qui a tenté d’éviter une attaque frontale face à Simon de Montfort, mais bien Pierre II qui s’est révélé trop sûr de lui et très téméraire, mais cette défaite est bien plus dure pour les Catalans dont le prince d’Aragon, fils de feu Pierre II, Jacques, était aux mains de Simon de Montfort, sans compter la mort de leur souverain.
Le fils de Pierre II, Jacques, âgé de six ans, est fait prisonnier. Mais le pape demande à Simon de rendre Jacques d’Aragon à son royaume et impose une trêve, empêchant Simon d’exploiter immédiatement son avantage. Simon de Monfort remet Jacques à Monzón, en Aragon, où il fut mis sous la tutelle des Templiers aragonais, où il reçut l’éducation nécessaire pour sa formation royale auprès de Guillem de Montredon.
Cette défaite et la mort de Pierre II mettent fin aux velléités d’intervention de la Couronne d’Aragon contre la croisade, ce qui fera que la monarchie aragonaise se concentre alors sur la péninsule hispanique, abandonnant ses prétentions sur les territoires toulousains, fuxiens et commingeois. La bataille de Muret renforce indirectement la monarchie capétienne, comme le feront plus directement l’année suivante les deux batailles de la Roche-aux-Moines contre l’Angleterre et de Bouvines contre l’Empire germanique. Les comtes de Foix et de Comminges repartent sur leurs terres. Le comte de Toulouse part pour l’Angleterre rencontrer Jean sans Terre et laisse aux consuls de Toulouse le soin de négocier avec les chefs de la croisade.
En 1218, les Toulousains se vengèrent de Simon de Montfort qui mourut écrasé par un boulet lancé par une pierrière lors du siège de la ville, toutefois, cette défaite à Muret mit un coup au culte cathare qui fut obligé de se retirer des terres occitanes menacé par le tribunal et les pressions inquisitoriales. Certains cathares durent fuir dans les Pyrénées et passer outre monts, bien que dans les territoires catalano-aragonais également l’Inquisition sévissait.
12 septembre 1218 : fin du siège d’Avignon.
La mort de Simon de Montfort au siège de Toulouse en 1218 avait porté un rude coup aux croisés. Les anciennes possessions du comte de Toulouse s’étaient révoltées, les places fortes et les villes avaient été peu à peu reconquises par les barons méridionaux. Le seul arrêt dans cette reconquête avait été l’intervention du prince Louis de France, qui avait pris Marmande et échoué à prendre Toulouse. Puis il était reparti dans le Nord, laissant Amaury de Montfort, le fils de Simon, à la tête d’effectifs insuffisants.
En janvier 1224, où il ne lui reste plus que Carcassonne, Amaury conclut une trêve avec Raymond VII et part en février vers l’Île-de-France. Au cours d’une entrevue avec le roi Louis VIII, Amaury cède tous ses droits sur le Languedoc. Louis décide alors d’intervenir en Occitanie, avec la bénédiction du pape Honorius III qui déclare la croisade, ce qui permet d’accorder une aide importante, politique et financière, à l’expédition de conquête de la région.
Parallèlement le roi profite d’une situation favorable en Provence, alors enjeu de pouvoir entre le comte de Toulouse et le jeune Raimond Berenger, comte de Provence, soutenu par l’Église et soutien de l’action royale.
Le roi prend la croix le et ordonne le rassemblement de son ost à Bourges le . L’armée arrive à Lyon le et se présente devant Avignon le 6 juin.
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Lorsque Gautier II d’Avesnes, comte de Blois, qui dirige l’avant-garde, arrive devant la ville, il trouve un pont en bois qui permet à l’armée de traverser le Rhône en dehors de la ville et les portes de celle-ci closes. L’issue du siège de Marmande est encore dans les esprits et les Avignonnais craignent les exactions des soldats. Avignon passait pour imprenable et ses habitants pensaient que les croisés seraient pressés de rejoindre l’Occitanie.
Le , le roi Louis VIII arrive à son tour et décide de mettre le siège devant la ville. Avignon est une ville impériale, même si elle appartient à Raymond VII de Toulouse et le roi pouvait craindre une intervention de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, aussi il lui fit savoir que le siège n’avait pour but que le châtiment des hérétiques vivant dans la ville.
Sous la conduite des consuls de la ville Guillaume Raymond et Raymond Riali, et encouragés par les sirventes du troubadour Bertrand d’Avignon, les Avignonnais montrèrent autant de vaillance à repousser les assauts que les Toulousains en 1218. Raymond VII ne disposait pas de troupes suffisantes pour attaquer les croisés à revers, mais il parvenait à harceler les convois de ravitaillement en vivres et en fourrage. Le camp des croisés est rapidement frappé par la dysenterie, et de nombreux soldats décèdent. Certains grands seigneurs, peu enclins à aider le roi à déposséder l’un des leurs, se plaignaient de la longueur et de l’inutilité du siège. Début août, le comte Thibaud IV de Champagne invoqua la fin de l’ost pour quitter le siège, malgré l’ordre du roi de rester.
Craignant le départ d’autres féodaux, le roi ordonne un nouvel assaut le , qui est repoussé comme les autres. Sur la demande des religieux, le siège est prolongé et le blocus de la ville renforcé. Il porte enfin ses fruits car les vivres commencent à manquer et les consuls commencent à négocier la reddition de la ville. Le , Louis VIII peut enfin entrer dans la ville. Mais ce succès tient à peu de chose. En effet une crue avec de fortes inondations se produit dès le soit huit jours après la reddition de la ville. À quelques jours près les assaillants auraient été noyés et la cité sauvée.
Il est dit que ce fut le que Louis VIII, roi de France fonda la « Confrérie des Pénitents Gris » d’Avignon. Le roi se serait rendu sur les bords de la Sorgue, en procession expiatoire, pieds nus et vêtu d’un sac, pour s’agenouiller à la chapelle Saint-Croix. Cette hagiographie est contestée. Il est plus certain, que le roi de France ait convoqué Pierre III, l’évêque d’Avignon, avec ordre de lui porter le Saint-Sacrement. Les fidèles, qui le suivaient, pieds nus et recouverts d’un sac en signe d’expiation, se seraient dès lors constitués en une confrérie dénommée « Disciples des Battus de la Croix ». Ils furent plus connus sous le nom de « Pénitents Gris ».
Avignon, conformément aux conditions de reddition doit abattre ses fortifications, céder au roi la ville de Beaucaire et payer 6 000 marcs d’argent au roi et 1 000 marcs à l’église. Louis VIII fait également construire Villeneuve-lès-Avignon où il installe une garnison.
Après avoir été retardé de trois mois pendant le siège, l’armée royale reprend la route et le roi reçoit la soumission sans combat de nombreuses villes et de plusieurs alliés du comte de Toulouse comme Bernard V, comte de Comminges. Remettant le siège de Toulouse à l’année suivante, il repart vers le nord au mois d’octobre, mais il tombe malade et meurt à Montpensier le .
12 septembre 1683 : bataille de Kahlenberg (Autriche).
La bataille de Vienne du , sur la colline du Kahlenberg, met fin au second siège de Vienne par les Turcs. Cette défaite majeure des Ottomans est le point de départ d’une campagne militaire de 16 ans qui permet aux Habsbourg de reprendre les territoires de Hongrie-Croatie, mettant fin à la menace ottomane en Europe centrale.
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Depuis le , la garnison de Vienne, comprenant moins de 15 000 soldats réguliers (renforcés de volontaires civils), est assiégée par une immense armée ottomane, comprenant peut-être plus de 200 000 hommes. Malgré des assauts successifs, la ville, dont les fortifications ont été efficacement organisées par Georg Rimpler, parvient à tenir près de deux mois, sous les ordres du général Ernst-Rüdiger von Starhemberg, et d’autres officiers tels les comtes Dupigny, Serenyi, Leslie, Kielmansegge, Wirtenberg et Schärffenberg.
Par ailleurs, de nombreuses forteresses situées le long des lignes de communication turques restent aux mains des Impériaux (souvent composées d’unités de frontière croates et hongroises), ce qui gêne les approvisionnements ottomans. Néanmoins, au début de septembre, la ville est proche d’être investie, bien que ses défenseurs ne manifestent aucune intention de se rendre.
Au même moment, alors que l’Empereur Léopold 1er a quitté la ville avec sa famille et une grande partie des Viennois, le chef de l’armée impériale de secours, Charles V de Lorraine, repousse les tentatives ottomanes de progresser sur la rive nord du Danube et les empêche de prendre Pressbourg, mais, avec environ 20 000 hommes, il ne dispose pas d’assez d’hommes pour secourir la capitale de l’Empire autrichien. Pourtant, sous l’égide du pape et de l’empereur Léopold, une coalition se met en place. Différents princes d’États du Saint-Empire, la Bavière, la Saxe et des États de Souabe et de Franconie acceptent de fournir des contingents de soldats pour appuyer l’armée impériale. En revanche, peu menacés, les États des princes du Nord de l’Empire ne contribuent guère à la coalition. Surtout, cette Sainte-Alliance reçoit un renfort de poids avec le roi de Pologne Jean III Sobieski qui accepte de dégarnir la défense de son pays, non sans menacer le comte Thököly, qui dirige la Hongrie pour le compte des Ottomans, de terribles représailles s’il profite de cette situation.
