Après l’attentat islamiste du Bataclan du 13 novembre 2015, l’une des vidéos de propagande du groupe terroriste « état islamique » exprimait sa joie en français. Un propagandiste remerciait ses « frères » : « C’est une très, très grande nouvelle, et cela fait beaucoup de bien dans notre cœur d’avoir entendu qu’ils ont fait ces frères, nos frères, et que la victoire d’Allah pour nous est proche, qu’Allah nous l’a promis, car vous êtes les coalisés et que nous sommes les musulmans, les alliés d’Allah et que et vous ne pourrez rien faire » (…).
N’oublions pas ce message de haine diffusé avec arrogance et menaçant parmi tant d’autres depuis plusieurs années. Laissons de côté toute compassion, sentiment bien souvent partagé avec une grande naïveté par une partie de nos compatriotes qui s’abritent derrière des « valeurs », le « droit » pour ne pas agir avec fermeté. Aussi, à peine plus de trois ans après le Bataclan, exprimons notre grande satisfaction aujourd’hui.
Le groupe terroriste « état islamique » n’a plus d’assise territoriale malgré ses combats désespérés, certes à la recherche du martyre, avec par exemple cette bataille finale et sans issue de Baghouz en Syrie. De nombreux chefs ou responsables terroristes ont été tués, éliminés … et non neutralisés terme que certains de nos compatriotes préfèrent utiliser par pudeur et manque de courage devant la réalité de la mort qui est donnée par nos forces armées ou par les forces de la coalition.
Ainsi le propagandiste islamiste français Fabien Clain a été tué à Baghouz le 20 février 2019 comme depuis des mois d’autres terroristes islamistes ou les planificateurs des attentats en France, les recruteurs. La guerre continue aussi dans le Sahel où d’autres chefs terroristes sont éliminés par les forces françaises.
Je reprends donc volontiers à mon compte ce message de propagande qui nous était destiné « C’est une très, très grande nouvelle, et cela fait beaucoup de bien dans notre cœur… » … de voir tous ces fanatiques tués.
Cependant que faire des terroristes islamistes faits prisonniers en Syrie… ou ailleurs ?
Cependant l’action extérieure ne suffit pas d’autant que certains de nos alliés agissent d’une manière unilatérale. Suite à l’annonce de D. Trump le 19 décembre 2018 de retirer unilatéralement de Syrie ses 2 000 « forces spéciales », malgré un léger retour en arrière avec le maintien de 10% d’entre eux, le président américain a demandé au lendemain de la conférence sur la sécurité de Munich du 15 février 2019 (Cf. Deutschland.de) aux Etats ayant des ressortissants djihadistes en détention en Syrie de les rapatrier afin de les juger. Il est vrai que D. Trump a été critiqué par ses alliés européens.
Mesure de rétorsion ou pas, D. Trump a justifié sa demande en évoquant la nécessité d’éviter de répandre le désordre en Europe puisque les prisonniers détenus par les Etats-Unis seraient alors libérés. De même, dans ce contexte, les forces kurdes assurant la garde des prisonniers ont utilisé cette situation pour solliciter un soutien notamment européen alors qu’ils sont abandonnés par les Etats-Unis notamment face à la Turquie.
Qui cela concerne-t-il ? D’abord il s’agit des combattants français dans notre cas qui auront survécu, leurs nombreuses femmes qui ne sont pas les moins fanatiques si l’on se réfère aux nombreux témoignages recueillis par les journalistes, leurs enfants enfin qui étaient appelés les « Lionceaux du califat » et dont certains ont aussi déjà été utilisés comme « bombe humaine » y compris à l’instigation de leurs mères
Aujourd’hui des associations se créent, font du lobbying par l’intermédiaire de leurs avocats pour défendre les familles des islamistes français en Syrie. Les arguments sont confondants : enfants non responsables, y compris ceux qui sont nés sur place, adolescents qui pourraient être judiciarisés en France, « il ne faut pas les laisser là-bas car ils pourraient été pris en compte par le groupe terroriste ‘état islamique' »… Bien sûr toutes les références au droit sont utilisées pour justifier ce lobbying.
Aussi, faire revenir ces extrémistes en France pour ceux qui le voudraient ? Non
La France est face à un dilemme qu’elle avait réussi à éviter même si elle s’y préparait. Sécurité versus droits de l’homme, refus de la peine de mort pour des traîtres ou des terroristes criminels, procès en France mais libération à terme une fois la peine effectuée pour ceux qui seraient condamnés… Tous ces facteurs montrent la difficulté pour une démocratie à faire face à des fanatiques qui n’abandonnent pas leurs projets mortifères et menacent idéologiquement et physiquement la société civile.
S’ajoutent ces humanistes naïfs qui n’assumeront pas les conséquences de ces retours. Il est vrai qu’évoquer les grands principes, la compassion, une rédemption possible est une approche intellectuelle et morale bien plus acceptable qu’évoquer l’élimination physique de personnes nuisibles et donc menaçantes pour la société. Pourtant que fait-on des nuisibles en général… sinon les éliminer.
