La rubrique CHRONICORUM BELLI réalisée en grande partie avec le contenu de l’encyclopédie libre en ligne WIKIPEDIA (licence CC BY-SA 4.0) avec des éléments de recherche sur le NET ajoutés par TB. Si vous souhaitez ajouter des éléments (documents PDF, références à des livres, des vidéos, des documents audio, etc.) vous pouvez les envoyer à l’adresse suivante : contact[@]theatrum-belli.com. Bonne lecture.
8 septembre 1157 : naissance de Richard Cœur de Lion.
Richard 1er dit Cœur de Lion (, palais de Beaumont à Oxford – , château de Châlus-Chabrol) est roi d’Angleterre, duc de Normandie, duc d’Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d’Anjou de 1189 à sa mort en 1199.
Fils d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine, élevé en Angleterre et en Anjou, Richard réside plus tard dans le duché d’Aquitaine. Il est solennellement proclamé comte de Poitiers et duc d’Aquitaine en juin 1172, à l’âge de 14 ans. Après la mort de son frère aîné Henri le Jeune en 1183, il devient héritier présomptif de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, de la Normandie et du Maine. Pendant son règne, qui dure 10 ans, il ne séjourne pas plus d’une année dans le royaume d’Angleterre et n’apprendra jamais l’anglais. Il parle le français d’oïl de son père et pratique la langue d’oc de sa mère. Il utilise toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade, et s’illustre en Terre sainte par de retentissantes victoires contre Saladin. Il défend ensuite ses territoires français contre le roi de France, Philippe Auguste, avec lequel il avait pourtant pris la croix quelques années auparavant.
Les Anglais l’appellent Richard I ou Richard the Lionheart ; les Français Richard Cœur de Lion ; dans les régions occitanes, il est surnommé Oc e No ; et les Sarrasins l’appellent Melek-Ric ou Malek al-Inklitar (roi d’Angleterre). En son temps, il est considéré comme un héros, et souvent décrit comme tel dans la littérature. Poète, on connait de lui deux compositions en occitan mais aussi en langue d’oïl. Sa vie a inspiré de nombreux récits légendaires et fabuleux.
8 septembre 1298 : bataille navale de Curzola.
La bataille navale de Curzola, qui eut lieu dans les environs de l’île de Korčula (Dalmatie) avec la victoire de Gênes, restaura l’équilibre entre les deux républiques maritimes de Venise et Gênes.
***
À la suite de nombreuses actions diplomatiques qui avaient impliqué Gênes et Constantinople d’un côté, et Venise et Charles 1er d’Anjou de l’autre, l’hostilité entre les deux républiques était maximale. Voulant accaparer quelques colonies sur la mer Noire, les Vénitiens entamèrent des pourparlers avec le Khan des Tartares, en Crimée. Les affrontements avec Gênes ne se firent pas attendre : les Vénitiens détruisirent quelques comptoirs génois à Limassol et à Famagouste (Chypre), tandis que Niccolò Spinola porta la flotte génoise à capturer 25 galères vénitiennes au port d’Alexandrette. Une première expédition génoise de 160 galères menée par Oberto Doria, décidée à détruire définitivement la flotte vénitienne, fut contrainte de rentrer à cause d’une des si nombreuses luttes intestines qui tourmentaient la Gênes médiévale. Venise en profita pour attaquer les possessions ligures de Péra, Phocée, Chypre et Caffa. Finalement la république ligure donna à Lamba Doria le commandement de 78 galères pour attaquer la flotte vénitienne, même « au risque de la débusquer jusque dans sa lagune ». Le , près de Zadar, 95 galères vénitiennes décidèrent d’attaquer les Génois.
La formation ligure était dans le sens du vent et a voga arrancata (« à nage difficile » — c’est-à-dire la plus grande vitesse que peut atteindre une galère) ; en formation serrée, elle se jeta sur la coalition de Venise, en rompant les rangs. Les galères génoises étaient toutes d’un nouveau modèle révolutionnaire dit à sensile, elles étaient donc plus maniables et plus rapides que les galères vénitiennes. Se souvenant du succès de la bataille de la Meloria, Doria laissa de côté 15 des 78 galères comme renfort, en dépit du risque important : les Génois était en effet en nette infériorité numérique. La bataille fut particulièrement sanglante, plus encore que le précédent affrontement de 1284 contre les Pisans. Aborder ou couler les navires vénitiens coûta cher sur le plan des pertes humaines à la flotte génoise.
Les Vénitiens virent couler 65 de leurs galères, être capturées 18 ; les morts parmi les Vénitiens furent de 7 000, les prisonniers autant, parmi lesquels Marco Polo, qui, de retour de son voyage au Cathay s’était vu conférer l’honneur du commandement d’une des galères. Ironie du sort, il partagera sa cellule avec Rustichello de Pise, prisonnier de la bataille de la Meloria, à qui Polo dicta son Livre des merveilles.
L’amiral vénitien se serait suicidé plutôt que d’être porté à Gênes « en se brisant le crâne contre le banc où il était enchaîné » pour être présenté au triomphe de l’amiral génois. L’amiral ligure Lamba Doria de son côté, perdit un fils dans la bataille, et le fit ensevelir dans cette mer, affirmant qu’il n’aurait pu y avoir de meilleure tombe que celle-là.
Comme il a été dit, les pertes de Gênes avaient été élevées, et la flotte décida de rentrer dans sa patrie, en renonçant à attaquer Venise-même, fait qui selon certains historiens aurait pu déterminer le déclin complet de la « Sérénissime ». Il n’en fut pas ainsi et les deux républiques épuisées en vinrent à la solution diplomatique.
En 1299 fut enfin signée la paix entre Gênes et Venise, sans vainqueur ni vaincu. Cependant la guerre entre la « Superbe » et la « Sérénissime » reprit entre 1350 et 1355, les pourparlers de paix scellant encore une fois une victoire militaire de Gênes et une égalité diplomatique.
8 septembre 1322 : bataille de Mühldorf (ou bataille d’Ampfing).
La bataille eut lieu près de Mühldorf am Inn, entre les forces de l’Autriche et du duché de Haute-Bavière. Les Bavarois étaient commandés par leur duc Louis de Wittelsbach, alors que les Autrichiens étaient commandés par son cousin Frédéric le Bel, duc d’Autriche issu de la maison de Habsbourg. Elle a marqué la fin du conflit militaire né des élections impériales de 1314 à la succession de l’empereur défunt Henri VII de Luxembourg. Louis s’impose et est finalement sacré empereur à Rome le . En vue de parvenir à une stabilité durable et à la réconciliation avec les Habsbourg, il reconnaissait son rival Frédéric comme co-régent.
***
À la suite de la double élection d’octobre 1314 les deux rivaux se disputaient le titre royal. Le pape Jean XXII observait une scrupuleuse neutralité entre les partis. Il qualifiait les deux adversaires de « Roi élu » (latin : reges electi) et considérant que l’empire était vacant il avait nommé le roi de Naples Robert d’Anjou comme « vicaire » en Italie.
Frédéric, encouragé par ses précédentes expéditions, décida de rejoindre ses alliés, l’évêque de Passau et l’archevêque de Salzbourg, à Mühldorf. Leurs armées se réunirent le , à proximité de Mühldorf, sur la rivière Inn. Frédéric y attendait en outre l’arrivée de nouvelles troupes, dirigées par son frère le duc Léopold 1er d’Autriche.
La bataille ne se déroula pas comme prévu pour les Autrichiens. Les troupes de Léopold d’Autriche, attendues à Mühldorf, n’arrivèrent pas à temps. De son côté, Louis de Wittelsbach, qui avait signé une alliance avec Jean 1er de Bohême et le burgrave Frédéric IV de Nuremberg, pouvait compter sur une armée puissante. Le combat inégal tourna rapidement en faveur de Louis de Wittelsbach, qui fit un bon millier de prisonniers parmi les chevaliers autrichiens. Le duc Ferry IV de Lorraine, et Frédéric lui-même, furent capturés. Après trois années de négociations au cours desquelles Louis de Bavière a été excommunié par le pape Jean XXII avec qui il est entré en conflit, il doit relâcher Frédéric, qui renonce à ses droits en mars 1325. Mais comme il avait encore des partisans, Louis doit conclure un accord de partage avec lui le à Munich, Frédéric reste une sorte de roi honoraire en conservant ses états patrimoniaux jusqu’à sa mort en 1330.
Ni la maison de Wittelsbach, ni les Habsbourg ne purent finalement affirmer leurs revendications sur le titre royal, qui, après la mort de Louis, en 1347, passa de nouveau à Charles IV, de la maison de Luxembourg. La bataille de Mühldorf est aujourd’hui considérée comme l’une des dernières batailles ayant opposé des chevaliers sans armes à feu.
