Une semaine dense face aux événements en Ukraine avec bien sûr des participations multiples sur LCI depuis le samedi 7 janvier à ce samedi 14 janvier.
Je privilégierai ce LCI Midi WE du 14 janvier qui m’a semblé particulièrement intéressant dans les échanges sur le plateau https://www.tf1info.fr/replay-lci/video-lci-midi-week-end-du-14-janvier-2023-2245038.html 12h00 à 15h00
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Mes autres interventions
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Des perceptions différentes sur l’évolution du conflit russo-ukrainien à travers deux articles
La réflexion sur l’évolution du conflit ukrainien, telle qu’elle apparaît avec les différents intervenants sur les plateaux, n’est pas homogène. Cela s’explique par la réalité de la guerre qui ne répond pas à des règles scientifiques même si des invariants peuvent apparaître à travers les âges. Cependant dès lors que l’humain est au cœur de la guerre, son imagination et son inventivité notamment pour détruire l’Autre modifient (ou peuvent modifier) toutes les règles en fonction de ce but. C’est pourquoi on ne peut pas évoquer une science de la guerre mais plutôt un art de la guerre malgré par ailleurs l’encadrement juridique du droit international se rapprochant d’une vision cartésienne et régulée des conflits… bien aléatoire.
Deux articles peuvent éclairer au moins temporairement la réflexion sur ce conflit. Le premier a été publié dans le Figaro du 9 janvier 2023 (ci-dessous, Objectifs militaires, négociations, survie de Poutine… Les questions clés de la guerre en Ukraine pour 2023), le second par TV5-Monde le 14 janvier (en ligne, Guerre en Ukraine : Wagner s’est-il fait voler la « victoire » par l’armée russe à Soledar ? (tv5monde.com). Avec d’autres camarades, amis ou relations, j’ai contribué à ces articles qui montrent cette difficulté à exprimer une seule vision du conflit y compris par des experts. C’est pourquoi il faut rester modeste !
Objectifs militaires, négociations, survie de Poutine… Les questions clés de la guerre en Ukraine pour 2023 (Le Figaro)
Par Hugues Maillot et Amaury Coutansais-Pervinquière
DÉCRYPTAGE – Cette nouvelle année sera celle « de la victoire », a promis Volodymyr Zelensky lors de ses vœux. Le Figaro passe en revue les grands enjeux du conflit, qui va bientôt entrer dans sa deuxième année.
Volodymyr Zelensky l’a annoncé dans ses vœux au pays : 2023 sera l’année « de la victoire ». Son chef d’état-major, Valeri Zaloujny, veut même « déplacer les hostilités » en Crimée. Galvanisée par ses succès à Kharkiv et Kherson avant l’hiver qui a figé les combats, l’armée ukrainienne se prépare à de nouveaux affrontements tandis que les troupes russes se régénèrent grâce à l’arrivée des mobilisés. Au Kremlin, Vladimir Poutine parle désormais de «guerre» et non plus «d’opération militaire spéciale». Alors que le conflit va entrer dans sa deuxième année, Le Figaro détaille les grandes questions qui se poseront en 2023 et propose des éléments de réponse avec l’aide de spécialistes militaires et du monde russe.
Quel sera le rapport de force ?
Cette année, l’armée ukrainienne, forte d’environ 700.000 soldats, devrait «conserver l’avantage en effectif», pronostique le général (2S) Michel Yakovleff, ancien haut responsable de l’Otan. Selon le général Mark Milley, chef d’état-major américain, les pertes seraient équivalentes dans les deux camps : environ 100.000 soldats tués, blessés ou capturés. D’autres sources donnent des estimations beaucoup plus hautes sur les pertes russes : 250.000 soldats russes «hors-service» dont 80.000 tués, selon les estimations à la mi-novembre de l’amiral Hervé Bléjean, directeur de l’état-major de l’Union européenne, devant les députés français de la commission de Défense.