Une armée composée de plus de 32 000 soldats impériaux, commandée par Charles de Lorraine, et des forces polonaises comprenant 27 000 hommes, dirigée par Jean III Sobieski, s’unissent le 31 août pour se lancer dans une offensive contre les assiégeants turcs de Vienne.
Le roi de Pologne, Jean III Sobieski, est le chef de l’ensemble des armées de secours. Au sein de l’armée impériale, deux électeurs du Saint-Empire participent à l’offensive : Maximilien-Emmanuel de Bavière et Jean-Georges III de Saxe. On trouve également parmi les principaux officiers le duc Jules-François de Saxe-Lauenbourg et l’expérimenté général Georges Frédérick de Waldeck. Parmi les jeunes nobles présents dans l’armée impériale, on peut aussi signaler Louis de Bade ou encore Eugène de Savoie, deux futurs grands généraux de l’armée impériale. L’armée polonaise, principalement composée de cavalerie, comprend aussi des commandants expérimentés comme Stanisław Jabłonowski ou plus jeunes comme Adam Sieniawski.
En face, les Ottomans comptent peut-être 250 000 hommes, dont une partie seulement participe effectivement à la bataille, sont commandés par le Grand Vizir Kara Mustafa. Selon l’historien lorrain Augustin Calmet, leurs forces se composent de 200 000 à 300 000 hommes, dont : 1 300 hommes de Diyarbakır, 14 000 d’Amadis (Amedi) et de Bagdad, 24 000 de Haute-Syrie (pachalik d’Alep), 18 000 de Basse-Syrie (pachalik de Damas), 30 000 du pachalik d’Anatolie, 18 000 de Pamphylie, 16 000 de Carie, 18 000 de l’Amasie et de la Madalie, 18 000 pour les gardes des vizirs de Scimon et Cariges, 25 000 janissaires à la solde du sultan, 12 000 janissaires de Roumélie, 30 000 sipahis, 24 000 Tatars de Crimée, 6 000 Valaques, 6 000 Moldaves, plus un grand nombre de Hongrois partisans du prince Imre Thököly.
Dans la nuit du , les troupes impériales, placées à la gauche, occupent la colline du Kahlenberg au nord de Vienne. Les troupes des États de l’Empire, au centre, et les Polonais, à droite, prennent progressivement position sur les hauteurs situées à l’ouest de la ville de Vienne. Les positions turques sont situées en contrebas, avec le camp principal situé au sud, une puissante redoute, la Türkenschanz au centre, et de nombreux villages fortifiés et points d’appui protégeant ces deux points. Selon le plan de l’armée chrétienne, les Impériaux, situés à gauche, doivent suivre un axe nord-sud le long du Danube afin de menacer directement la Türkenschanz par le nord. Les forces des États du Saint-Empire, au centre, doivent converger vers ce même point en progressant vers le sud-est. Enfin, l’aile polonaise (renforcée de mousquetaires impériaux), à droite, doit progresser plein est. Néanmoins, située plus loin de positions ottomanes et devant parcourir un terrain accidenté, elle ne pourra sans doute attaquer que tardivement.
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À 5 heures du matin le , l’armée impériale à l’aile gauche et celle des princes allemands au centre avancent sur l’ennemi. À midi, après de durs combats et plusieurs contre-attaques des Ottomans, les Impériaux ont déjà fortement progressé et ont pris les villages fortifiés de Nussdorf et Heiligenstadt, se rapprochant de la Turkenschanz et infligeant de lourdes pertes à leurs adversaires. En début d’après-midi, c’est au tour des Polonais de progresser sur l’aile droite, sans toutefois engager le combat avec les Ottomans. Ils prennent position dans le village de Gersthof et occupent les hauteurs des alentours, d’où leurs cavaliers, dont les fameux hussards polonais, se préparent à attaquer. Vers 15 h 30, les troupes impériales, dirigées par Charles de Lorraine, le duc de Saxe-Lauenbourg, le duc Jean-Georges de Saxe et le général Charles-Frédéric de Waldeck, reprennent leur avance, et après de nouveaux violents combats, elles prennent les villages d’Unterdöbling et Oberdöbling, ce qui les amène juste devant la Türkenschanz (où se trouve alors le vizir Kara Mustafa) qu’elles menacent par le nord et le nord-ouest. Les mousquets des troupes du Saint-Empire déciment les unités turques qui défendent la redoute.
À 16 heures, le roi Sobieski et sa cavalerie lourde entrent en action et lancent une puissante offensive depuis les collines qu’ils occupaient. Leurs multiples charges enfoncent brutalement les lignes ottomanes et leur permettent de prendre d’assaut la Türkenschanz par l’ouest. Vers 17 heures, attaquée par trois côtés et courant le risque d’être isolée, cette position est devenue indéfendable. Le commandant turc décide alors de se replier au sud, vers son principal camp. Néanmoins, certaines troupes ottomanes commencent déjà à se débander et à quitter le terrain. Beaucoup sont taillées en pièces par la cavalerie du Roi de Pologne. La situation devient critique pour les assiégeants.
C’est à ce moment que Sobieski décide d’une charge massive contre les dernières positions turques, au sud du champ de bataille, afin de définitivement anéantir l’armée ennemie. Aux alentours de 18 heures, trois corps de cavalerie polonais et un corps impérial (20 000 hommes en tout) prennent la direction du camp du Vizir, avec le Roi et 3 000 de ses hussards à leur tête. Cette charge est l’une des plus importantes de l’histoire européenne jusqu’alors. Démoralisées, les troupes ottomanes ne peuvent résister longtemps et se dispersent vite, dans un chaos épouvantable. Durant leur repli, beaucoup de soldats turcs sont tués par la cavalerie chrétienne. Kara Mustafa doit lui-même s’enfuir en hâte après avoir ordonné de tuer ses prisonniers, et sa défaite est totale. Dans la soirée, Louis de Bade entre dans la ville de Vienne à la tête de ses dragons, et est acclamé par la population. Au même moment, les Polonais procèdent au pillage du camp turc, suivis par leurs alliés le lendemain.
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Cette bataille marque le point de départ d’une guerre de reconquête de la Hongrie. Dans l’immédiat, Charles de Lorraine remporte une victoire à Barkan et reprend plusieurs forteresses à la frontière avec l’Empire ottoman. Mais il subit un échec devant Buda en 1684 et ne peut prendre la ville que lors du siège de 1686. La guerre se poursuit ensuite pendant treize ans, marquées par les victoires de Mohács (1687) et de Zenta (1697), et qui se conclut finalement le par le traité de Karlowitz (en serbe Sremski Karlovci) : celui-ci cède à la couronne de Hongrie-Croatie notamment la Slavonie, la Syrmie, et la Bačka, les anciennes possessions hongroises que Soliman le Magnifique avait conquises au XVIe siècle. Après une nouvelle guerre en 1716–1718, Eugène de Savoie prend également le banat de Temeszvar ainsi que la ville de Belgrade, qui est reprise par les Ottomans vingt ans plus tard. Une grande partie des terres libérées des Turcs sont colonisées par des Serbes, environ 60 000, invités par l’empereur à s’installer là, en récompense des services rendus dans la lutte contre les Ottomans (voir Migrations serbes de 1690). D’autres sont ensuite colonisées par des migrants allemands, notamment le Banat et la Transylvanie.
Si après la bataille de Vienne et durant les années suivantes, la Bavière reste fidèle à l’alliance avec l’Autriche, de nombreux États s’en désengagent rapidement, comme la Pologne ou la Saxe. À l’inverse, l’électorat de Brandebourg entre dans le conflit en 1686 et envoie un contingent de huit mille hommes remarquablement entraînés. En outre, la guerre contre les Ottomans absorbe alors les forces impériales et les empêche de participer très activement à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, ce qui explique peut-être les revers de Guillaume III d’Orange-Nassau aux Pays-Bas.
12 septembre 1814 : bataille de Baltimore.
La bataille de Baltimore est une bataille importante de la guerre de 1812. Elle opposa, entre le et le , les armées du Royaume-Uni et des États-Unis. Elle se solda par une victoire américaine décisive qui repoussa l’attaque combinée (mer et terre) britannique sur Baltimore. Le bombardement de Fort McHenry par le navire à roquettes HMS Erebus fut l’inspiration du « reflet rouge des roquettes » qui a été immortalisé par Francis Scott Key dans The Star-Spangled Banner, l’hymne national des États-Unis.
12 septembre 1819 : mort du feld-maréchal prussien Gebhard Leberecht von Blücher.
