Le maître mot aujourd’hui des armées et du général Lecointre, chef d’état-major des armées, est effectivement la reconstruction de nos forces militaires amoindries, affaiblies suite à plusieurs quinquennats calamiteux. Je me rappellerai toujours cet entretien avec un conseiller d’Alain Richard, ministre de la défense de 1997 à 2002, hier sénateur PS aujourd’hui, sénateur LREM. L’objectif du gouvernement de l’époque était une armée européenne, avec une armée de terre de 60 000 hommes.
Il ne vous aura pas échappé que c’est bien ce qui a failli nous arriver avant que les attentats de 2015 ne changent cette « ambition ». Remarquons aussi la constance des choix politiques depuis 1997, bien souvent soutenus par des énarques (mais c’est juste mon mauvais esprit qui réapparaît… Restons positifs.
Des annonces et des réflexions dans cette période dédiée aux armées
Les ministres ont reçu leur feuille de route budgétaire pour 2020. Le président de la République tient sa promesse en augmentant fortement le budget des armées, soit 4% en 2020 et Bercy a prévu une hausse de 4,65 milliards d’euros du budget des armées sur les trois dernières années du quinquennat (Cf. Le Monde du 18 juillet 2019). Le président de la République fait donc des efforts qu’il faut saluer pour se réconcilier avec la communauté militaire.
C’est aussi l’opportunité pour les responsables des armées de s’exprimer que ce soit le général Lecointre ou la ministre des armées, Florence Parly (Cf. Le Parisien du 15 juillet 2019) Elle aussi ancienne ministre socialiste, elle évoque une « armée européenne » mais affiche donc dans ses propos une divergence avec les déclarations de l’ancienne ministre allemande de la défense (Cf. Mon billet du 28 décembre 2018, « Vous avez dit Armée européenne ? »). Compte tenu de l’activisme européen du président, n’est-ce pas une orientation qui se dessinerait peu à peu dans la continuité ?
Apprécions cependant que, 50 ans après l’alunissage sur notre satellite, la France se dote à cette date anniversaire d’un commandement de l’Espace, certes avec une vocation défensive… comme initialement la cybersécurité. Le maintien à terme d’un espace démilitarisé bien que juridiquement établi internationalement, me semble en effet bien illusoire.
Le général Lecointre pour sa part est intervenu dans le Monde sur les opérations en cours (Cf. Le Monde du 12 juillet 2019) que l’attentat de Gao de ces derniers jours a rappelé. Je retiendrais cette phrase « Nous menons des guerres dans lesquelles on ne signe pas de paix. Les actions contre les chefs de réseau, leurs logisticiens, ont pour but d’imposer une pression, qui, si elle est complétée par des offres de nature politique pour la population, permettra d’arriver à quelque chose ».
Dans le cadre d’un dossier dans Valeurs actuelles, son action est rappelée tout comme sa satisfaction des crédits pour une armée qui a besoin de se reconstruire, de remonter en puissance, de se regénérer enfin (Cf. Valeurs actuelles du 11 juillet 2019). Je ne cesserai cependant de rappeler aussi ce gâchis de l’affrontement avec le général de Villiers sur cette question budgétaire (Cf. Mon billet du 23 juillet 2017, il y a tout juste deux ans).
La vie des armées durant la période écoulée
Le général Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, cède sa place au général Burkhard (Cf. L’Opinion), croisé dans une vie antérieure, et s’engage dans une seconde vie professionnelle.
Les généraux deviennent de plus en plus des cadres de haut niveau reconnus par les grandes entreprises. Le général de Villiers a sans doute aussi contribué à cette reconnaissance par le courage dont il a fait preuve, tout comme la loyauté et le soutien apportés par les autres généraux et amiraux à sa décision de quitter ses fonctions. Notre société a besoin de plus en plus de décideurs intègres avec de hautes valeurs morales et le sens de l’engagement.
La découverte du sous-marin « Minerve » cinquante ans après sa disparition est aussi un événement qui permet aux armées et aux familles de rendre hommage à son équipage.
Pensons aussi à ce 17 juillet 2019 en Guyane. Le sergent-chef Edgar Roellinger, le caporal-chef de 1ère classe Cédric Guyot et le caporal-chef Mickaël Vandeville y sont décédés « accidentellement » alors qu’ils servaient en mission de courte durée dans le cadre de la mission « Harpie » de lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane. Ces militaires devaient détruire par explosif des sites d’orpaillage. Alors qu’ils plaçaient les charges au fond d’une galerie, ils ont été victimes d’émanations toxiques.
Mais peut-on qualifier ces décès « d’accidentels » ? Je ne le crois pas et nos forces, y compris de gendarmerie, s’épuisent dans un combat sans fin aussi bien contre l’orpaillage interdit que contre l’immigration irrégulière qui mettent en danger aussi bien l’environnement que la sécurité de la Guyane.
En revanche, peu de publicité aura été faite autour de cette enquête de l’IFOP et de la fondation Jean Jaurès, proche du parti socialiste sur le « Tropisme des militaires vers l’extrême droite » (Cf. Le Monde du 16 juillet 2019 et cf. Enquête IFOP du 15 juillet 2019). La question qui pourrait se poser, c’est pourquoi. Or, les gouvernants des années passés ont tellement voulu rendre l’Armée « civile », comment s’étonner qu’elle soit à l’image du vote de la Nation ? Par ailleurs, l’échec constant de l’autorité dans notre société conduit naturellement ceux qui ont choisi l’ordre et la discipline, qui acceptent l’autorité et veulent la voir s’exprimer avec équité mais efficacité, à se tourner vers ceux qui pourraient la représenter.
En outre, le retour d’une autorité qui pourrait s’exprimer sous une forme militaire, souhait d’ailleurs d’une partie de la population, inquiète une partie de notre classe politique. Reconnaissons qu’elle a fait ce qu’il fallait pour ne plus être représentative. De même, que la gauche ou du moins ce qu’il en reste, s’inquiète, est-ce surprenant ? Elle est tellement responsable justement depuis 1981 de la destruction des armées.
Pour conclure
Apprécions cette publicité impensable il y a encore quelques années. Unéo, la mutuelle des militaires y compris des réservistes , a communiqué sur TF1 ce 14 juillet, avec ce slogan fort : « Une mutuelle, forte, créée et gouvernée par des militaires, qui veille sur votre santé et votre avenir, fait toute la différence ». Rien de plus à ajouter.