Afin de conserver des effectifs importants, l’armée ukrainienne veut «mettre sur pied trois nouveaux corps d’armée d’ici à mars 2023, pour un volume estimé de 75.000 hommes», ajoutait Hervé Bléjean. Des soldats qui sont, en grande partie, issus des brigades territoriales. «Ils permettront de donner une profondeur tactique et un rapport de force favorable. Leur intégration permettra également de créer de nouvelles actions opérationnelles ou de continuer sur la dynamique enclenchée avant l’hiver», analyse Thibault Fouillet, chargé de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS).
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Pour l’armée russe, cette année va voir le déploiement massif des 300.000 mobilisés de septembre dernier. «Plutôt que comme combattants, ils seront utilisés pour multiplier les lignes de défense sur les territoires illégalement occupés», prévoit l’amiral Bléjean. Le renseignement ukrainien a fait état de son inquiétude au sujet d’une nouvelle mobilisation russe, qui pourrait s’élever à 500.000 soldats supplémentaires. «La Russie reconstitue une armée de manœuvre pour relancer ses opérations. Mais ce surcroît d’effectifs ne sera pas suffisant pour faire basculer le rapport de force. Son armée baisse en qualité depuis un an…», relève le général Yakovleff.
L’Occident va-t-il poursuivre ses livraisons d’armes ?
Les forces russes ont subi de lourdes pertes matérielles, jusqu’à 70% de son stock de missiles adaptés à des cibles terrestres, 60% de ses chars de combat et 20% de son artillerie, a estimé l’amiral Bléjean devant les députés. L’Ukraine aurait perdu plus de 400 chars et plus de 1500 véhicules de combats, calcule le site spécialisé Oryx. Mais la reconstitution des matériels russes se heurte, malgré la profondeur des stocks soviétiques, à l’embargo occidental sur certaines technologies. «Les Russes connaissent des problèmes de munitions. À Bakhmout, ils doivent limiter leurs tirs, par exemple», souligne le général Yakovleff. «L’armée russe ressort du matériel ancien de ses stocks et essaie de produire plus rapidement», ajoute le général Chauvancy, consultant en géopolitique, docteur en sciences de l’information et de la communication.
Aucune de nos industries n’est calibrée pour faire Verdun tous les jours. Général Michel Yakovleff
Kiev compte beaucoup sur les livraisons occidentales pour conserver un avantage technologique. Ainsi, la France va livrer des blindés AMX-10 RC après avoir livré des canons Caesar dont la précision est redoutable. «On entendait souvent que l’Occident n’a pas de stocks, mais chaque mois les Européens livrent de nouveaux types de systèmes. Malgré notre difficulté à produire en masse, le niveau de livraisons est encore important », relève Thibault Fouillet. «Aucune de nos industries n’est calibrée pour faire Verdun tous les jours, mais (l’Ouest) est plus capable de hausser le ton que l’industrie russe», poursuit le général Yakovleff.
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De fait, les dimensions des armées occidentales et les capacités industrielles ne permettent pas de livraisons massives. Mais «les stocks de la Russie s’épuiseront avant ceux de l’Occident en l’état actuel des choses, anticipe Julien Théron, enseignant à Sciences Po, spécialiste des questions de sécurité et de conflits internationaux*. Il n’y a donc aucune raison rationnelle d’arrêter les livraisons».
Quels objectifs militaires après les grandes manœuvres de l’automne ?
L’année 2022 s’est achevée sur un statu quo entre les deux belligérants. Après les grandes manœuvres de l’automne côté ukrainien et la volonté d’amortir le choc côté russe, Kiev et Moscou vont certainement vouloir marquer le coup le plus tôt possible en 2023, peut-être dès la fin de l’hiver. «La Russie est obligée de viser un objectif hautement symbolique, estime le général Yakovleff. Si j’étais Poutine et que je me disais qu’il ne me reste qu’une carte à jouer, j’encerclerais Kiev et je rejouerais le siège de Sarajevo».
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Mi-décembre, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, a d’ailleurs évoqué l’éventualité d’une grande offensive russe en direction de la capitale «en février, au mieux en mars et au pire à la fin du mois de janvier», dans un entretien à The Economist . Néanmoins, les forces armées russes pourraient se contenter d’un objectif plus modeste (et plus réaliste) : la conquête du Donbass.