Gebhard Leberecht von Blücher, prince de Wahlstatt, né le à Rostock dans le duché de Mecklembourg-Schwerin et mort le à Krieblowitz, était un général et feld-maréchal prussien qui commanda l’armée prussienne contre Napoléon 1er pendant la campagne d’Allemagne de 1813, la campagne de France de 1814 et enfin la campagne de Belgique qui s’achève victorieusement à la bataille de Waterloo le .
On a nommé en son honneur un croiseur cuirassé, lancé en 1908 et coulé en 1915, lors de la Première Guerre mondiale, ainsi qu’un croiseur lourd, lancé en 1937 et coulé en 1940, lors de la bataille du détroit de Drobak.
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Blücher était cornette d’un régiment de hussards suédois pendant la guerre de Sept Ans, lorsqu’il fut fait prisonnier par les Prussiens en au manoir de Galenbeck, et incorporé de force, dans les troupes de Frédéric le Grand. Devenu capitaine, il se fit remarquer par son courage et donna sa démission à l’occasion d’un passe-droit. Frédéric le Grand signa cette démission en ces termes : « le capitaine de Blücher est autorisé à quitter son poste, et il peut aller au diable si cela lui convient » (en allemand « der Rittmeister von Blücher kann sich zum Teufel scheren »).
Blücher, rappelé au service quinze ans après par Frédéric-Guillaume III, alla combattre sur le Rhin, où ses qualités militaires lui valurent bientôt le grade de général-major, puis de lieutenant-général. Il prit part aux guerres de la Révolution française et des premiers temps du Premier Empire, éprouva plusieurs échecs. Il était chef d’avant-garde à Auerstaedt et fut fait prisonnier à Lübeck (), après avoir défendu sa retraite de Iéna et d’Auerstaedt.
En 1813, quand la Prusse reprit la guerre contre Napoléon, il fut chargé du commandement des armées prussiennes pendant la campagne d’Allemagne. Commandant d’un corps d’armée, il subit de nouvelles défaites contre Napoléon à Lützen et Bautzen mais remporta la bataille de la Katzbach () sur Macdonald et Sébastiani en tant que général en chef de l’armée de Silésie, et contribua à celle de Leipzig pour laquelle il fut fait feld-maréchal le .
Il fut l’un des premiers à entrer en France pendant la campagne de France (1814). Il combattit à Brienne où Napoléon 1er le battit mais sortit vainqueur à La Rothière et à Laon, deux batailles qui influèrent puissamment sur le sort de la campagne, et fut en récompense fait prince de Wahlstatt. Le , bien que malade et alité, il reçut le commandement nominal (le commandement effectif est laissé au général russe Wintzingerode) des troupes prussiennes et russes de l’armée de Silésie lors de la bataille de Paris, qui voit l’entrée des troupes coalisées dans la capitale française et marque la chute de l’Empire par la première abdication de Napoléon.
L’année suivante, en 1815, il se posta entre la Moselle et la Meuse et fut vaincu à Ligny ; il échappa de justesse à la capture par les Français, capture qui aurait pu avoir d’importantes conséquences pour la France. En effet, vers la fin de la bataille, le cheval de Blücher est tué, s’écroule sur lui et l’immobilise totalement, alors que les soldats français approchent. Mais la nuit tombée, les cavaliers français ne voient pas le vieux Prussien, qui est dégagé de son cheval par son fidèle aide de camp, le comte von Nostitz, resté près de lui après sa chute. À nouveau battu à Sombreffe et fidèle à ses habitudes, il préféra une retraite ordonnée face à un adversaire plus fort que lui et s’éloigna du front avec 34 000 soldats qui, bien qu’affaiblis, n’avaient pas trop souffert des combats. Vieux et fatigué après la bataille de Ligny, le général Blücher se retrouvait devant deux choix : soit partir vers Namur pour rejoindre l’Allemagne, soit contourner les Français en faisant marche vers Wavre pour éventuellement retrouver l’arrière-garde des troupes belges et néerlandaises. Après 24 heures, von Blücher fit le choix de marcher sur Wavre. Le en fin d’après-midi, alerté par le son du canon de la bataille de Waterloo, il arriva en pleine bataille au moment où Wellington était sur le point de perdre pied. Vers 20 heures, les 34 000 soldats de Blücher déferlèrent sur les Français qui attendaient les renforts du maréchal Grouchy. Sa présence fut décisive.
Quelques jours plus tard, sous les murs de Paris, le pont du Pecq lui fut livré, et cette trahison lui assura une marche tranquille vers Paris ; il se montra intransigeant quant à la capitulation de la ville et voulait faire sauter le pont d’Iéna.
Blücher mourut le à Krieblowitz (aujourd’hui Krobielowice), en Silésie. Il avait 76 ans.
La tactique du feld-maréchal Blücher était d’assaillir l’ennemi avec impétuosité, se retirer lorsqu’il faisait une résistance trop opiniâtre, se rallier à quelque distance, suivre après ses mouvements, saisir la moindre faute ; fondre sur lui, le culbuter, lui enlever des prisonniers, se retirer rapidement. Cette tactique offensive lui a valu le surnom de Marschall Vorwärts (« maréchal en avant ») et a donné l’expression allemande « er geht ran wie Blücher (an der Katzbach) » (« il avançait comme Blücher à la Katzbach ») pour désigner une personne conduisant des actions très agressives, à la guerre notamment.
12 septembre 1847 : bataille de Chapultepec (guerre américano-mexicaine).
La bataille de Chapultepec se déroule en septembre 1847 durant la guerre américano-mexicaine, au château de Chapultepec sur la colline de Chapultepec, qui garde l’approche ouest de la ville de Mexico. Le château est alors une académie militaire où étudient 876 cadets qui participeront à la bataille. Le monument Los Niños Héroes (les enfants héros) du parc de Chapultepec a été érigé en leur honneur.
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Le lors de la bataille de Molino del Rey, les forces américaines ont repoussé les Mexicains à proximité du château de Chapultepec qui garde l’Ouest de Mexico. Cependant les stratèges de l’armée sont toujours en faveur d’une approche de la ville par le sud. Le général Winfield Scott tient un conseil de guerre réunissant ses officiers et les stratèges le . Scott est favorable à l’attaque de Chapultepec et seul le général David E. Twiggs est de son avis. Les autres officiers sont en faveur de l’attaque par le sud, y compris le capitaine Robert E. Lee. Un jeune lieutenant, Pierre Beauregard, fait un exposé qui persuade le général Franklin Pierce de voter en faveur de l’attaque par l’ouest. Scott déclare alors officiellement que l’attaque sera portée sur Chapultepec.
Antonio López de Santa Anna est à la tête de l’armée de Mexico. Il sait que le château de Chapultepec est une position importante pour la défense de la ville. Le château est au sommet d’une colline d’une soixantaine de mètres de haut, il a été transformé récemment en Académie militaire. Le général Nicolás Bravo ne dispose cependant que d’un millier d’hommes pour tenir la colline, y compris 200 cadets dont certains n’ont que 13 ans. Une pente régulière depuis le château jusqu’à Molino del Rey en fait une véritable invite à l’attaque.
Scott organise deux groupes d’assaut comptant chacun 250 hommes. Le premier groupe commandé par le capitaine Samuel Mackenzie mènera l’attaque depuis l’Est du Molino vers le sommet. Le second groupe commandé par le capitaine Silas Casey mènera l’attaque depuis le Sud du château.
Les Américains commencent par un tir d’artillerie sur le château à l’aube du . Il s’arrête à la tombée de la nuit et reprend le . À 8 heures le bombardement cesse et Winfield Scott ordonne la charge. Suivant le groupe d’assaut du capitaine Mackenzie, il y a trois colonnes de la brigade George Cadwalader de la division Pillow. Sur la gauche les 11e et 14e régiments sous les ordres du colonel William Trousdale (en), au centre quatre compagnies du régiment de voltigeurs commandés par le colonel Timothy Patrick Andrews (en) et sur la droite les quatre compagnies restantes de voltigeurs sous les ordres du lieutenant-colonel Joseph E. Johnston. Pillow est rapidement blessé mais ordonne de poursuivre l’attaque. La colonne d’Andrews suit Mackenzie et nettoie un bouquet de cyprès des troupes mexicaines qui l’occupent alors que Trousdale et Johnston manœuvrent sur les flancs. L’attaque marque une pause lorsque les hommes de Mackenzie sont contraints d’attendre l’arrivée des échelles d’assaut, un ange passe sur la bataille.
Au sud-ouest, 40 Marines emmènent le groupe d’assaut du capitaine Casey, suivis de la brigade de volontaires de James Shields, au nord de Chapultepec. Le groupe d’assaut est à nouveau contraint de s’arrêter, face à l’artillerie mexicaine, en attendant les échelles et le groupe du général Shields. Finalement les échelles arrivent et une première vague escalade les murs. En fait il arrive tant d’échelles que 50 hommes gravissent de front les murailles. George Pickett est le premier américain au sommet du mur de la forteresse, les voltigeurs plantent bientôt le drapeau sur le parapet.