8 septembre 1380 : bataille de Koulikovo entre les Mongols de la Horde d’or et les Russes (victorieux).
La bataille de Koulikovo ou du Champ-des-Bécasses est une bataille entre les Mongols de la Horde d’or et les Russes conduits par le grand-prince de Moscou Dimitri 1er Ivanovitch dans la plaine de Koulikovo, près du Don (actuellement dans l’oblast de Toula), et fut remportée par les Russes. Cette victoire entraîna le reflux des Mongols du Nord de l’Europe et valut à Dimitri 1er le surnom de Donskoï. Une église, dessinée par Alexeï Chtchoussev, commémore cette bataille.
***
Comme beaucoup d’autres territoires russes, Moscou a été conquise par les armées de Batu, le petit-fils de Gengis Khan, au XIIIe siècle et doit payer un tribut à la Horde d’or. Sous le règne du prince Dimitri 1er, la Grande-principauté de Moscou devient la plus puissante des principautés russes.
En 1370, le chef de guerre Mamaï accède au pouvoir sur la Horde d’or en devenant le régent du jeune khan. Il n’est pas un descendant de Gengis Khan, sa position reste donc vulnérable et il cherche à affirmer sa souveraineté sur les terres tributaires de la Horde d’or. En 1378, il envoie des forces s’assurer de l’obéissance du prince de Moscou, mais ces troupes sont vaincues à la bataille de la rivière Voja.
Deux ans plus tard, Mamaï en personne mène son armée en Russie. Cette armée est large et polyvalente, plus que les hordes mongoles du XIIIe siècle : reposant sur une cavalerie tataro-mongole traditionnelle, elle est aussi constituée d’unités de mercenaires ou de peuples soumis, par exemple des circassiens, des arméniens et surtout de l’infanterie italienne, les fameux Arbalétriers génois. Avant l’expédition, Mamaï négocie une alliance avec Ladislas II Jagellon, le grand-duc de Lituanie, et le prince Oleg de Riazan, un farouche ennemi de Dimitri. Les armées de Lituanie et de Riazan sont envoyées rejoindre celle de Mamaï, qui installe son camp sur les rives du Don.
Dimitri mobilise ses troupes et rejoint ses alliés à Kolomna pour résister à l’invasion. À la laure de la Trinité-Saint-Serge, il rencontre Serge de Radonège, qui bénit les armées russes avant la bataille. Dimitri sait que les forces de Lituanie et de Riazan approchent et décide d’attaquer Mamaï sans attendre. Le 7 septembre, les Russes traversent le Don.
Au matin du , avant que les renforts attendus par Mamaï ne soient arrivés, les deux armées s’avancent à la rencontre l’une de l’autre. La bataille s’ouvre par un combat singulier entre des champions des deux armées, duel qui se termine par la mort des deux adversaires. Dimitri échange son armure avec celle d’un jeune boyard, Mikhaïl Brenok, et se fait passer pour un chevalier ordinaire. La ruse réussit, car les Mongols attaquent la bannière du prince et tuent Brenok en croyant qu’il est le prince, Dimitri lui-même étant blessé durant la bataille.
Après approximativement trois heures de combats, les Russes, ayant subi de lourdes pertes, commencent à reculer devant les assauts des armées de la Horde d’or. C’est alors que la cavalerie du prince de Serpoukhov, un cousin de Dimitri, qui avait été laissée en embuscade, retourne le cours de la bataille en lançant une attaque surprise sur les arrières de l’armée adverse. C’est le signal de la contre-attaque pour les Russes et le début de la déroute pour la Horde d’or, dont les troupes fuient et sont poursuivies jusqu’à la nuit tombée, les Russes massacrant des dizaines de milliers d’ennemis. Mamaï s’échappe pour gagner la Crimée, où il est finalement assassiné par ses ennemis, laissant la Horde sous le commandement de Tokhtamych.
Au XVIIIe siècle, des tombes de héros tombés lors de la Bataille de Koulikovo ont été découvertes à proximité de l’Église de la Nativité-de-la-Vierge du vieux Simonov à Moscou.
Cette bataille a une grande importance symbolique pour l’unification des terres russes : l’historien Nikolaï Karamzine la tient pour le point de départ de l’unification de la nation russe.
Concrètement, les princes russes se crurent en force au point de refuser de payer le tribut aux Mongols, mais ceux-ci répliquèrent en saccageant et incendiant Moscou en août 1382, au cours d’un raid qui fit 24 000 morts. Le joug tatar se maintiendra encore un siècle, quoique les relations entre Russes et Mongols se transforment par des alliances au gré des événements.
Emission de Canal Académie avec Jean-Pierre Mahé et Pierre Gonneau (juillet 2022)
8 septembre 1429 : Jeanne d’Arc est nouvelle fois blessé durant l’attaque de Paris.
Dans la foulée du sacre, Jeanne d’Arc tente de convaincre le roi Charles VII de reprendre Paris aux Bourguignons et aux Anglais, mais il hésite. Après s’être arrêtée au château de Monceau, Jeanne mène une attaque sur Paris le , mais elle est blessée par un carreau d’arbalète lors de l’attaque de la porte Saint-Honoré. L’attaque est rapidement abandonnée et Jeanne est ramenée au village de la Chapelle.
Le roi finit par interdire tout nouvel assaut : l’argent et les vivres manquent, et la discorde règne au sein de son conseil. C’est une retraite forcée vers la Loire, l’armée est dissoute. Jeanne repart néanmoins en campagne : désormais elle conduit sa propre troupe et se considère comme une chef de guerre indépendante, elle ne représente plus le roi. Entraîneuse d’hommes, qu’elle sait galvaniser, elle dispose d’une maison militaire avec une écurie de coursiers, un écuyer et un héraut. Ses troupes luttent contre des capitaines locaux, mais sans beaucoup de succès.
8 septembre 1514 : bataille d’Orcha (actuelle Biélorussie).
Le grand-duché de Moscou tente d’envahir la Lituanie mais se fait battre de manière très nette par l’alliance du grand-duché de Lituanie et du royaume de Pologne.
En guerre contre la Lituanie depuis novembre 1512, une armée moscovite aux ordres du Grand Prince Vasili III prit Smolensk le 30 juillet 1514. En réaction, une force polono-lituanienne quitta la région de Wilna/Vilnius pour reconquérir la ville. Cette force comprenait environ 35 000 soldats repartis en 15 000 Lituaniens de l’armée régulière, 17 000 mercenaires polonais (infanterie, cavalerie, artillerie) et 3 000 cavaliers volontaires constitués par les magnats polonais.
Elle était commandée par le Duc Konstantin Ostrogski, Grand Hetman de Lituanie, Castellan de Vilnius, futur Voïvode de Trakai, son second étant le Voïvode de Kiev, Jerzy Radziwiłł. Les forces moscovites étaient deux fois plus nombreuses, aux ordres d’Ivan Andreevitch Czeladnin.
8 septembre 1566 : bataille de Szigetvár (ou Sziget).
Le siège de Szigetvár ou bataille de Sziget est un siège de la forteresse de Szigetvár, à Baranya (près de l’actuelle frontière hongro-croate) qui a arrêté la progression de Soliman vers Vienne en 1566. La bataille a opposé une garnison combattant au nom de la monarchie Habsbourg autrichienne sous le commandement du croate Nikola Šubić Zrinski aux forces des envahisseurs ottomans sous le commandement du sultan Soliman le Magnifique.
Après la bataille de Mohács en 1526, qui a entrainé la chute du royaume de Hongrie, l’empereur Ferdinand 1er est élu roi des nobles de Croatie et de Hongrie. Cette élection est suivie par une série de conflits avec les Habsbourg et leurs alliés, se battant contre l’Empire ottoman. Pendant la Petite Guerre de Hongrie (1529 – 1552), les deux parties s’épuisent, essuyant chacune de lourdes pertes. La campagne ottomane en Hongrie cesse jusqu’à l’assaut contre Szigetvár.
En , Soliman décide de partir en guerre une dernière fois. Le siège de Szigetvár a lieu du 5 août au , et s’est soldé par une victoire ottomane. Les deux belligérants ont tout de même enduré de lourdes pertes, dont leurs commandants respectifs : Zrinski lors de l’assaut final et Soliman dans sa tente de causes naturelles. Plus de 20 000 Turcs sont morts durant l’attaque et presque toute la garnison de Zrinski est anéantie, surtout lors du dernier jour du siège. L’armée ottomane, victorieuse mais affaiblie, ne continue pas vers Vienne comme prévu cette année-là. La ville n’est plus menacée jusqu’en 1683 lors de la bataille de Vienne, menée par Kara Mustafa Paşa.