Paradoxalement, l’Ukraine aurait tout à gagner à «attendre que les Russes sortent du bois» pour provoquer leur défaite, estime Michel Yakovleff. Mais si les troupes de Moscou ne passent pas à l’action, Kiev pourrait vouloir cibler en priorité la mer d’Azov. Berdiansk, et pourquoi pas Marioupol, pourraient être visées. «Symboliquement ce serait un sacré coup dur pour les Russes», souligne l’officier. Pour continuer sur leur lancée de l’automne et gagner du terrain, l’Ukraine devra de toute façon «porter le combat au-delà du Dniepr», une barrière naturelle qui les empêche de «se porter en profondeur dans la région de Kherson», analyse Thibaut Fouillet. Mais aussi «débloquer les saillants urbains de Bakhmout, Lyman et Severodonetsk», pour s’ouvrir la voie vers le Donbass.
Des négociations sont-elles possibles ?
À la fin de l’automne, le bruissement de possibles négociations a subitement fait son retour, après plusieurs mois de contre-offensives ukrainiennes. Les révélations de discussions entre l’administration Biden et la Russie, la visite de Jake Sullivan à Kiev ou encore les multiples échanges de prisonniers ont ravivé l’espoir d’une résolution du conflit. 2023 signera-t-elle la fin de la guerre ? Rien n’est moins sûr.
Des négociations seront envisageables quand l’un des belligérants se sera effondré ou si les deux camps acceptent l’idée qu’aucun d’eux ne peut gagner entièrement. Général François Chauvancy
Car les exigences de chacun sont pour l’heure totalement incompatibles. Le 5 janvier, Vladimir Poutine a clairement indiqué qu’il ne négocierait que si l’Ukraine accepte les «nouvelles réalités territoriales». «Les frontières dont il parle incluent les quatre oblasts ukrainiens, alors même que les Russes n’en maîtrisent pas complètement le territoire, rappelle Julien Théron. Non seulement l’Ukraine devrait reconnaître les territoires occupés comme étant russes, mais aussi les territoires non occupés, avant même de négocier».
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De son côté, l’Ukraine exige le rétablissement de «l’intégrité territoriale» du pays, donc le retour aux frontières d’avant-guerre, ainsi qu’une indemnisation et des punitions pour les crimes de guerre. «Ce sont deux positions irréconciliables, souligne François Chauvancy. Des négociations seront envisageables quand l’un des belligérants se sera effondré ou si les deux camps acceptent l’idée qu’aucun d’eux ne peut gagner entièrement». Si l’hypothèse de négociations directes entre Poutine et Zelensky paraît donc irréaliste à ce stade, il est en revanche possible «qu’il y ait des négociations techniques avec des émissaires ou des ministres», comme il y en a déjà eu en 2022, anticipe Julien Théron.
Poutine et Zelensky vont-ils «survivre» à 2023 ?
Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky vont-ils en subir les conséquences d’un conflit qui entrera dans sa deuxième année? «Je ne crois pas à un effondrement du moral ukrainien, pour la simple raison que la Russie représente une menace existentielle : s’ils arrêtent de résister, ils disparaissent», résume Julien Théron. Avec 97% de la population qui soutient la guerre, le président Zelensky devrait continuer à bénéficier de l’appui de l’opinion.
En Russie, la situation du régime paraît plus délicate. Toutefois, «les critiques les plus vives proviennent de gens qui ne considèrent pas l’agression de l’Ukraine comme un problème, mais qui estiment plutôt que le Kremlin ne va pas assez loin», note Julien Théron. Ceux qui espèrent que Poutine sera renversé et que la guerre prendra ainsi fin risquent d’être déçus. «Quand j’écoute les dissidents russes, ils ne croient absolument pas à la fragilisation de Poutine au sein de la population russe», confirme le général Chauvancy. Et, quand bien même Vladimir Poutine serait évincé du pouvoir d’une quelconque manière, «rien ne démontre que la guerre s’arrêterait avec sa chute», avance Julien Théron.