La colonne du colonel Trousdale appuyée par l’artillerie du lieutenant Thomas J. Jackson rencontre une importante résistance. La brigade de Newman S. Clarke amène un nouvel élan sur le front de Pillow. Le général Shields est blessé grièvement alors que ses hommes se déversent sur les murailles mais sa troupe hisse le drapeau des États-Unis sur le château. Pris entre deux feux le général Bravo ordonne la retraite vers Mexico. Avant qu’il puisse faire mouvement, Bravo est fait prisonnier par les volontaires new-yorkais de Shields. La retraite des Mexicains est une folle débandade sur les chemins menant à la ville. Beaucoup sautent simplement depuis la muraille sans se soucier de la hauteur, pour échapper aux attaquants. Santa Anna regarde ce désastre alors qu’un de ses aides de camp s’exclame « Dieu est un Yankee ».
Durant la bataille, six cadets mexicains refusent de fuir lorsque le général Bravo ordonne la retraite et se battent jusqu’à la mort contre des forces américaines très supérieures en nombre. L’un après l’autre ils tombent ; alors qu’il n’en reste plus qu’un (Juan Escutia), et que les assaillants sont prêts à le tuer, il se saisit de l’étendard mexicain dont il se drape et saute de la muraille.
Une peinture sur l’un des plafonds du palais de Chapultepec montre Juan Escutia enroulé dans le drapeau et chutant. Un monument a été érigé dans le parc de Chapultepec commémorant leur courage. L’histoire du Mexique fait l’éloge des cadets qui y sont présentés comme Los Niños Héroes, les « enfants héros » ou les « cadets héroïques ».
Des hommes du bataillon Saint Patrick (el Batallón de San Patricio ou San Patricios), un groupe de soldats américains qui ont rejoint le camp mexicain, sont exécutés en masse durant la bataille de Chapultepec. Ils ont été capturés lors de la bataille de Churubusco. Le général Scott a spécifié qu’ils soient pendus avec Chapultepec en vue et que leur mort survienne au moment où le drapeau américain remplace le mexicain au sommet de la citadelle.
12 septembre 1855 : le général Aimable Pelissier accède au maréchalat.
Aimable Jean Jacques Pélissier, duc de Malakoff, né le à Maromme et mort le à Alger, est un officier militaire devenu maréchal de France, et un administrateur colonial. Artilleur de formation, il sert ensuite dans l’état-major et remplit à de nombreuses reprises les fonctions d’aide de camp. Il participe ensuite à la conquête de l’Algérie et en ressort quinze ans plus tard avec le grade de général de division. Appelé en Crimée pour y prendre le commandement en chef des troupes françaises, il est fait maréchal de France après la chute de Sébastopol le . Titré duc de Malakoff en récompense de cette victoire, Pélissier enchaîne les postes sous le Second Empire avant d’être nommé gouverneur général de l’Algérie en 1860. Il meurt dans l’exercice de ses fonctions à Alger, le .
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Fils de Pierre Pélissier, commissaire des poudres et salpêtres, et de Catherine Chartier, le jeune homme choisit la voie militaire et entre à l’Académie de La Flèche le . Peu après, le , il intègre l’école de Saint-Cyr et en ressort avec le grade de sous-lieutenant le . À cette date, il est incorporé dans l’artillerie de la Maison du Roi avant de passer au 57e régiment d’infanterie de ligne le de la même année, Louis XVIII ayant fui le retour de Napoléon le . Alors que se déroule la campagne de Belgique, il sert sur le Rhin avec son unité et ne participe donc pas aux combats. L’année 1815 s’achève par une affectation à la légion départementale de la Seine-Inférieure, corps au sein duquel Pélissier sert pendant quatre ans.
Il est ensuite affecté au corps d’état-major en 1819. En 1823, il fait l’expédition d’Espagne comme aide de camp et reçoit les croix de la Légion d’honneur et de Saint-Ferdinand d’Espagne. En 1828, il participe à la campagne de Morée et, à cette occasion, reçoit la croix de Saint-Louis. Il prend part à l’expédition d’Alger de 1830, ce qui lui vaut à son retour le grade de chef d’escadron. Après quelques années à l’état-major à Paris, il est envoyé de nouveau en Afrique du Nord, en 1844, lors de la guerre du Maroc, et commande l’aile gauche française à la bataille d’Isly. Il occupe le poste de chef d’état-major de la province d’Oran avec le grade de lieutenant-colonel.
Pélissier a un comportement particulièrement inhumain lors de l’enfumade du Dahra, en , au cours duquel il fait périr un millier de combattants et civils (dont femmes, enfants et vieillards), sans distinction, qui avaient cru trouver asile dans les grottes du Dahra. Malgré le scandale, durant lequel le ministre de la Guerre Jean-de-Dieu Soult le désavoua totalement, déclarant que « la peau de l’un de mes tambours avait plus de valeur que ces 760 personnes », le gouverneur-général Bugeaud nomma Pélissier, qui n’avait fait que suivre les méthodes conseillées par le gouverneur, au grade de général de brigade. Il est ensuite promu général de division en 1850, puis nommé une première fois gouverneur-général de l’Algérie en , poste qu’il conserve pendant sept mois.
Le , il prend l’oasis de Laghouat (siège de Laghouat). Environ les deux tiers (2 500 à 3 000 sur un total de 4 500 habitants restant dans la ville assiégée), y compris des femmes et des enfants, sont massacrés, avec le général Youssouf.
En mai 1855, il est envoyé en Crimée, où il remplace le maréchal Canrobert comme commandant en chef des forces françaises devant Sébastopol. Son commandement se caractérise par une pression impitoyable sur l’ennemi et une détermination immuable à mener sa campagne hors de toute ingérence parisienne. Sa persévérance est récompensée le avec le succès de l’assaut donné sur Malakoff. Le 12, il est promu maréchal de France. Franc-maçon, il participe à la création de la loge « St Jean de Crimée » pendant le siège de Sébastopol, en 1856. Officier particulièrement dur, il n’avait d’aimable que le prénom : L’un de ses soldats en Crimée, excédé, le met en joue et tire. Incident de tir, le coup ne part pas. Pélissier qui a tout vu, inspecte l’arme et constatant un manque d’entretien de l’arme punit le soldat pour ce motif… et celui-là seul.
À son retour à Paris, il est nommé sénateur, fait duc de Malakoff et nanti d’une pension annuelle de 100 000 francs par Napoléon III. De à , il est ambassadeur de France à Londres, d’où il est rappelé pour prendre le commandement de l’armée d’observation sur le Rhin. Il devient la même année grand chancelier de la Légion d’honneur.
Dans son discours à Alger du , Napoléon III dit que « Le but de la France doit être d’élever les Arabes à la dignité d’hommes libres, de répandre sur eux l’instruction, tout en respectant leur religion, d’améliorer leur existence en faisant sortir de cette terre tous les trésors que la Providence y a enfouis et qu’un mauvais gouvernement laisserait stériles. » Cependant, après la suppression du ministère pour l’Algérie et les colonies, Napoléon III se voit contraint, en , de rétablir le poste de gouverneur-général de l’Algérie : la nomination du maréchal Pélissier est accueillie avec enthousiasme, aussi bien par l’armée que par les fonctionnaires civils et les colons. Il est secondé par le général de Martimprey et Gustave Mercier-Lacombe.
Napoléon, conseillé par Ismaïl Urbain, fait adopter le Sénatus-consulte du 22 avril 1863 que Pélissier met en œuvre sans enthousiasme. D’après le général du Barail, il avait beaucoup vieilli : « alourdi, empâté, somnolent, il s’en remettait au prestige de sa gloire et au souvenir de ses actes passés d’implacable rigueur pour maintenir l’Algérie dans le calme et la soumission. Il n’avait jamais beaucoup aimé le travail et ne l’aimait plus. Les occupations sérieuses le fatiguaient ; il les écartait, cueillait les roses du pouvoir et en dédaignait les épines … [t]ant et si bien qu’un beau matin de mars 1864, on se réveilla avec une insurrection sur les bras. »
Militaires, colons et caïds se montrent réticents à mettre en œuvre le projet de Napoléon III, tandis que le peuple algérien est hostile au « cantonnement » (la spoliation de leurs terres, destinées aux colons, en dépit de l’empereur). Les Sidi Cheikh se soulèvent en , suivis par les Flittas en mai, dans la région de Relizane. Si Slimane écrase le colonel Beauprêtre et ses troupes, puis son frère Si Mohammed étend l’insurrection à presque tout le Tell. Quant à Pélissier, il meurt le , d’une congestion cérébrale.
Un village voisin de Mostaganem, Les Libérés militaires, est alors rebaptisé Pélissier en son honneur, avant de prendre le nom de Sayada lors de l’indépendance de l’Algérie.