La bataille prend une si grande importance que le cardinal de Richelieu, ecclésiastique et homme d’État français, la désigne comme la « bataille qui a sauvé la civilisation ».
8 septembre 1628 : bataille navale de la baie de Matanzas.
La bataille de la baie de Matanzas, qui eut lieu sur la côte nord de Cuba prés du site ou sera fondé plus tard la ville de Matanzas, permit à la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales de mettre la main sur un imposant trésor espagnol, convoyé par la Flotte des Indes, d’une valeur totale de onze millions de florins, essentiellement sous forme de pièces d’argent.
La flotte de 1628 fut capturée par le corsaire hollandais Piet Hein, sous la direction de l’amiral hollandais Witte de With, en compagnie de Hendrick Lonque et du vice-amiral Joost Banckert.
Une partie de la flotte espagnole a été prévenue de l’attaque à l’occasion de l’arrestation d’un mousse hollandais et s’abrite dans les colonies espagnoles avoisinantes, mais l’autre partie continue son chemin. 15 navires seront piégés auprès de ou dans la baie de Matanzas, sur la côte cubaine. Cette bataille est considérée comme une étape importante de l’affaiblissement de l’Espagne aux Antilles et comme un élément de motivation pour les corsaires et pirates qui vont dès lors essaimer un peu partout à travers la Caraïbe.
Piet Hein met ainsi la main sur un butin (or, argent et diverses richesses) valant très exactement 11,509 millions de florins en or, argent et denrées coloniales diverses.
C’est la plus grande victoire hollandaise dans les Caraïbes : lorsque Piet Hein retourne à Rotterdam, il y est accueilli en héros.
Ce trésor servira à financer l’armée hollandaise pendant 8 mois, mais aussi à verser des dividendes aux actionnaires de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui s’étaient fait tirer l’oreille pour investir lors de sa constitution en 1621-1623. Ainsi, plus de la moitié est distribué en dividendes de 25% en 1628 puis 50% en 1629.
Au-delà de ces dividendes et de ces huit mois, le reste de butin sera aussi utilisé pour armer une flotte de près de 70 navires, de dimensions très variables qui cingle en vers la colonie sucrière portugaise de Pernambuco, sur la côte brésilienne.
8 septembre 1793 : bataille de Hondschoote.
La bataille de Hondschoote (ou bataille d’Hondschoote) oppose les troupes de la République française à celles de la Première Coalition le (22 fructidor de l’an I). Le général Houchard bat le duc d’York et Albany et libère Dunkerque. Cette victoire est capitale pour la France de 1793, elle intervient après plusieurs défaites et aura un impact psychologique positif considérable d’autant plus qu’elle sera suivie peu de temps après par une nouvelle victoire française lors de la bataille de Wattignies.
***
Au mois d’, le prince de Cobourg occupe Condé, Valenciennes, Le Cateau. À Dunkerque, le général Souham, secondé par Hoche résiste vaillamment au siège mené par les troupes britanniques de Frederick d’York. Hondschoote est occupée par les troupes de Hanovre commandées par le maréchal Wilhelm von Freytag. Carnot ordonne au général Houchard de libérer Dunkerque.
Le 6 septembre, à la tête d’une armée de 40 000 hommes, Houchard marche sur Rexpoëde, Bambecque, Oost-Cappel. Le 8 septembre, après un assaut à la baïonnette des gendarmes à pied de Paris, il prend Hondschoote.
Le duc d’York et Albany lève précipitamment le siège de Dunkerque pour se réfugier à Furnes où il rejoint le reste des troupes de Freytag.
Accueilli en triomphe à Dunkerque, Houchard est cependant accusé de lâcheté pour avoir laissé s’enfuir les armées de la coalition. Destitué de ses fonctions, au profit de Jourdan, par le ministre de la Guerre Bouchotte, le tribunal révolutionnaire le condamne à mort. Il est guillotiné le .
Les troupes françaises sont concentrées autour de Cassel.
L’ennemi a installé son Quartier général à Wylder, où se trouve le Maréchal Freytag. Ce dernier a disposé ses troupes en une sorte de cordon d’observation destiné à protéger les troupes d’York, le cordon s’étend du sud de Bergues à Poperinge : détachements disposés à Crochte pour surveiller le secteur Grand Millebrugghe – Steene, à Esquelbecq, Wormhoudt, Herzeele, Houtkerque, Watou, Poperinghe avec en outre des hommes disposés à l’arrière, à Wahrem, Bambecque, Kruystraete, Roesbrugge, Hondschoote.
L’ordre de marche est donné aux troupes françaises le 6 septembre à 3 heures du matin. Les forces se scindent en différents éléments :
- une brigade, où se trouve le général d’Hédouville, rassemblée à Steenvoorde, est chargée d’enlever Poperinge. Le corps ennemi y étant positionné et craignant d’être coupé de ses arrières, se replie sur Ypres sans combattre. Les troupes françaises progressent rapidement de ce fait, passent de Poperinge à Proven, puis franchissent l’Yser à Rousbrugghe et se retrouvent le soir à Oost-Cappel, où elles bivouaquent.
- la brigade Colaud, rassemblée à Steenvoorde, enlève Watou, Houtkerque puis suit la brigade précédente et la retrouve à Oost-Cappel.
- la brigade Vandamme rassemblée à Godewaersvelde marche sur Westoutre, Reninghelst et vient bivouaquer à Proven.
- la brigade Mengaud rassemblée à Cassel doit attaquer Herzeele. Elle y rencontre une forte résistance ennemie.
- le gros de la division Jourdan rassemblée près d’Hardifort doit prendre Houtkerque. Après son succès, elle est dirigée vers Herzeele pour soutenir la brigade Mengaud.
- la division Landrin rassemblée à Cassel doit attaquer Wormhoudt. Elle sera ensuite dirigée vers Dunkerque pour contrer éventuellement toute tentative d’York de venir soutenir Freytag. Elle ne sera finalement d’aucune utilité dans le combat pour Hondschoote.
Finalement, en ce 6 septembre, les coalisés vont surtout résister à Herzeele, où se déroulent de durs combats. Le colonel Pruschenk, qui commande le détachement d’Herzeele, va même prendre l’offensive pour se diriger vers Winnezeele mais doit faire marche arrière, à la suite de l’arrivée du général Jourdan.
Les troupes françaises continuant d’avancer, l’ennemi qui a reculé jusqu’à Bambecque devra également quitter cette position pour se replier sur Rexpoëde.
Le soir du 6 septembre, les Français comptent s’installer à Rexpoëde, Jourdan restant à Herzeele.
Le maréchal Freytag, constatant la situation, ordonne un repli généralisé sur Hondschoote. Pour gagner cette ville, ignorant que les Français ont pris Rexpoëde, il compte utiliser le chemin le plus court entre son quartier général de Wylder et Hondschoote et se dirige donc vers Rexpoëde. Le combat est inévitable, les Français vont croire à une contre-attaque de l’ennemi. La confusion règne : l’état-major français et les représentants du peuple auprès de l’armée manquent d’être faits prisonniers, le repli français est décidé sur Bambecque. Le maréchal Freytag, capturé un temps par les Français, mais délivré quelques heures après lors d’un nouvel assaut des coalisés, est blessé et hors d’état de commander.
Peu de choses se passent le 7 septembre, les troupes se ravitaillent en munitions et en vivres. La journée est employée par le général en chef à reconnaître la position des alliés, retranchés d’une manière formidable dans Hondschoote. L’armée républicaine réoccupe les postes abandonnés la veille. La division d’Hédouville regagne Rexpoëde. La brigade Vandamme, qui en relève, va s’avancer vers Hondschoote et réussir à prendre pied à Killem.
Houchard commet la faute de détacher la division Landrin pour contenir l’armée de siège de Dunkerque, tandis que le point décisif se trouve à Hondschoote.
Sa précaution est utile. On a dit pour l’excuser qu’il eût été imprudent de livrer la bataille d’Hondschoote sans faire observer les 20 000 Britanniques campés à une lieue derrière lui, sous les ordres du duc d’York et Albany et d’Alvincy. La position de cette armée devant Dunkerque ne semble cependant nullement devoir être crainte pour les arrières de l’armée d’Houchard, à cause de la diversion suffisante que l’on peut toujours attendre de l’artillerie de la place et d’une sortie de la garnison.