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À l’inverse, le général Yakovleff est persuadé que le régime de Poutine «va s’effondrer». «Et je pense que cette année est plus probable que l’année prochaine», ajoute-t-il. Pour l’officier, «Poutine est en train de créer toutes les conditions pour l’implosion de la Russie, laquelle est déjà en marche depuis 20 ans». C’est d’ailleurs, selon lui, ce possible effondrement qui devrait inquiéter en priorité les pays occidentaux. Car les conséquences seraient «bien plus graves» que la guerre en Ukraine elle-même.
Un autre son de cloche surement plus vrai de la réalité, et qui explique bien la complexité du conflit.
https://brunobertez.com/2023/01/15/chantage-sur-biden/
Je voudrais bien croire le général Yakovleff mais qu’il etaye ses propos.
Bonne journée
C’est quand même un combat de boxe entre un poids lourd et un mi-lourd. Le résultat ne fait pas de doute, même si le mi-lourd peut gagner quelques rounds. Le matériel occidental, en fait l’appui total dans ce domaine des USA et du NATO ne suffiront pas, sauf s’ils engageaient aussi des troupes sur le terrain. Mais alors ce ne serait plus la guerre par proxy qui a été choisie. Trop dangereux.
À un moment, le matériel sera là mais les soldats ukrainiens pour l’utiliser manqueront. Car la Russie peut perdre plus de soldats que l’Ukraine. La guerre est entrée dans l’ascension aux extrêmes. Les Russes ayant escaladé avec retard. Des deux côtés, on pousse maintenant les hommes dans le hachoir à viande, tant qu’il en reste. Notre position de spectateurs est assez obscène. Elle le serait pour un match de boxe, mais là…
La capacité des pays de l’UE et de la France à s’engager à fond dans un conflit qui était évitable et dont les conséquences les détruiront économiquement me stupéfie. Le risque est que ces pays vont chercher à faire perdre la Russie le plus vite possible pour se sauver de la récession. De là les livraisons de matériel lourd. Une co-belligérance que la Russie ne pourra pas oublier. Très mauvais, tout cela, sauf pour les USA.
Malheureusement Michel Yakovleff est notoirement connu dans tous les milieux francophones qui s’intéressent de près au conflit russo-ukrainien pour ses prises de positions extrémistes et propagandiste sur le conflit.
Cela s’explique assez facilement par son parcours et est admis par certains de ses anciens collaborateurs (même pro-OTAN) comme le général Vincent Desportes dans son interview « La Guerre en Ukraine, et après » (https://www.youtube.com/watch?v=vNrM5XyxWGo).
Son avis stratégique à pour conséquent une valeur nulle sur ce conflit…
Une question au taulier
Le gars sur le char sur la photo il n’est quand même pas entrain de faire un salut nazi… Ce ne serait pas bien que les valeureux défenseurs des valeurs occidentales fassent un geste aussi obscène.
Bonjour
cette photo a été publiée dans le Monde du 16 septembre 2022 (Soldats ukrainiens et leur BMP1 près d’Izioum, 14 septembre 2022, REUTERS/Gleb Garanich). Je vous laisse les contacter mais je crains pour vous que votre interprétation soit erronée et peut-être malveillante? Cordialement
Le phasage de l’opération russe me paraît le suivant :
– obtenir que la défense ukrainienne commence à s’effondrer dans la Donbass, ce qui semble en cours, au prix du sacrifice des « enfants perdus de Wagner »
– mener ensuite une offensive large, vraisemblablement depuis le nord, mettant en jeu suffisamment de forces pour déborder la défense ukrainienne.
Simple mais sûr. Pour reprendre l’analogie avec un match de boxe, travail au corps jusqu’à une opportunité de chercher le KO sans risques. Les Ukrainiens n’ont déjà plus que la capacité à faire des « coups » susceptibles de médiatisation, lesquels justifient une demande d’armes lourdes supplémentaires.