Durant sa carrière, Pélissier a été couvert d’honneurs et a été le premier maréchal du Second Empire créé duc.
12 septembre 1905 : naissance de Felipe Maetzu, légionnaire, Compagnon de la Libération.
Felipe Maeztu est né le 13 septembre 1905 à Labraza en Espagne.
Engagé volontaire pour 5 ans dans la Légion étrangère en novembre 1927, il passe un an en Algérie puis 10 ans au Maroc au sein du 1er et du 4e Régiment étranger d’infanterie.
D’avril à juin 1940, le sergent-chef Maeztu participe à la campagne de Norvège (combats de Bjervik et de Narvik) au sein de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE). Evacué vers l’Angleterre avec son unité le 17 juin 1940, il est parmi les premiers à rallier le général de Gaulle à Londres le 1er juillet 1940.
Promu adjudant, il participe avec la 13e DBLE à l’opération Menace devant Dakar en septembre 1940 puis à la campagne de ralliement du Gabon resté fidèle à Vichy en octobre et novembre 1940.
Avec la Brigade française d’Orient, il prend part ensuite aux combats d’Erythrée et notamment à la prise de Keren en mars 1941 et de Massaoua en avril.
Felipe Maeztu combat ensuite en Syrie en juin 1941 avant de recevoir son galon de sous-lieutenant en septembre 1941. Il est nommé chef de peloton mixte à la 1ère Cie de transmissions de la 1ère Brigade française libre commandée par le général Koenig. Il se distingue alors à Bir-Hakeim (27 mai-11 juin 1942), à El Alamein en octobre 1942, et en Tripolitaine en 1943.
A compter du 1er avril 1943, lieutenant Felipe Maeztu commande la 1ère section mixte de transmissions de la 1ère Brigade avec laquelle il participe à la campagne de Tunisie en mai 1943.
A l’issue de cette campagne, il reçoit le commandement de la section J de la 3e Compagnie du 1er Bataillon de transmissions divisionnaires qui vient d’être créé et reste rattaché à la 1ère Brigade. Le lieutenant Felipe Maeztu débarque en Italie avec la 1ère Division française libre en avril 1944 et prend part à toutes les opérations à l’issue desquelles, le 16 août 1944, il débarque en France, à Cavalaire, pour faire ensuite une brillante campagne de France.
Il traverse les Cévennes, entre à Lyon et pousse jusqu’au front d’Alsace. Son unité combat ensuite sur le front de l’Atlantique (réduction des poches), avant de retrouver le front alsacien pour défendre Strasbourg. Le 23 janvier 1945, toujours avec la 13e DBLE, il prend part à l’offensive déclenchée par la 1ère Armée et parvient au Rhin devant Colmar.
Dirigé ensuite vers les dernières poches de résistance allemande sur le sol français, il participe aux combats du massif de l’Authion, dans l’arrière pays niçois en avril 1945 puis passe les Alpes pour percer jusqu’à Turin, où il termine la guerre.
En août 1945 Felipe Maeztu reçoit la nationalité française et fait ensuite une brillante campagne d’Indochine avant de quitter définitivement l’armée d’active en 1952. Ce chef de bataillon de réserve, il se retire à Madagascar puis à Pernes les Fontaines (Vaucluse).
Felipe Maeztu est décédé le 18 décembre 1958 à Pernes les Fontaines où il est inhumé.
• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 2 juin 1943
• Croix de Guerre 1939-1945 (2 citations)
• Croix de Guerre des TOE (2 citations)
• Croix du Combattant 39/45
• Médaille Coloniale avec agrafes « Maroc », « Sahara », « Erythrée », « Bir-Hakeim, « Libye », « Tunisie »
• Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
• Chevalier de l’Ordre du Ouissam Alaouite (Maroc)
• Chevalier du Nicham El Anouar (Tunisie)
• Ordre du Mérite Libanais
• Paz del Marrueco (Espagne)
12 septembre 1942 : le RMS Laconia est coulé au large de l’île de l’Ascension.
L’affaire du Laconia est une série d’événements entourant le naufrage d’un navire de transport de troupes britannique dans l’océan Atlantique le durant la Seconde Guerre mondiale, et des attaques aériennes consécutives de l’aviation américaine contre des sous-marins allemands et italiens intervenant pour tenter de sauver les victimes. Le Royal Mail Ship Laconia, transportant 2 732 membres d’équipage, passagers, soldats et prisonniers de guerre italiens, est torpillé et coulé par le U-156, un sous-marin allemand, au large des côtes ouest-africaines. Répondant aux anciennes règles de prise, le commandant du navire allemand, le capitaine de corvette Werner Hartenstein lance immédiatement les opérations de sauvetage. Le U-156 diffuse sa position sur des canaux radio ouverts à toutes les puissances alliées, et est rejoint par les équipages de plusieurs autres U-Boote à proximité.
Après avoir fait surface et récupéré les survivants, qui se trouvaient sur le pont avant, le U-156 remonte à la surface sous les bannières de la Croix-Rouge pour retrouver des navires de l’État français pour procéder au transfert des survivants. Sur le chemin, le sous-marin est repéré par un bombardier B-24 Liberator de l’armée de l’air américaine. L’équipage, après avoir signalé au commandement américain l’emplacement du U-Boot, ses intentions et la présence de survivants, reçoit l’ordre d’attaquer le sous-marin. Le B-24 tue des dizaines de survivants du Laconia avec des bombes et mitraillages, forçant le U-156 à abandonner les survivants à la mer et à plonger en urgence pour éviter d’être détruit.
D’autres navires poursuivent les opérations de sauvetage. Un autre sous-marin, le U-506, est également attaqué par des avions américains et forcé à plonger. Un total de 1 113 survivants ont été sauvés mais 1 619 périssent, principalement des prisonniers de guerre italiens. L’événement a conduit au changement d’attitude générale du personnel naval allemand à l’égard du sauvetage de marins alliés en péril. Les commandants de la Kriegsmarine émettent rapidement le Laconia Order signé par le grand-amiral Karl Dönitz, qui interdit spécifiquement toute tentative de secours semblable, conduisant à la guerre sous-marine à outrance pour le reste de la guerre.
Les pilotes du B-24 ont prétendu à tort qu’ils avaient coulé le U-156 et ont reçu des médailles pour bravoure. Ni les pilotes américains ni leur commandant n’ont été punis, ni soumis à une enquête, et l’affaire a été discrètement oubliée par l’armée américaine. Lors des derniers procès de Nuremberg, un procureur a tenté de citer le Laconia Order comme preuve de crimes de guerre commis par Karl Dönitz et ses sous-mariniers. Le stratagème a échoué et a causé beaucoup d’embarras aux États-Unis après la publication du rapport complet de l’incident.
***
À 22 h, le , le U-156 patrouille au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest, à mi-chemin entre le Liberia et l’île de l’Ascension. Le commandant du sous-marin, le Korvettenkapitän Werner Hartenstein repère le navire britannique naviguant seul et l’attaque. Les navires armés — la plupart des marchands et des transports de troupes — constituaient des cibles légitimes d’attaque sans avertissement. Armé tel qu’il l’est, le Laconia relève de cette catégorie. À 22 h 22, le Laconia transmet un message sur la bande de 600 mètres (500 KHz) : « SSS SSS 0434 South / 1125 West Laconia torpedoed ». « SSS » était un code signifiant « attaqué par sous-marin ». Des messages supplémentaires sont transmis, mais aucun trace ne montre qu’ils aient été reçus par un autre navire ou une autre station.
Bien qu’il y ait eu suffisamment de canots de sauvetage pour l’ensemble des passagers du navire, y compris les prisonniers italiens, un comptage détaillé empêche le déploiement à la mer de la moitié des canots jusqu’à ce que le navire s’échoue. Les prisonniers sont abandonnés dans les cales verrouillées pendant que le navire coule, mais la plupart réussissent à s’échapper en cassant les écoutilles ou en grimpant dans les puits de ventilation. Plusieurs sont abattus lorsqu’un groupe de prisonniers parvient à utiliser un canot de sauvetage, et un grand nombre sont tués à la baïonnette pour empêcher leur embarquement dans les canots de sauvetage disponibles. Les gardes polonais étaient armés de fusils à baïonnette fixe mais n’avaient pas de munitions. Des témoins indiquent que peu de prisonniers ont été abattus, la plupart des victimes ayant été tuées à la baïonnette.
Au moment du lancement des derniers canots de sauvetage, la plupart des survivants sont déjà dans l’eau, de sorte que certains canots de sauvetage comptent peu de passagers. Un seul radeau de sauvetage quitte le navire avec des prisonniers à bord ; les autres ont plongé dans l’océan. Les survivants ont raconté plus tard comment des Italiens dans l’eau ont été abattus ou ont eu les mains coupées à la hache quand ils tentaient de monter dans un canot de sauvetage. Le sang a rapidement attiré les requins. Le caporal Dino Monte, l’un des rares survivants italiens, a déclaré : « […] des requins se sont précipités parmi nous. Attrapant un bras, mordant une jambe. D’autres bêtes plus grosses ont avalé des corps entiers… ». Alors que la Laconia sombre, le U-156 fait surface pour capturer les officiers supérieurs survivants du navire. À leur grande surprise, ils aperçoivent plus de 2 000 personnes se débattant dans l’eau.