Le 8 au matin, l’armée française s’ébranle en vue de l’attaque du village d’Hondschoote. L’aile droite, aux ordres d’Hédouville et Colaud, prend position entre Killem et Beveren, l’aile gauche s’installe entre le canal de Furnes et Killem et le centre de l’armée commandé par Jourdan se met en avant de ce dernier village. Les deux armées se trouvent engagées de front, à l’exception, pour l’armée française, du corps de Leclaire, qui avait été détaché pour se glisser le long du Lang-Moor, sur le flanc droit de l’ennemi. Jourdan, en s’avançant vers Hondschoote, rencontre dans une zone de taillis les tirailleurs hanovriens couvrant la position. Toutes les troupes ennemies se trouvaient concentrées sur une même ligne aux ordres du général allemand Walmoden, ayant pris le relais de Freytag, blessé.
L’ennemi, confiant en sa position bien défendue par des batteries rasantes, attendait les Français. Le combat s’engage bientôt avec la plus grande vivacité et les deux partis envoient successivement le gros de leurs forces, pour soutenir les corps avancés.
La résistance anime de part et d’autre les combattants. Les fossés, les haies, dont le pays est couvert, sont défendus âprement. Ce n’était pas un combat, dirent les témoins oculaires de cette action, ce n’était plus qu’une boucherie, un massacre au corps à corps. Cependant, le régiment de Brentano et une brigade hessoise, se font « hacher » par les soldats français, le général Conhenhausen ayant en outre été mortellement blessé, et la position tombe finalement au pouvoir des Français. Néanmoins les redoutes qui entouraient le village d’Hondschoote étaient encore occupées par 15 000 Britanniques ou Hanovriens, qui ne cessaient de foudroyer les armées françaises.
La résistance ennemie est si opiniâtre que Houchard, désespérant de la victoire, refuse à Jourdan l’autorisation d’assaillir ces redoutes, avec un corps de 10 000 hommes qu’il pouvait rassembler séance tenante. Ce dernier, constatant le retrait en désordre de ses tirailleurs et anticipant la nécessité de porter un coup décisif, sollicite et obtient du représentant Delbrel la permission, que le général en chef lui refusait. Formant une colonne de trois bataillons qu’il conservait encore auprès de lui, il s’avance vers les batteries.
Son exemple, tout comme celui du conventionnel Pierre Delbrel, voulant partager sa gloire et ses dangers, électrisent gradés comme soldats réunis à cet endroit. Blessé à cinquante pas des redoutes, Jourdan n’en continue pas moins d’avancer au pas de charge. Des soldats chantent avec vigueur le refrain de La Carmagnole, à l’instar d’un vieux grenadier français à la voix tonitruante, Georges, dont le bras venait d’être mutilé. D’autres entonnent à leur tour La Marseillaise.
Finalement, des cris de victoire se font entendre à la droite des retranchements. Le colonel Leclaire, qui commande le corps de gendarmerie à pied, s’étant vu détaché sur la droite, prend les retranchements ennemis à revers, après avoir parcouru avec ses soldats deux lieues au pas de course, en longeant les marais de la Moëre.
Le corps de gendarmerie à pied de Paris, ayant pu démontrer antérieurement autant de courage que d’indiscipline, était composé des anciennes Gardes-Françaises. Il emporte donc ces redoutes, non sans avoir été repoussé lors d’un premier assaut, ayant alors fait nombre de victimes parmi les Britanniques et Hanovriens attachés à leur défense. Les soldats qui suivaient Jourdan, enhardis par l’exemple de leurs camarades, renversent à la suite, tout ce qu’ils trouvent devant eux. Ils emportent ainsi le village d’Hondschoote, défendu par les Hanovriens de Walmoden, lors d’une attaque menée à la baïonnette. L’armée britannique est enfoncée sur toute la ligne et se retire en désordre vers Furnes, abandonnant aux vainqueurs 6 drapeaux, leurs canons et bagages.
Walmoden, parvenant tout de même à rallier ses troupes à quelque distance du champ de bataille, réintroduit un peu d’ordre dans la retraite qui s’exécute, à droite par Houtem vers Furnes,à gauche par Hoogstade, en longeant le canal de Loo. Walmoden fait ensuite prendre position en potence, la droite appuyée à Bulscamps et la gauche à Steinkerque (aujourd’hui Steenkerque en Belgique), pour couvrir, autant qu’il est possible, la retraite du corps de siège. Lors de ces trois journées, où les pertes furent équivalentes de chaque bord, l’ennemi eut à peu près 4 000 hommes tués, blessés ou prisonniers.
Les troupes britanniques et hanovriennes avaient tout de même démontré sang-froid, courage et ténacité mais furent renversées finalement, du fait qu’elles avaient à combattre des Français bien plus motivés par un récent mais néanmoins fervent républicanisme ainsi que par la perception des dangers menaçant la patrie.
8 septembre 1796 : bataille de Bassano.
La bataille de Bassano eut lieu le , pendant les guerres de la Révolution française, dans la province italienne de Vénétie, entre les forces françaises du général Bonaparte et les forces autrichiennes du comte Wurmser. La bataille se solda par une victoire française. Dans leur retraite, les Autrichiens abandonnèrent artillerie, bagages et approvisionnement.
***
Bonaparte était arrivé le 8 septembre devant Bassano. Wurmser, surpris dans cette position, résolut néanmoins de recevoir la bataille qu’il aurait pu éviter en rétrogradant dans la direction où se trouvait son avant-garde. Sebottendorf et Quasdanowich furent postés sur un rideau en avant de Bassano, parallèlement à la Brenta. Le quartier général, avec quelques troupes d’élite, resta dans Bassano. Les pontons et l’artillerie étaient en arrière sur la route de Cittadella.
L’armée française, en débouchant des gorges près de Solagna, rencontra les bataillons d’avant-garde qui y avaient été postés.
Augereau se porta aussitôt avec sa division sur la rive gauche de la Brenta, détachant sur la rive droite la 4e demi-brigade de deuxième formation, qui fut suivie par la division Masséna.
Il était à peine sept heures du matin quand le combat commença par une vive fusillade de tirailleurs que soutint presque aussitôt l’artillerie légère en batterie sur les deux rives. Les Impériaux forts de leur position, et encouragés par les exhortations de leurs chefs, soutinrent quelque temps le choc des Français. Ils furent enfin culbutés par une charge vigoureuse de la 5e demi-brigade légère de deuxième formation et de la 4e demi-brigade, le désordre devint général en quelques instants. Murat lança sur eux quelques détachements de cavalerie qui les poursuivirent l’épée aux reins.
Une partie s’enfuit dans la direction du camp de Quasdanowich, l’autre du côté de Bassano leur arrivée répandit l’épouvante sur ces deux points. Par suite d’un malentendu, les pontons et la réserve d’artillerie, qui auraient dû suivre la route de Cittadella, rentrèrent en ce moment dans Bassano, ce qui porta la confusion au comble.
Les Français y arrivaient de l’autre côté. Augereau entra dans la ville au pas de charge et par la gauche, pendant que Masséna y pénétrait par la droite suivi de sa division et de la 4e demi-brigade, dont une partie à la course et une partie en colonnes serrées. Les soldats républicains se précipitèrent sur les pièces qui défendaient le pont de la Brenta et les enlevèrent malgré la résistance des artilleurs autrichiens qui se firent bravement tuer sur leurs canons. Le pont fut franchi et les soldats de Masséna entrèrent de vive force dans la ville, où ils eurent encore a vaincre la résistance désespérée de la réserve de grenadiers, élite de l’armée autrichienne, chargée de protéger la retraite du quartier général. Leur dévouement héroïque permit seul à Wurmser de sortir de Bassano, vivement poursuivi par un détachement des guides du général Bonaparte, il fut même sur le point d’être pris dans une charge avec le trésor de l’armée impériale.
Wurmser gagna Fonteniva, ou il passa la Brenta. Quasdanowich, débordé par sa gauche et ne pouvant se replier sur Vicence, fut contraint de se jeter dans le Frioul. De toute son armée, le maréchal ne put rallier dans sa déroute que 10 000 fantassins, totalement découragés, et 6 000 cavaliers, moins démoralisés parce qu’ils n’avaient pas eu à combattre.
8 septembre 1855 : prise de la redoute de Malakoff (campagne de Crimée).
Le général de Mac Mahon mène lui-même les colonnes d’assaut des zouaves au combat et met fin à l’interminable siège de Sébastopol, ainsi qu’à la meurtrière campagne de Crimée, qui a vu pour la première fois (depuis plusieurs siècles) s’allier la France (Napoléon III) et l’Angleterre, aux côtés de la Turquie face à la Russie (Nicolas 1er).