La menace physique est pourtant bien là et l’attentat en prison du 5 mars 2019 à Condé-sur-Sarthe le confirme. Certes, il ne s’agit pas de l’acte d’un islamiste rapatrié mais qui peut croire qu’un islamiste ayant combattu en Syrie, aguerri, fanatique abjurera son soi-disant djihad ? Seuls les humanistes naïfs peuvent le croire. Qui peut croire que les femmes rapatriées seront moins fanatiques que leur mari ? A nouveau, l’attentat en prison du 5 mars 2019 le montre avec cette fanatique qui n’était pas emprisonnée, qui n’était pas une islamiste rapatriée.
Quel peut être aussi l’intérêt l’apport de ramener les djihadistes en France ? Certains évoquent une source éventuelle de renseignement alors que l’on peut les interroger sur place. Soyons sérieux et pas de mauvaise foi. D’autres souhaitent un procès mais quelle justice humaine serait est à la hauteur des actes inhumains de ces radicalisés. Je sais : « nos valeurs » sont essentielles mais sont-elles vraiment à mettre en confrontation avec les actes d’individus qui ne renient pas leur engagement et ne demandent pas pardon.
Quel intérêt de judiciariser ces criminels dont justement il faudra trouver les preuves à travers un long processus judiciaire comme nous savons le faire en France, avec l’obligation d’incarcérer ces « présumés innocents » dans nos prisons ? Vouloir juger les djihadistes en France est bien le symbole d’un humanisme naïf et dangereux, irresponsable alors que ces terroristes seront bien mieux « neutralisés » au Moyen-Orient. Certes, ils peuvent s’échapper, être libérés mais croyez-vous que « localement », ils ne seront pas … pris en charge ?
Enfin, sujet qui remue les consciences, que faire des enfants de djihadistes ? « Les grands-parents » souhaitent les rééduquer, ce que l’on peut comprendre mais la question de l’engagement mortifère de leurs enfants et des responsabilités se pose. Tous les parents ne sont pas toujours responsables des erreurs de leurs enfants mais n’avoir pas su préserver leurs propres enfants du djihadisme, est-ce un signe favorable laissant croire que le résultat serait meilleur avec les petits-enfants ?
Radicalisés en prison : la menace qui se précise
Environ 130 islamistes français seraient actuellement incarcérés chez les Kurdes. Les arrestations ou les éventuelles redditions concerneraient 600 à 700 individus. SI l’on rajoute les 450 radicalisés qui sortiront de prison en 2019, ne faut-il pas être inquiet et vouloir circonscrire la menace en évitant de les cumuler notamment en prison ?
La lutte contre le phénomène de radicalisation doit être considérée comme un investissement en faveur de la stabilité du pays. Or, actuellement l’administration pénitentiaire n’a tout simplement pas les moyens financiers d’ouvrir les nouveaux établissements qui seraient nécessaire. Il faudrait au moins cinq établissements, rien que pour les effectifs actuels alors que la construction d’un établissement coûte en métropole environ 80 à 90 millions d’euros, sans compter le recrutement et la formation des personnels. D’ailleurs la « pénitentiaire » a de grandes difficultés à recruter.
L’administration pénitentiaire semble dépassée à tous points de vue (financier, sécuritaire, méthodologique, RH…) comme le montre le quartier d’évaluation de la radicalisation du centre pénitentiaire de Fresnes. Il accueille les islamistes les plus dangereux mais il ne dispose quasiment d’aucune étanchéité entre radicalisés et non radicalisés. Même si elle ne l’avoue pas, l’administration pénitentiaire n’a pas les moyens de fermer ce quartier car où mettre ces radicalisés ?
Enfin le paradoxe est que ce sont désormais les surveillants de prison qui réclament de la sécurité : l’incarcération et la surveillance des radicalisés deviennent de plus en plus dangereuses. Je citerai un officier pénitentiaire qui s’est récemment confié sur ce point « L’État et la République ne remplissent pas suffisamment leur obligation de nous protéger, nous qui les servons pourtant de toutes nos forces malgré le mépris trop souvent porté à notre égard ».
Pour conclure
Les fanatiques le resteront et ne manqueront pas d’imagination pour tuer en France. Faire preuve de compassion envers ces individus qui ne renient en rien leurs convictions idéologiques et extrémistes, c’est montrer beaucoup d’aveuglement. Les quelques paroles des « combattants » du groupe terroriste « état islamique » faits prisonniers à Baghouz le confirment. Ils ne regrettent rien.
Et puis réintroduire ces combattants (es) aguerris au sein de notre société, alors qu’ils l’ont quittée volontairement, qu’ils haïssent ce que nous sommes, n’est-ce pas aussi contribuer au développement du terrorisme islamique dans notre société alors qu’une certaine forme de subversion s’installe déjà pour banaliser les formes extrêmes de l’islam ? Le dernier exemple est celui de Décathlon. Faut-il s’étonner ? Quand il y a de l’argent à gagner, une entreprise ne recule devant rien. On rapporte que Lénine aurait dit en son temps : « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons ». Les islamistes l’ont bien compris. Il serait intéressant de savoir comment a été prise la décision au sein de l’entreprise de vendre en France ce hijab pour la course à pied, symbole d’un islamisme rampant qui s’oppose à notre société et à notre de mode de vie.