Réalisant que les passagers sont principalement des prisonniers de guerre et des civils, le capitaine Hartenstein lance immédiatement des opérations de sauvetage en déployant le drapeau de la Croix-Rouge. Le Laconia coule à 23 h 23, plus d’une heure après l’attaque. Le à 1 h 25, le capitaine Hartenstein envoie un message radio codé au Befehlshaber der U-Boote pour les alerter de la situation. Il déclare : « Coulé par Hartenstein, Laconia britannique, Qu FF7721, 310 deg. Malheureusement, avec 1 500 prisonniers de guerre italiens ; jusqu’à présent, 90 ont été repêchés dans l’eau. Attend des ordres ».
Le chef des opérations sous-marines, l’amiral Karl Dönitz, ordonne immédiatement à sept sous-marins du Rudeltaktik Wolfpack Eisbär, rassemblés pour participer à une attaque surprise planifiée contre Le Cap, de se détourner sur les lieux pour récupérer des survivants. Dönitz informe ensuite Berlin de la situation et des mesures qu’il a prises. Hitler est furieux et ordonne que le sauvetage soit abandonné. L’amiral Erich Raeder ordonne à Dönitz de désengager les navires Eisbär, dont le U-156 de Hartenstein, et de les envoyer au Cap conformément au plan d’origine. Raeder commande au U-506, commandé par le Kapitänleutnant Erich Würdemann, le U-507, commandé par le capitaine de corvette Harro Schacht, et le sous-marin italien Commandante Cappellini de rallier Hartenstein pour récupérer ses survivants et ensuite se rendre sur le site du Laconia pour sauver tous les Italiens qu’ils pourraient trouver. Raeder demande également aux Français de Vichy d’envoyer des navires de guerre de Dakar et de la Côte d’Ivoire pour récupérer les survivants italiens des trois sous-marins.
Le gouvernement français, en réponse, envoie le croiseur Gloire (7 600 tonnes) de Dakar et deux sloops, le rapide Annamite de 660 tonnes, au départ de Conakry, en Guinée française, et le plus lent Dumont-d’Urville de 2 000 tonnes, partant de Cotonou au Dahomey. Dönitz désengage les bateaux Eisbär et informe Hartenstein des ordres de Raeder, mais il substitue le U-159 du Kapitänleutnant Helmut Witte au U-156 du groupe Eisbär et envoie l’ordre suivant : « Tous les bateaux, y compris Hartenstein, ne prennent autant d’hommes dans le bateau que ce qui lui permettra d’être entièrement prêt à l’action lorsqu’il sera immergé ».
Le U-156 voit rapidement s’entasser, au-dessus et au-dessous des ponts, près de 200 survivants, dont 5 femmes, et 200 autres remorqués à bord de quatre canots de sauvetage. À 6 h le , Hartenstein diffuse un message en anglais sur la bandes des 25 mètres – en texte clair – à toutes les navires œuvrant dans le secteur, donnant sa position, demandant de l’aide pour les efforts de sauvetage et promettant de ne pas attaquer. Il déclare : « Si un navire vient en aide à l’équipage naufragé du Laconia, je ne l’attaquerai pas, à condition que je ne sois pas attaqué par un navire ou une force aérienne. J’ai récupéré 193 hommes. 4°-53″ Sud, 11°-26″ Ouest. -Sous-marin allemand. »
À Freetown, des Britanniques interceptent ce message mais, croyant qu’il pourrait s’agir d’une ruse de guerre, refusent d’y croire. Deux jours plus tard, le , un message est transmis aux Américains selon lequel le Laconia a été torpillé et que le navire marchand britannique Empire Heaven est en route pour récupérer les survivants. Le « message mal rédigé » implique que le Laconia n’a été coulé que ce jour-là et ne mentionne pas que les Allemands sont engagés dans une tentative de sauvetage en vertu d’un cessez-le-feu ni que des navires français neutres sont également en route.
Le U-156 reste à la surface sur les lieux pendant les deux jours et demi suivants. À 11 h 30 le , il est rejoint par le U-506, et quelques heures plus tard par le U-507 et le Commandante Cappellini. Les quatre sous-marins, avec des canots de sauvetage en remorque et des centaines de survivants debout sur leurs ponts, se dirigent vers le littoral africain et un rendez-vous avec les navires de surface français partis du Sénégal et du Dahomey.
Pendant la nuit, les sous-marins se séparent. Le à 11 h 25, le U-156 est repéré par un bombardier B-24 Liberator américain parti d’une base aérienne secrète sur l’île d’Ascension. Le sous-marin voyage avec un drapeau de la Croix-Rouge drapé sur son canon de pont. Hartenstein contacte le pilote en morse et en anglais pour demander de l’aide. Un officier britannique envoie également un message à l’avion : « Un officier de la RAF parle d’un sous-marin allemand, des survivants du Laconia à bord, de soldats, de civils, de femmes, d’enfants ».Le lieutenant James D. Harden des forces aériennes de l’armée américaine ne répond pas aux messages. Il se détourne et informe sa base de la situation. L’officier supérieur de service ce jour-là, le capitaine Robert Richardson III, qui a affirmé qu’il ne savait pas qu’il s’agissait d’une opération de sauvetage allemande validée par la Croix-Rouge, ordonne au B-24 de « couler le sous-marin ». Richardson a prétendu plus tard qu’il croyait que les règles de guerre de l’époque ne permettaient pas à un navire de combat d’arborer des drapeaux de la Croix-Rouge. Il craignait que le sous-marin allemand n’attaque les deux cargos alliés détournés par les Britanniques vers le site. Il a supposé que le sous-marin allemand ne sauvait que les prisonniers de guerre italiens. Dans son évaluation tactique, il pensait que le sous-marin pourrait découvrir et bombarder l’aérodrome secret d’Ascension et les réservoirs de carburant, coupant ainsi une route aérienne critique de ravitaillement des Alliés aux forces britanniques en Égypte et aux forces soviétiques en Russie.
Harden retourne sur les lieux du sauvetage, et, à 12 h 32, il attaque en utilisant des bombes et des charges de profondeur. L’une atteint les canots de sauvetage derrière le U-156, tuant des dizaines de survivants, tandis que d’autres touchent le sous-marin lui-même, causant des dommages mineurs. Hartenstein lâche à la dérive les canots de sauvetage encore à flot et ordonne aux survivants sur le pont de se jeter à l’eau. Le sous-marin se submerge lentement pour donner à ceux qui étaient encore sur le pont une chance d’entrer dans l’eau et de s’échapper. Selon son rapport, Harden effectue quatre descentes contre le sous-marin. Durant les trois premières, les charges de profondeur et les bombes n’ont pas pu être lâchées. À la quatrième, il a largué deux bombes. L’équipage du bombardier a, par la suite, reçu des médailles pour avoir coulé le U-156, alors qu’il n’a en fait coulé que deux canots de sauvetage.
Ignorant la demande du capitaine Hartenstein de rester dans la zone pour être secouru par les Français, deux canots de sauvetage décident de se diriger vers l’Afrique. L’un des deux, qui a commencé son périple avec 68 personnes à bord, atteint la côte africaine 27 jours plus tard et seulement 16 survivants. L’autre a été secouru par un chalutier britannique après 40 jours en mer. Seuls quatre de ses 52 occupants étaient encore en vie.
Ignorant l’attaque, les U-507, U-506 et Cappellini poursuivent le sauvetage des survivants. Le lendemain matin, le commandant Revedin du Cappellini découvre qu’il sauve des survivants mis à la dérive par des U-156. À 11 h 30, Revedin reçoit le message suivant : « Bordeaux à Cappellini : signalement d’une attaque déjà subie par d’autres sous-marins. Soyez prêt à vous immerger pour une action contre l’ennemi. 56 / 0971 où vous ramènerez le reste des naufragés sur des navires français. Gardez les prisonniers britanniques. Surveillez avec la plus grande attention les avions et les sous-marins ennemis. Fin du message ».
Les U-507 et U-506 reçoivent la confirmation du quartier général de l’attaque contre l’U-156 et sont invités à indiquer le nombre de survivants secourus. Le commandant Schacht du U-507 répond qu’il a secouru 491 survivants, dont 15 femmes et 16 enfants. Le commandant Wurdemann du U-506 confirme la présence de 151 survivants, dont 9 femmes et enfants. Le message suivant du quartier général leur ordonne de remettre à la dérive tous les survivants britanniques et polonais, de marquer leurs positions et de leur dire de rester exactement où ils sont, puis de se hâter au rendez-vous de sauvetage. Les commandants respectifs choisissent de ne laisser aucun survivant dériver.