Pour la petite histoire, la légende raconte que le commandant du corps expéditionnaire, le général Pélissier, s’inquiétant de voir son subordonné trop exposé lui aurait enjoint à plusieurs reprises de se retirer, ce à quoi Mac Mahon lui aurait finalement répondu par télégraphe : « J’y suis, j’y reste ! ». Les Russes en se retirant de la redoute l’avait minée et s’apprêtaient à la faire exploser avec Mac Mahon et ses forces d’assaut lorsque les sapeurs français en creusant pour améliorer les défenses des zouaves ont fort heureusement mais involontairement coupé les lignes de mise à feu russes.
NB : le général puis Maréchal Mac Mahon sera en 1873 un des premiers présidents de la République française.
8 septembre 1914 : premier duel aérien mortel austro-russe.
Le tout premier combat aérien avait eu lieu le 15 août 1914 sur le front serbe, lorsqu’un pilote autrichien et un pilote serbe ont échangé des coups de pistolet. Mais sans aucun dégât.
Au début de la Première Guerre mondiale, le capitaine Piotr Nesterov était l’un des pilotes russes les plus expérimentés (il fut le premier à effectuer une boucle, en 1913).
Au début du conflit Nesterov est affecté au front du sud-ouest, participant aux combats autour de Lemberg. Il effectue des vols de reconnaissance et des premiers bombardement avec des obus d’artillerie.
Au cours de sa 28e mission, le 8 septembre 1914 (25 août dans le calendrier orthodoxe), dans la région de Lviv (non loin de Jovka), volant sur son Morane-Saulnier Type G, il aperçoit une formation de trois avions de reconnaissance autrichiens Albatros B.II du FLIK 11, qui décollent de Zólkiew. L’avion de tête est piloté par le sergent František Malina (un Tchèque) avec le lieutenant baron Friedrich von Rosenthal comme observateur.
N’ayant pas d’arme, Nesterov tente de forcer l’Albatros de tête à atterrir, mais échoue. Désireux de détruire l’avion ennemi, il le percute avec son propre avion. Comme c’était courant à l’époque, Nesterov n’était pas sanglé et il est éjecté de son avion, mourant de ses blessures le lendemain. L’avion autrichien s’écrase également et son équipage meurt également.
Nesterov a été enterré à Kiev, dans l’Empire russe. Sa méthode d’éperonnage a été utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale par un certain nombre de pilotes soviétiques avec succès et sans perte de vie. La technique est devenue connue sous le nom de taran (bélier).
Un pilote qui percutait un avion pouvait utiliser le poids de l’avion comme bélier, ou bien il pouvait essayer de faire perdre le contrôle de son avion à l’ennemi, en utilisant l’hélice ou l’aile pour endommager la queue ou l’aile de l’ennemi. Le bélier avait lieu lorsqu’un pilote était à court de munitions mais avait toujours l’intention de détruire un ennemi, ou lorsque l’avion avait déjà été endommagé au-delà de toute possibilité de sauvetage. La plupart des éperons se produisaient lorsque l’avion de l’attaquant avait une valeur économique, stratégique ou tactique inférieure à celle de l’ennemi, comme lorsque des pilotes pilotaient des avions obsolètes contre des avions supérieurs, ou lorsqu’un homme risquait sa vie pour tuer plusieurs hommes. Les forces de défense recouraient plus souvent au bélier que les attaquants.
Une attaque à l’éperon n’était pas considérée comme suicidaire au même titre que les attaques kamikazes : le pilote qui l’éperonnait avait une chance de survivre, même si c’était très risqué. Parfois, l’avion qui l’éperonnait lui-même pouvait survivre et effectuer un atterrissage contrôlé, mais la plupart étaient perdus en raison de dommages au combat ou du fait que le pilote sautait en parachute. L’éperonnage était utilisé dans la guerre aérienne dans la première moitié du XXe siècle, au cours des deux guerres mondiales et dans l’entre-deux-guerres. Avec les avions à réaction, à mesure que les vitesses de combat aérien augmentaient, l’éperonnage est tombé en désuétude : la probabilité d’exécuter avec succès (et de survivre) une attaque à l’éperonnage s’approchait de zéro. Cependant, cette tactique est toujours possible dans la guerre moderne.
Trois types d’attaques par bélier ont été menées :
- Utiliser l’hélice pour passer par derrière et couper les commandes de queue de l’avion ennemi. C’était l’opération la plus difficile à réaliser, mais elle offrait les meilleures chances de survie.
- Utiliser l’aile pour endommager l’ennemi ou provoquer une perte de contrôle. Certains avions soviétiques comme le Polikarpov I-16 avaient des ailes renforcées à cet effet.
- Attaque directe avec l’avion entier. C’était l’option la plus simple mais aussi la plus dangereuse.
Les deux premières options étaient toujours préméditées mais nécessitaient un haut niveau de compétence de pilotage. La dernière option pouvait être préméditée ou résulter d’une décision rapide prise au cours du combat ; dans les deux cas, elle tuait souvent le pilote attaquant.
8 septembre 1917 : fin de la bataille de Mărășești (Roumanie).
À partir du 6 août, les armées allemandes du général von Mackensen tentent de percer le front entre la rivière Siret et les Carpates dans l’Est de la Roumanie. Face à elles, le général Grigorescu résiste avec la 1re Armée roumaine sur la petite partie de territoire encore souveraine. La progression des allemands est minime et le front résiste.
À noter que l’armée roumaine bénéficie d’une assistance militaire française sous les ordres du général Berthelot. Ce dernier a initié une réorganisation, un changement de doctrine, et un rééquipement à partir de matériel français. La bataille est considérée comme le Verdun roumain.
Aujourd’hui à Marasesti, un mausolée abrite le corps du général Grigorescu ainsi que les restes de 6 000 soldats morts durant cet engagement. Sur Berthelot en Roumanie, lire l’ouvrage de Michel Roussin, Sur les traces du général Berthelot.
- Pertes roumaines : 27 000 tués, blessés et prisonniers.
- Pertes russes : 25 000 tués, blessés et prisonniers.
- Pertes allemandes : 65 000 tués, blessés et prisonniers.
8 septembre 1922 : Naissance de Natalia Fiodorovna Mekline, pilote de bombardier Polikarpov Po-2
Natalia Fiodorovna Kravtsova, née Mekline, était une pilote de bombardier soviétique dans le 588 NBAP, un des trois seuls régiments d’aviation entièrement féminin pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles sont surnommées « les sorcières de la nuit » (lire l’article sur TB) par leurs adversaires allemands.
***
Mekline est née le à Loubny alors dans la République Socialiste Soviétique d’Ukraine. Elle passe son enfance et son adolescence à Smila, Kharkiv et Kiev. Elle est diplômée de l’école secondaire à Kiev, en 1940. Elle entre au Parti communiste de l’Union soviétique en 1943.
En 1940, elle rejoint l’école de planeur au Palais des Jeunes Pionniers de Kiev et est diplômée de l’Institut d’aviation de Moscou l’année suivante. En octobre, elle demande à rejoindre le 588 NBAP fondé par Marina Raskova. Le régiment est devenu plus tard le 46e Régiment d’aviation de bombardement de la garde de nuit de Taman. En 1942, après avoir obtenu son diplôme d’aviation à l’école d’aviation d’Engels, elle est envoyée sur le front. À l’âge de 19 ans, elle est déployée en tant que commandante d’escadron, réalisant des missions de bombardement sur le Front du Sud, le Front du Nord-Caucase, le Quatrième front ukrainien et le Deuxième front biélorusse dans un bombardier léger, un Polikarpov Po-2.
À la fin de la guerre, elle a fait 982 missions de nuit et lâché environ 147 tonnes de bombes sur le territoire ennemi. En tant que lieutenant de la Garde, elle reçoit le titre d’Héroïne de l’Union soviétique le . Elle devient officier de réserve en
8 septembre 1923 : catastrophe maritime américaine (Honda point – Californie).
Après des manœuvres au large de San Francisco, 14 destroyers américains font route au Sud, en longeant la côte californienne pour rejoindre leur base à San Diego. Naviguant à 20 nœuds et en colonne, ils se fient au navire de tête qui malgré le brouillard ne ralentit pas sa cadence, y compris lorsqu’il vire à bâbord croyant emprunter le chenal de Santa Barbara. Il s’échoue sur la côte. Le commandant échoué pense avoir heurté une île et non la côte, estimant mal, à nouveau, sa position. Il ordonne aux navires qui le suivent de virer pour pense-t-il éviter l’île, mais les envoi sans le savoir sur la côte. La moitié du convoi s’échoue. 23 marins disparaissent.