L’ordre donné par Richardson a été qualifié de crime de guerre des Alliés. En vertu des conventions de la guerre en mer, les navires – y compris les sous-marins – engagés dans des opérations de sauvetage sont tenus à l’abri des attaques.
Cinq B-25 de l’escadron permanent d’Ascension et le B-24 de Hardin continuent à rechercher des sous-marins de l’aube au crépuscule. Le , un B-25 aperçoit des canots de sauvetage du Laconia et informa l’Empire Haven de sa position. Le B-24 de Hardin aperçoit le U-506, avec 151 survivants à bord, dont 9 femmes et enfants, et attaque. Lors de la première descente, les bombes ne sont pas tombées ; le U-506 plonge en urgence ; lors de sa deuxième descente, le B-24 tire deux bombes de 500 livres (227 kg) et deux autres de 350 livres (159 kg), ne causant aucun dommage.
Le même jour, les Britanniques basés à Freetown envoient un message ambigu à Ascension les informant que trois navires français de Dakar sont en route. Le capitaine Richardson dit avoir supposé que les Français avaient l’intention d’envahir Ascension, de sorte que la chasse au sous-marin a été annulée afin de se préparer à une invasion.
Le croiseur français Gloire récupère 52 survivants, tous britanniques, alors qu’il se trouve à 100 km du point de rendez-vous. Le Gloire rencontre ensuite l’Annamite ainsi que les U-507 et U-506 au point de rendez-vous peu après 14 h le . À l’exception de deux officiers britanniques gardés à bord du U-507, tous les survivants sont transférés sur les navires de sauvetage. Le Gloire repart seul et, en moins de quatre heures, secourt onze canots de sauvetage. À 22 h, le Gloire retrouve un autre canot de sauvetage et se rend à un rendez-vous avec l’Annamite.
À 13 h, un guetteur repère une lumière à l’horizon, qui est prise en compte, bien que cela signifie que le Gloire ne pourra pas se rendre au rendez-vous prévu. Il sauve 52 autres survivants. Un nouveau rendez-vous est fixé et les navires se réunissent à 9 h 30. Les survivants à bord de l’Annamite sont transférés sur le Gloire. Un décompte est alors réalisé : ont été sauvés 597 Britanniques, 373 Italiens et 70 Polonais, dont 48 femmes et enfants. Le Gloire arrive à Dakar le pour se réapprovisionner avant de reprendre la mer vers Casablanca, où il arrive le . À son arrivée, le colonel Baldwin, au nom de tous les survivants britanniques, remet au capitaine du Cappellini une lettre qui indique : « Nous, officiers soussignés des forces navales, armées et aériennes de Sa Majesté et de la marine marchande, ainsi qu’au nom du détachement polonais, des prisonniers de guerre, des femmes et des enfants, souhaitons vous exprimer notre gratitude la plus profonde et la plus sincère pour tout ce que vous avez fait, au prix de très grandes difficultés pour votre navire et son équipage, en nous accueillant, nous les survivants du navire de transport de Sa Majesté, le « Laconia ». » — Léonce Peillard, L’Affaire du Laconia, p. 204.
e sous-marin Cappellini n’ayant pas pu retrouver les navires de guerre français, demande des instructions par radio et attend une réponse. Le Dumont-d’Urville est envoyé au rendez-vous avec le Cappellini et a par hasard secouru un canot de sauvetage du cargo britannique Trevilley, qui a été torpillé le . Après avoir cherché sans succès d’autres survivants du Trevilley, le Dumont-d’Urville retrouve le Cappellini le . À l’exception de six Italiens et de deux officiers britanniques, tous les survivants ont été transférés à bord du Dumont-d’Urville, qui débarque ensuite les Italiens sur l’Annamite. Ce dernier les transporte à Dakar le . Des 2 732 passagers présents à bord du Laconia, seuls 1 113 ont survécu. Sur les 1 619 personnes décédées, 1 420 sont des prisonniers de guerre italiens.
De Casablanca, la plupart des survivants sont conduits à Médiouna au Maroc pour être emmenés vers un camp de prisonniers en Allemagne. Le , l’invasion alliée en Afrique du Nord conduit à la libération des survivants, qui sont amenés à bord du navire Anton qui part pour les États-Unis.
L’une des survivantes, Gladys Foster, a décrit les faits de façon détaillée dans un écrit, le sauvetage puis l’internement de deux mois en Afrique. Gladys était l’épouse d’un aumônier, le révérend Denis Beauchamp Lisle Foster, qui était en poste à Malte. Elle était à bord du navire avec sa fille de 14 ans, Elizabeth Barbara Foster, pour retourner en Grande-Bretagne. Durant le chaos du naufrage, elles ont été séparées et ce n’est que plusieurs jours plus tard que Gladys a découvert que sa fille avait survécu et se trouvait sur un autre radeau. Il lui a été demandé d’écrire ses souvenirs peu de temps après son retour à Londres.
Doris Hawkins, une infirmière missionnaire a survécu au naufrage du Laconia et aux attaques américaines et a passé 27 jours à la dérive dans le canot de sauvetage neuf, avant de débarquer sur les côtes du Liberia. Elle se rendait en Angleterre après cinq ans passée en Palestine, avec Sally Kay Readman, âgée de 14 mois, qui a disparu en mer lors de leur transfert dans l’embarcation de sauvetage.
Doris Hawkins a écrit une brochure intitulée Atlantic Torpedo après son retour en Angleterre, qui a été publiée par Victor Gollancz en . Elle y décrit le moment où Sally a disparu : « Nous nous sommes retrouvés au-dessus des bras et des jambes d’une masse humaine paniquée et dévastée. Le canot de sauvetage, rempli à pleine capacité d’hommes, de femmes et d’enfants, fuyait terriblement et se remplissait rapidement d’eau ; en même temps, il s’écrasait contre le côté du navire. Juste quand Sally m’a été transmise, le bateau s’est rempli complètement et a chaviré, nous jetant tous à l’eau. Je l’ai perdue. Je ne l’ai même pas entendue pleurer alors, et je suis sûr que Dieu l’a immédiatement amenée à lui sans souffrir. Je ne l’ai plus jamais revue ».
Doris Hawkins était l’une des 16 survivants sur les 69 qui étaient à bord du canot de sauvetage qui a été jeté à la dérive par le sous-marin. Elle a passé le reste des années de guerre à rendre visite aux familles des personnes qui ont péri dans le canot de sauvetage, leur apportant des souvenirs confiés par les victimes dans leurs derniers instants. Selon les mots de Doris, « il est impossible d’imaginer pourquoi j’aurais été choisie pour survivre alors que tant de gens ne l’ont pas été. J’ai hésité à écrire l’histoire de nos expériences, mais en réponse à de nombreuses demandes, je l’ai fait ; et si cela renforce la foi de quelqu’un, si c’est une source d’inspiration pour quelqu’un, si cela ramène à la maison d’autres, jusqu’à présent insensibles, tous « ceux qui étaient descendus sur la mer dans des navires » font face à notre égard, heure par heure, jour par jour, année en et année – il n’aura pas été écrit en vain ».
Un autre survivant, Jim McLoughlin, déclare dans One Common Enemy qu’après l’incident, Hartenstein lui a demandé s’il appartenait à la Royal Navy, ce qui était le cas, puis a demandé pourquoi un navire de passagers était armé, en déclarant : « s’il n’avait pas été armé, je ne l’aurais pas attaqué ». McLoughlin pense que cela indique que Hartenstein avait pensé qu’il s’agissait d’un transport de troupes plutôt que d’un navire de passagers ; le Laconia agissait de facto comme navire auxiliaire.
L’incident du Laconia a eu de graves conséquences. Jusque-là, il était courant pour les sous-marins d’aider les survivants torpillés avec de la nourriture, de l’eau, des soins médicaux simples pour les blessés, avec une boussole et un relèvement vers la terre continentale la plus proche. Il était extrêmement rare que des survivants soient amenés à bord car l’espace dans un U-Boot était à peine suffisant pour son propre équipage. Le , en conséquence de cet incident, l’amiral Karl Dönitz émet un ordre portant le titre Triton Null, qui devint plus tard connu sous le nom de Laconia Order. Dans ce document, Dönitz interdit aux équipages de U-Boot de tenter des sauvetages, les survivants devant être laissés à la mer. Même après, des sous-marins ont parfois fourni de l’aide aux survivants.
Lors des procès de Nuremberg tenus par les Alliés en , Dönitz a été inculpé de crimes de guerre. L’émission de l’ordonnance du Laconia Order était la pièce maîtresse de l’accusation, mais les débats ne se sont pas déroulés comme prévu. Cette accusation a permis à la défense de raconter longuement les nombreux cas dans lesquels les sous-mariniers allemands ont agi avec humanité alors que, dans des situations similaires, les Alliés se sont comportés sans pitié. Dönitz a souligné que l’ordre lui-même était le résultat direct de cette insensibilité et de l’attaque contre une opération de sauvetage par des avions américains.
Les Américains ont également pratiqué la guerre sous-marine à outrance, se fondant sur l’équivalent du Laconia Order, en vigueur dès leur entrée en guerre. L’amiral de la flotte Chester Nimitz, commandant en chef de la flotte américaine du Pacifique en temps de guerre, a fourni un témoignage écrit sans repentir en faveur de Dönitz lors de son procès selon lequel la marine américaine avait mené une guerre sous-marine à outrance dans le Pacifique depuis le tout premier jour où les États-Unis y sont entrés en guerre. Ce témoignage a conduit le tribunal de Nuremberg à ne condamner Dönitz à aucune peine pour cette infraction à la loi, même s’il a été reconnu coupable pour ce chef d’accusation.
« L’accusation a présenté de nombreux éléments de preuve concernant deux ordonnances de Dönitz, l’ordonnance de guerre numéro 154, émises en 1939, et l’ordonnance dite Laconia de 1942. La défense fait valoir que ces ordonnances et les éléments de preuve à l’appui ne démontrent pas une telle politique et introduit de nombreuses preuves du contraire. Le Tribunal est d’avis que la preuve n’établit pas avec la certitude requise que Dönitz a délibérément ordonné le meurtre de survivants naufragés. Les ordres étaient sans aucun doute ambigus et méritent la plus forte censure.
Les éléments de preuve montrent en outre que les mesures de sauvetage n’ont pas été exécutées et que le défendeur a ordonné qu’elles ne soient pas exécutées. L’argument de la défense est que la sécurité du sous-marin est, en tant que première règle de la mer, primordiale pour le sauvetage et que le développement de l’aviation rend le sauvetage impossible. C’est peut-être le cas, mais le Second traité naval de Londres est explicite. Si le commandant ne peut pas sauver, alors selon ses termes, il ne peut pas couler un navire marchand et devrait lui permettre de passer inoffensivement devant son périscope. Les ordonnances prouvent donc que Dönitz est coupable d’une violation du Protocole.
Au vu de tous les faits prouvés et notamment d’un ordre de l’amirauté britannique émis le , selon lequel tous les navires devraient être coulés à vue dans le Skagerrak, et des réponses aux interrogatoires de l’amiral Chester Nimitz déclarant que la guerre sous-marine à outrance a été menée dans l’océan Pacifique par les États-Unis depuis le premier jour de la guerre du Pacifique, la peine de Dönitz n’est pas évaluée en raison de ces violations du droit international de la guerre sous-marine. »
La revue du Naval War College, International Law Studies, couvre les interprétations du droit international pendant les conflits armés et la façon dont ces lois ont été appliquées par chaque partie. Dans son volume 65 et son chapitre trois, consacré au « Droit des opérations navales », l’incident du Laconia est étudié dans le contexte de l’application du droit international à la guerre sous-marine de la Seconde Guerre mondiale : « La personne qui a donné l’ordre d’attaquer et le commandant de bord qui l’a exécuté sont tous deux prima facie coupables d’un crime de guerre. La conduite du commandant d’aéronef semble tout à fait inexcusable puisqu’il a dû observer l’opération de sauvetage. Pendant qu’ils sont engagés dans une telle opération, les sous-marins ennemis ne doivent plus être objets d’attaque licites. Le fait que l’US Army Air Force n’a pris aucune mesure pour enquêter sur cet incident, et qu’aucun procès n’a eu lieu en vertu du code pénal national alors en vigueur, les Articles of War, est une sérieuse réflexion sur la chaîne de commandement militaire. »
12 septembre 1943 : un commando allemand libère Mussolini (Italie – Abruzzes).
Le moral de l’Italie fasciste étant au plus bas à cause des défaites en Afrique du Nord, du débarquement allié en Sicile et du bombardement de Rome, le roi Victor Emmanuel III fait arrêter Mussolini (24 juillet) pour préparer la volte-face italienne.
Hitler demande alors au capitaine Skorzeny (chef des forces spéciales) et au général Student (commandant la division parachutiste) de libérer le Duce. Mussolini est régulièrement transféré pour empêcher son enlèvement. Skorzeny le localise d’ailleurs à deux reprises et doit chaque fois démonter l’opération. Finalement, les autorités italiennes estiment que le Gran Sasso (Hôtel à plus de 2000 m d’altitude, relié uniquement par téléphérique) est une prison suffisamment fiable. Alerté par le changement suspect des mesures de sécurité autour du pic, Skorzeny découvre la cachette. Il se crashe en planeurs avec 90 parachutistes sur le pâturage jouxtant l’Hôtel-prison et libère sans un coup de feu le Duce devant ses gardiens pétrifiés.
L’exfiltration à bord d’un Storch (2 places) piloté par l’as de l’aviation, le capitaine Gerlach, relève aussi de l’exploit. En effet, Skorzeny y embarque accompagnant le Duce pour ne laisser à personne d’autre les lauriers de gloire qu’Hitler va décerner au libérateur du dictateur italien.
12 septembre 1987 : mort à 67 ans du colonel Georges Laouénan, légionnaire, Compagnon de la Libération.
Fils d’un officier marinier, Georges Laouénan est né le 11 août 1920 à Saint-Pierre-Quilbignon (Finistère).
Se trouvant en classe de préparation aux grandes écoles en juin 1940, il refuse la défaite et s’évade de France sur le Meknès, en partant de Brest le 18 juin 1940. Débarqué à Southampton le lendemain, il s’engage dans les Forces françaises libres le 1er juillet 1940.
Affecté au 1er Bataillon de Chasseurs, il suit avec succès, à partir de novembre 1940, le cours d’aspirant à Camberley avant de rejoindre en décembre 1941 la 1ère Brigade française libre du général Koenig au Moyen-Orient.
Affecté à la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) comme chef de section de mitrailleuses au 1er Bataillon, il participe dès lors à tous les combats de son unité (Libye, Tunisie, Italie et France).
En Italie, Georges Laouénan est cité à l’ordre du corps d’armée pour avoir entraîné, du 21 au 24 mai 1944, malgré les pertes subies, sa section de mitrailleuses en avant sous le feu de l’ennemi .
Pendant la campagne de France, le 5 novembre 1944, sur le front des Vosges, lors de l’attaque du col de la Chevestray, il contribue puissamment par sa maîtrise dans le commandement de sa section à redresser la situation très périlleuse dans laquelle se trouve la compagnie de voltigeurs qu’il est chargé d’appuyer. Au cours de cette action, Georges Laouénan fait l’admiration de tous, fauchant les rangs ennemis par les tirs meurtriers de ses pièces, malgré les tirs de mortier ajustés sur sa section.
Le 13 janvier 1945, lors de la sortie de Rossfeld, la colonne dont il fait partie venant d’être accrochée par des armes automatiques ennemies sur un terrain découvert, sans souci du danger, il fait mettre ses mitrailleuses en batterie et neutralise les résistances ennemies. Pris à partie par des Panzerfaust qui font de gros ravages dans son unité, il maintient chacun à son poste dans des conditions devenues terribles et quoique violemment commotionné lui même par l’éclatement d’un obus. Il permet ainsi par son esprit de dévouement et de sacrifice à la colonne de passer.
Le 23 janvier 1945, l’infanterie ennemie contre attaquant violemment avec des chars pour reprendre le village d’Illhausern conquis dans l’après-midi par le bataillon, Georges Laouénan défend superbement la partie nord est du village. Il se poste constamment aux endroits les plus exposés et fait en outre plusieurs prisonniers dont un officier.
En avril 1945, lieutenant, il prend le commandement de la compagnie de mitrailleuse du 1er Bataillon de la 13e DBLE et la mène au feu lors des combats dans les Alpes en avril et mai 1945.
Après la guerre Georges Laouénan poursuit ensuite sa carrière militaire. En mars 1946 il débarque en Indochine avant d’être affecté en octobre 1947 au Maroc.
Promu capitaine en 1948, il sert successivement à Madagascar puis en métropole au 151e RIMa.
Promu au grade de chef de bataillon en 1959, Georges Laouénan sert à l’Ecole d’application du Génie à Angers en qualité de professeur d’infanterie puis au 2e REI en Algérie.
Promu lieutenant-colonel en 1968, il est affecté au 94e RIMa et termine sa carrière avec le grade de colonel.
Georges Laouénan est décédé le 12 septembre 1987 à Toulon. Il a été inhumé au Cimetière central de Toulon.
- Officier de la légion d’honneur
- Compagnon de la Libération – décret du 18 janvier 1946
- Croix de guerre 39/45 (3 citations)
- Croix des TOE (2 citations)
- Croix de la Valeur Militaire (1 citation)
- Médaille Coloniale avec agrafes « Libye », « Tunisie », « Extrême-Orient »
- Croix du Combattant Volontaire 39/45
- Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
- Officier du Nicham Iftikar