8 septembre 1940 : mort en combat aérien du capitaine Roger Ritoux-Lachaud, Compagnon de la Libération.
Roger Ritoux-Lachaud est né le 22 janvier 1902 à Talais en Gironde.
Industriel installé en Algérie et officier de réserve dans l’armée de l’Air, le capitaine Ritoux-Lachaud sert, au moment de l’armistice, comme observateur au groupe de bombardement 1/61 à Youks-les-Bainsbase située à proximité de Tébéssa en Algérie.
Le 1er juillet 1940 après-midi, deux bombardiers Glenn Martin 167 du groupe de bombardement 1/61, décollent de Youks-les-Bains et mettent le cap à l’est, à destination de l’Egypte. A bord sont cinq aviateurs qui refusent de déposer les armes après l’Armistice. Le premier avion, piloté par l’adjudant Raymond Rolland, emmène le capitaine Roger Ritoux-Lachaud, officier observateur.
Le second, est piloté par l’adjudant-chef Yves Trécan accompagné par le capitaine Jacques Dodelier, observateur, et le sergent-chef Robert Cunibil.
Les deux avions se posent à Marsa Matrouh après quatre heures et demie de vol. Les aviateurs font part de leur intention de continuer le combat et, deux heures après, les deux Glenn Martin décollent à nouveau. Guidés par un petit appareil de liaison britannique, ils se rendent au quartier général de la Royal Air Force à Bogush. Le lendemain, les deux avions se posent à Héliopolis en Egypte.
Le 8 juillet, les cinq évadés s’engagent dans la RAF Volunteer Reserve et forment, avec le renfort d’une dizaine d’autres dissidents, dont le lieutenant observateur Pierre de Maismont et le sergent mécanicien René Bauden, la première des trois petites unités aériennes françaises constitués au sein de la RAF. Il s’agit du Number One French Bomber Flight constitué avec les deux Glenn Martin.
Le 13 juillet, l’unité quitte Héliopolis pour Aden où elle arrivera le lendemain en fin de matinée, jour de la fête nationale, après avoir passé la nuit à Port-Soudan. Au cours du trajet, le Glenn Martin du Warrant Officer Trécan, avec Dodelier et Cunibil à bord, s’écarte volontairement de sa route et survole pour une reconnaissance à vue les villes de Massaoua et d’Assab, tenues par les troupes italiennes. Il s’agit là de la première mission de guerre effectuée contre l’ennemi par un équipage français « dissident ».
Le même jour, dans l’après-midi, le Glenn Martin du Flight Sergeant Raymond Rolland avec le Flight Lieutenant Ritoux-Lachaud à bord, transporte le colonel de Larminat qui se rend à Djibouti pour y rencontrer le général Legentilhomme.
Au cours d’une mission sur Addis Abeba, le 8 septembre 1940, son appareil est abattu en combat aérien par un chasseur italien. Le capitaine Ritoux-Lachaud tente de sauter en parachute mais celui-ci reste attaché à l’avion qui s’écrase au sol. Disparaissent avec lui l’adjudant pilote Rolland et le sergent mitrailleur Lobato de Faria.
Il est inhumé au War Cemetery d’Addis Abeba en Ethiopie.
• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 20 août 1941
• Croix de Guerre 39/45
• Médaille de la Résistance
8 septembre 1941 : début du siège de Leningrad.
Le siège de Léningrad est le siège de près de 900 jours imposé à la ville de Léningrad par la Wehrmacht au cours de la Seconde Guerre mondiale. Commencé le , le siège fut levé le par les Soviétiques, qui repoussèrent les Allemands malgré des pertes humaines colossales (1 800 000 victimes, dont près d’un million de civils).
Avec 872 jours, ce siège est le plus long de l’histoire moderne jusqu’à celui de Sarajevo au début des années 1990 (1 425 jours).
Le , afin de rendre hommage à ceux qui par leur action militaire ou civile ont contribué à repousser les troupes allemandes, le gouvernement soviétique a instauré la médaille pour la Défense de Léningrad.
8 septembre 1943 : début de la libération de la Corse.
La Libération de la Corse (nom de code opération Vésuve) pendant la Seconde Guerre mondiale est une opération militaire effectuée du au par l’Armée française, à l’initiative du général Henri Giraud, alors coprésident du CFLN, contre l’avis du général de Gaulle, lui aussi coprésident du CFLN, qui trouvait l’opération risquée et voulait attendre un accord et une aide substantielle des Alliés. Les opérations ont été faites par une partie de l’Armée française de la Libération, avec l’assistance des Maquis corses et la complicité des Forces armées italiennes d’occupation. La Corse devient alors une base d’aviation pour les Alliés, facilitant la libération de l’Italie commencée quelques mois auparavant et devant s’intensifier. Cette opération qui est le premier acte de la Libération de la France, met ainsi fin à une année d’occupation de l’île par les forces de l’Axe.
***
Après l’armistice du 8 septembre, le général Magli reçoit le commandant français libre Colonna d’Istria pour se mettre d’accord sur des plans opérationnels communs. Le Comité de libération occupe la préfecture d’Ajaccio et contraint le préfet de Vichy à signer le ralliement de la Corse au Comité français de la Libération nationale, le CFLN.
À Bastia, les Italiens ouvrent le feu contre des avions et des navires allemands. Le , se déroule la bataille navale de Pietracorbara, dans le port de Bastia, le destroyer Aliseo, sous le commandement du capitaine Carlo Fecia di Cossato, avec la corvette Cormorano, réussit dans une action héroïque à couler sept navires allemands, en endommageant trois autres.
Le village de Levie Alta Rocca se lève face aux soldats de la division SS Reichsführer ; cet acte lui vaut d’être honoré par l’attribution de la croix de guerre avec palme et une citation à l’ordre de l’armée. Dès le , les résistants corses et les soldats italiens attaquent les troupes allemandes qui avaient commencé leur mouvement en direction du sud. Pendant plus de dix jours, ces derniers mènent une lutte sans merci. Malgré les contre-attaques, l’exécution de deux résistants insulaires et l’ultimatum allemand menaçant de raser le village, les insulaires se maintiennent sur le terrain au prix de dix morts et plus de dix blessés avant l’arrivée des Forces françaises libres. Grâce aux habiles dispositions prises, au calme de ses chefs et au courage de tous, les Allemands rebroussent chemin, laissant plus de 200 morts, environ 400 blessés, 20 prisonniers, plus de 30 véhicules blindés, des armes, des munitions et des vivres.
À partir du 11, le général Giraud, ayant nommé le général Henry Martin commandant interarmées et interalliés avec pour mission de libérer la Corse, envoie de son propre chef 109 hommes du bataillon de choc sous les ordres de Gambiez à bord du sous-marin Casabianca commandé par le capitaine de frégate Jean L’Herminier. Le sous-marin Casabianca arrivent à 1h le 13 aux abords de Ajaccio. Le bataillon de choc débarque dans le port d’Ajaccio dans la nuit.
Dès le lendemain, dans la nuit du 13 au 14, et jusqu’à la fin septembre, l’acheminement massif de matériels et de troupes entre Alger et Ajaccio, reposant sur plusieurs milliers de goumiers et tirailleurs marocains, est effectué par la 10e division de croiseurs légers, avec Le Fantasque et Le Terrible, commandée par le capitaine de vaisseau Perzo, avec la contribution occasionnelle des croiseurs Jeanne d’Arc et Montcalm et des torpilleurs Alcyon et Tempête. Le colonel Deleuze délégué de l’état-major du 1er corps d’armée débarque aussi dans la nuit. Le général Giraud en informe le CFLN qui lui reproche le noyautage de l’île par les communistes du mouvement Front national. Le général Giraud paiera de la perte de la coprésidence du CFLN le fait d’avoir mené cette opération de sa seule initiative, sans en avoir informé au préalable le CFLN dont il faisait partie, bien que celui-ci le félicite pour sa réussite et lui laisse les mains libres pour terminer l’opération.
L’offensive de l’Armée française de la Libération débute le 14, lorsque 6 600 soldats de la 4e division marocaine de montagne sont débarqués à Ajaccio depuis Alger, soutenus par la Royal Air Force et l’United States Army Air Forces afin d’intercepter les unités allemandes en pleine débâcle. L’opération maritime de débarquement, effectuée sous la responsabilité de la 10e D.C.L., permet également de conduire sur l’île, dès le , le nouveau préfet de Corse nommé par le CFLN, Charles Luizet.
Le 17, le colonel Deleuze rencontre le général italien Magli à Ajaccio puis à Corte afin de coordonner les mouvements des troupes alliées et italiennes. Le 21, Giraud arrive en Corse. Sartène est définitivement libérée le 22. Un bataillon de choc américain de 400 hommes rejoint également les forces françaises.
Le 18, le bataillon de choc se scinde en deux pour venir aider des partisans dans la région de Levie et pour affronter les troupes ennemies près de Porto-Vecchio.
Le 20 et 21, diverses unités débarquent comme le 1er RTM et une partie du 2e GTM pour soutenir les troupes déjà arrivées. Le général Giraud se rend à Ajaccio pour coordonner les futures opérations sur Bastia.
Le 22, le général Louchet installe son PC à Corte. Le bataillon de choc poursuit son avancée.
Le 23, les troupes de choc et les résistants corses atteignent Porto-Vecchio. Les troupes italiennes de la division d’infanterie Friuli joueront un rôle déterminant, avec la participation des troupes coloniales marocaines, en prenant le col de San Stefano le puis le col de Teghime le . Le 23 septembre, Giraud retourne à Alger.
Le 24, une partie du bataillon de choc progresse à l’est de Saint-Florent tandis que des éléments du 2e GTM avancent vers Ponte-Leccia.
Le 29, le 2e GTM et un escadron de char du 4e RSM s’installent à Casta. Casta que rejoint le général Martin dans la nuit.
Durant la nuit séparant le 29 et le 30 septembre, les assauts sur Bastia commencent. L’objectif est d’empêcher les troupes allemandes de s’enfuir en Italie. Les combats commencent avec les 1er et 6e Tabors qui atteignent le col de Saint-Léonard pour ensuite poursuivre vers Patrimonio. En parallèle, une compagnie du bataillon de choc explore le Cap Corse à la recherche de troupes ennemies. Le 1er RTM prend le contrôle du col de San-Stefano. Une nouvelle rencontre est organisée avec le général Magli mais cette fois-ci avec la présence en personne du général Martin mais aussi du général Peake alors représentant du commandement en chef des troupes alliés.
Le 1er octobre les assauts se poursuivent. Le 1er RTM atteint le col de San-Antonio. Le Tabor rejoint l’ouest de la cime Orcacio avant de revenir sur Serra-Di-Pigno. Sur le Cap Corse, le bataillon de choc repousse des troupes ennemies vers Porticciolo et Pietracorbara et pacifie la région de Parimonio.
Le 2, le col de Teghime est évacué par les Allemands ainsi que Santa-Severa. Sur le front Sud, les ennemis évacuent la Barchetta. Le 1er Tabor atteint la cime Orcaio et le 1er RTM tient le col de Sant-Antonio. Le général Louchet déplace son PC à Saint-Florent.
Le 3, le 1er RTM prend position à Furiani et des avant-gardes blindés de reconnaissance du 4e RSM atteignent Pino. Les Tabors poussent vers Cadro.
Le 4 octobre 1943, le 73e goum du 6e Tabor entre dans Bastia à 5h45 suivi du bataillon de choc et du 1er RTM puis de l’escadron de reconnaissance du 4e RSM. L’arrière-garde ennemie avait abandonné une importante quantité de matériel en fuyant peu avant l’arrivée des Français. Dès lors, les combats cessent dans l’ensemble de la Corse.
8 septembre 1943 : opération Starkey (au large de Calais).
Exercice naval allié ayant une triple vocation : préparer réellement le débarquement en Normandie (Overlord). Faire croire que c’est une véritable opération et ancrer dans l’esprit des Allemands que c’est autour de Calais (et non pas en Normandie) que le débarquement aura lieu. Fixer en France un maximum de troupes ennemies alors que l’effort allié a lieu en Sicile et en URSS à ce moment-là.
8 septembre 1944 : premier missile V2 sur Paris.
Le premier missile V2 ou Vergeltungswaffe (Vengeance) est lancée depuis la Belgique par les Allemands contre Paris (Maisons-Alfort). Le V2 est l’ancêtre des missiles balistiques et des lanceurs spatiaux. L’impact de cette arme, comme la fusée V1, est d’ordre psychologique. Le V1 et le V2 ont alimenté la propagande de Joseph Goebbels, mais ne permettront pas de changer l’issue de la guerre.
8 septembre 1951 : signature du traité de paix de San Francisco.
Le Japon, 6 ans après sa capitulation, signe un traité de paix avec ses ex-ennemis. Il s’engage à payer des compensations aux pays occupés (Birmanie, Philippines, Indonésie et Viet Nam) et reconnait l’indépendance de la Corée, la perte de l’actuelle Taiwan, les îles Kouriles et Pescadores. L’URSS et la Chine populaire ne signent pas en raison de différends concernant les îles Kouriles et les îles Spratley. Différend toujours d’actualité.
8 septembre 1975 : évacuation de ressortissants à Anjouan (Comores).
Le TCD Ouragan avec le commando Trepel évacuent des ressortissants français mis en danger par les coups de main qui suivent la déclaration d’indépendance de l’État comorien (6 juillet 1975).
8 septembre 1980 : mort à 89 ans de l’écrivain Maurice Genevoix, romancier français, membre de l’Académie française, secrétaire perpétuel de 1958 à 1974.
8 septembre 1994 : les Alliés quittent Berlin.
Après 49 ans d’occupation de la ville, les Alliés quittent Berlin. Divisée en 4 secteurs d’occupation (américain, britannique, français et soviétique), juste après la Seconde Guerre mondiale, l’ancienne capitale du Reich devient le symbole de l’affrontement Est-Ouest naissant.
En 1948, les soviétiques tentent vainement d’asphyxier la zone ouest au cours d’un blocus de plusieurs mois. En août 1961, la construction du « mur de la honte » débute, partageant en deux, non seulement Berlin mais toute l’Europe. 28 ans plus tard, le 9 novembre 1989, le mur tombe entraînant la réunification de l’Allemagne (1990) et la chute du bloc soviétique (1991). Berlin est à nouveau capitale de l’Allemagne.
Allocution de François Mitterrand, Président de la République, sur la présence française à Berlin, le retrait des troupes alliées et la poursuite de la coopération franco-allemande, Berlin le 8 septembre 1994.
Monsieur le Président, monsieur le Chancelier, monsieur le Premier ministre, monsieur le secrétaire d’Etat, monsieur le maire,
– Mesdames et messieurs, avec le départ de Berlin des troupes américaines britanniques et françaises, quelques jours après celui des troupes russes, vous venez de le dire et de le dire fort bien, pardonnez-moi de le répéter, mais j’engage mon pays. C’est une page dramatique de l’histoire contemporaine qui est tournée et c’est pour moi, et j’imagine pour vous tous ici présents, un moment d’intense émotion.
– Il est aisé de se souvenir qu’il y a cinq ans encore, pas même, le mur coupait en deux Berlin, l’Allemagne, l’Europe, deux façons d’imaginer la vie en société, la culture, l’avenir de l’homme, la vie quotidienne. Et puis ce furent des journées au cours desquelles le peuple allemand dans beaucoup de ses cités, je dirais Berlin, Leipzig et bien dans d’autres encore, bouscula l’état de choses établi et entreprit avec un courage et une détermination admirables sa marche vers l’unité. Partout en Europe, l’ordre ancien faisait place à une situation nouvelle fondée heureusement sur la démocratie, le respect des droits de l’Homme et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Pour les forces françaises qui quittent aujourd’hui Berlin, avec, je dois le dire, la fierté du devoir accompli et le sentiment d’avoir exécuté leur mission avec succès. Car nous le savons bien : si ce que fut le bloc communiste s’est effondré, si partout ou presque partout dans ces pays de l’Europe centrale et orientale, des gouvernements démocratiquement élus sont désormais en place, nous le devons pour une large part, à la fermeté et à la solidarité dont les alliés occidentaux, près d’un demi-siècle durant, ont su faire preuve et d’abord ici dans cette ville.
– Bien entendu, cela n’a été possible qu’en raison de la relation tout à fait particulière et confiante qui s’est établie entre ces forces alliées et les élus, les dirigeants de cette ville. Il nous faut aussi leur rendre hommage. Hommage que je veux répandre en direction de tous, je parle des Français pour l’instant, je pourrais parler des autres de la même façon qui, généraux, officiers, sous-officiers, militaires du rang, tout au long de ces années, ont, comme vous l’avez si bien dit, monsieur le Chancelier, défendu la liberté et les valeurs démocratiques à Berlin. Ils ont reçu au cours des mois et des semaines passées, des témoignages de reconnaissance, d’estime et d’amitié de la part de la population berlinoise qu’à mon tour je veux remercier au-delà de cette salle lors de cérémonies dont il faut signaler la chaleur et la dignité. Je crois que tous les artisans de cet événement majeur doivent être une nouvelle fois aujourd’hui au premier rang de nos pensées.
– Ils quittent Berlin en amis, après tout cela pourrait paraître paradoxal, vous aviez raison de le dire, il s’agit d’un événement unique en son genre qui marque l’orée des temps nouveaux en Europe. Et ce n’est plus en tant que puissances occupantes que nous étions ici, américains, britanniques, français, mais en alliés, vous l’avez rappelé à l’instant, en « puissances protectrices ». C’est une belle expression de la langue allemande. Les liens de confiance se sont noués. Nous avons appris à mieux nous connaître dans les épreuves affrontées côte à côte, je pense en particulier au blocus des années 1948-1949, mais d’autres épreuves ont suivi. Je me souviens, en 1990, avoir dit au Chancelier : « Maintenant, il va falloir songer à ce que toutes nos troupes quittent votre pays » et le Chancelier m’a répondu : « Pourquoi ? », « Je pense qu’il n’est pas sain que des forces militaires d’un pays soient stationnées dans un autre, cela peut entraîner des malentendus ». Et j’ai reçu à la suite de cela, des protestations d’un certain nombre de villes allemandes qui me disaient : « Mais on s’entend très bien, pourquoi voulez-vous nous séparer ? ». Il était sage de procéder comme on l’a fait, mais je me réjouis de la manière dont cela s’est accompli.
– Donc, nous quittons Berlin en amis, et nous y reviendrons sous une autre forme, sur la même base car les liens qui se sont tissés, de cette manière ont des racines désormais profondes. En France, les très nombreux cadres d’active et les jeunes qui sont venus d’année en année accomplir leur service militaire dans les régiments du 46e Régiment d’Infanterie et du 11e Chasseurs, ont pu mesurer l’engagement des Alliés au service de la liberté et pour la défense de la ville. Ils ont gardé le souvenir d’une expérience unique, concrétisée par le sentiment fort d’une histoire commune avec les Berlinois, avec l’ensemble des Allemands et avec nos amis alliés.
Il était juste, je crois, au moment de fermer ensemble, solennellement, ce chapitre très fort de notre histoire, de tenter d’en garder la mémoire. Et je veux dire ma reconnaissance, tout particulièrement à vous, représentants des autorités allemandes, et à vous, monsieur le Chancelier, de l’initiative prise, il y a quelques jours ici à Berlin, d’un « musée des Alliés », qui unira nos pays dans le souvenir.
– Certes, le triomphe de la liberté ne va pas sans nouveaux dangers pour la paix. La société humaine n’est jamais paisible et celui qui croira qu’il a mis un point final aux difficultés inhérentes à la poursuite des affaires humaines se trompera gravement. S’il perdait un instant sa vigilance, il en subirait vite la conséquence. La preuve, ces multiples conflits, et pas seulement ceux de l’ancienne Yougoslavie qui, à l’heure actuelle, se déroulent sur le sol de l’Europe.
– Eh bien, il nous appartient de faire face à ces nouvelles menaces. Cela suppose que nous sachions maintenir notre solidarité, remarquablement construite sur une histoire souvent antagoniste, nos intérêts ne sont pas les mêmes, mais chacun de nos intérêts nationaux est d’une nature inférieure à la nature de nos intérêts communs lorsqu’il s’agit de bâtir l’histoire de notre continent.
– Nos objectifs demeurent convergents : maintenir vivantes les institutions qui ont fait leurs preuves, et d’abord, bien sûr, l’Alliance atlantique, dans laquelle nous sommes tous, en même temps que se développent les idées nouvelles qui correspondent à l’évolution des temps, le développement de l’Union européenne occidentale et d’une défense européenne commune qui sont complémentaires de l’Alliance. Et il nous faut savoir prendre des initiatives qui répondront aux situations nouvelles. Poursuivre l’approfondissement de la construction européenne. C’est là que se trouve le pôle de rayonnement et de stabilité de l’Europe toute entière pour ceux qui en sont, et pour ceux qui n’en sont pas. L’Union européenne a joué un rôle déterminant dans les bouleversements de l’Est, elle reste une priorité car nous ne sommes pas au quart du chemin, il faut préparer l’entrée dans cette union des jeunes démocraties, particulièrement celles de l’Est qui font partie de notre famille européenne au même titre que nous, simplement les circonstances, la triste aventure qu’ils ont vécue pendant si longtemps, 70 ans ou un demi-siècle, ont fait que les conditions économiques et politiques ne sont pas toujours remplies, et bien remplissons-les, travaillons aussi, n’y mettons pas l’accélération qui ne serait pas tenir compte de la réalité des choses mais créons dès maintenant l’ensemble des institutions et des moyens qui permettront à chaque Européen de désirer se retrouver dans la construction commune.
Le pacte de stabilité proposé par la France, et que l’Union européenne a fait sien, vise à prévenir des conflits nés de problèmes de frontière ou de minorités. C’est une tâche immense. Les célébrations d’aujourd’hui nous permettent d’y ajouter l’espoir. Dans cette ville, foyer intellectuel et artistique depuis si longtemps ; on dit toujours Frédéric Le Grand, et c’est juste, et il a marqué la suite des temps de sorte que cette tradition berlinoise est inscrite dans l’esprit de ses habitants et n’a pas dépendu d’un événement historique donné. Pour ceux qui s’intéressent, c’est mon cas, à l’histoire de Berlin, on retrouve très loin dans le temps cette disposition, en dépit des épreuves subies et des retours en arrière, des échecs dramatiques, on retrouve toujours cette disposition d’esprit à être ouverte sur le genre humain et à refuser les injures faites à la liberté.
Aujourd’hui comme celles des autres alliés, les forces françaises quittent Berlin, mais la France continuera d’être présente en Allemagne de plusieurs façons. Je n’y insisterai pas. Nous avons créé ensemble, d’abord Français et Allemands, mais maintenant nous sommes plus nombreux, le Corps européen. Mais il y a tant de moyens, tant de canaux par lesquels deux peuples qui s’estiment et qui ont appris à se respecter, peuvent entreprendre ensemble un chemin.
– Les Français n’ont attendu ni la guerre froide, ni sa fin pour contribuer de façon, que je crois importante, à la vie économique et sociale de cette région : Berlin, le Brandebourg, je dois dire que nous avons l’intention de continuer dans le cadre normal des institutions qui régissent chacun de nos pays. Notre engagement en faveur du redressement économique dans les nouveaux Länders, témoigne, s’il en était besoin, de notre solidarité face à cette tâche historique qu’est la réunification allemande. Vous savez, quand on racontera beaucoup plus tard l’histoire de notre siècle qui, comme tous les siècles a pris l’habitude de commencer avec un an de retard. Regardez 1715 et la mort du Roi Louis XIV en France ; 1610 et la fin de l’époque de la Renaissance, toujours en France ; 1815 et la chute de l’Empire de Napoléon Bonaparte ; 1914, la première guerre fratricide et désastreuse connue par notre continent au cours de ce siècle, eh bien, nous sommes encore dedans en 1994. Et si le siècle suivant prend le même retard, cela veut dire qu’il nous reste pas mal de travail à faire, enfin, à nous ou à nos successeurs.
– Aujourd’hui notre engagement en faveur de cette tâche, l’engagement des entreprises françaises aux côtés des pouvoirs publics, aux côtés du très ancien collège prestigieux, je crois, le Collège français, des écoles françaises qui ont accueilli aujourd’hui même leurs élèves pour la rentrée, voilà des conséquences à tirer, des leçons à prendre, des engagements à tenir. Bientôt, notre ambassade sera réinstallée à Berlin, le moment venu, sur le site historique de la Pariser Platz, là où elle s’était établie pendant plus d’un demi-siècle. Il est certain que les désastres survenus dans cette ville doivent nous engager à persévérer. Il ne s’agit pas de faire uniquement de la reconstitution historique qui est souvent bien nécessaire. Il faut aussi innover, il faut s’adapter aux lois de l’architecture, de l’imagination et de la création que dessinera le siècle prochain. Le maintien d’une forte tradition dans les endroits où elle s’est faite, je considère que c’est un devoir.
– Nous prenons aujourd’hui congé d’une époque, durant laquelle Berlin a symbolisé les divisions de l’Europe.
– Eh bien, désormais, nous nous trouvons dans une ville qui devient le symbole de la liberté retrouvée, de l’Europe réunifiée qui se construit, et qui est au fond Berlin la porteuse d’espoir pour tous les peuples épris de paix.